« La religion et la politique en Tunisie et dans les pays d’Afrique du Nord » était le thème d’une conférence de presse organisée par SIGMA Conseil, en collaboration avec l’Observatoire Arabe des Religions et des Libertés et la Konrad-Adenauer-Stiftung. L’événement a eu lieu à l’hôtel Paris des Berges du Lac, le mardi 10 mai 2016.
Après les présentations des résultats de l’étude menée par SIGMA Conse (voir notre article), Ce fut au tour de Mohamed Hadad, le président de l’Observatoire Arabe des Religions et des Libertés, de prendre la parole afin de commenter les chiffres de SIGMA.
Mohamed Hadad : « la Tunisie est une exception »
Interrogé par Réalités Online, Mohamed Haddad a estimé qu’il existe un grand attachement à la religion dans les sociétés Arabes. Selon los chiffres, intégrer une religion passe par les rites et les pratiques religieuses. Y penser et en parler ne suffisent pas selon le professeur universitaire.
Cette conception de la religion existe encore en Tunisie et dans les autres pays de l’Afrique du Nord. Il s’agit de la pensée dominante. Ceci explique, entre autres, la volonté des personnes interrogées de séparer la politique de la religion.
Ce paradoxe est observable en Libye, reconnue, selon les sondages, pour le fort attachement de son peuple à la religion. De fait, plus de 60% des Libyens sont contre le mélange entre la politique et la religion. Mohamed Hadad explique ce refus en soulignant que la religiosité politique est différente de celle de la tradition (basée sur les cultes et les pratiques religieuses). Dans cette même optique, la société refuse le terrorisme, considérant ce phénomène comme étant exogène. Autrement dit : ses racines résident à l’extérieur de la nation.
Le cas de la Tunisie est assez particulier, selon le président de l’Observatoire Arabe des Religions et des Libertés. Il est caractérisé par une religion ouverte et moderne, garantissant la liberté de la Femme. En Tunisie, seulement 4% de la population acceptent le niqab, alors que ce chiffres est bien plus grands dans d’autres pays. « La Tunisie est le seul pays où les citoyens se considèrent musulmans et, en même temps, profondément Tunisiens », a déclaré Mohamed Hadad.
Ces éléments, d’après le professeur, expliquent également le refus de l’instauration de la charia en Tunisie, où le citoyen perçoit une certaine menace pour les libertés de la femme. « Mais attention, cela n’est pas synonyme du refus de la religion », a averti Mohamed Hadad. « A contraire : en Tunisie, il existe un lien très fort qui unit le citoyen à la religion », a-t-il conclu.
Avec Mohamed Fakhreddine Khlissa