Le vaccin  de la délivrance

Les Tunisiens n’attendaient que cela : des quantités suffisantes de vaccins pour immuniser le maximum de personnes contre le virus qui a fait des ravages cet été. L’actuelle vague, dont les récentes images de patients suffoquant aux portes des hôpitaux et les centaines de décès dénombrés chaque jour annonçaient une hécatombe, a eu raison des hésitants, des traînards et des idées reçues. Désormais, le compteur des inscrits sur la plateforme Evax.tn tourne sans arrêt et tous ceux qui ne refusent pas d’être vaccinés auront assurément leurs doses de vaccin.  Grâce à la généreuse solidarité des pays frères et amis traduite en ponts aériens acheminant des millions de doses de vaccin anti-Covid, ainsi que de l’oxygène, des équipements médicaux et des hôpitaux mobiles, une journée nationale de vaccination contre la Covid-19 a pu avoir lieu sur l’ensemble du territoire.

 Le 8 août 2021 aura été une journée historique : en l’intervalle de 12 heures, 551008 personnes de plus de 40 ans ont reçu leur première dose. Un record absolu, un défi relevé haut la main, comme savent le faire les Tunisiens quand ils sont unis pour un seul objectif. Le défi était cette fois de vaincre la pandémie pour gagner le pari de la vie et le retour de l’activité économique. Ces primo-vaccinés recevront leur deuxième dose le 29 août courant. En attendant, une deuxième journée nationale de vaccination contre la Covid-19 a été programmée pour le 15 août, destinée à la tranche d’âge 18-39 ans.
Depuis que le président de la République a annoncé les décisions exceptionnelles du 25 juillet 2021, le rythme de la vaccination s’est accéléré et la stratégie renforcée avec des campagnes de vaccination sectorielles organisées par les entreprises économiques en coordination avec le ministère de la Santé. Les étudiants, les collégiens et les lycéens ne sont pas en reste, les ministères de tutelle se sont dotés d’une plateforme d’inscription spécifique  dans le but d’assurer une rentrée scolaire et universitaire sûre et de se préparer à une éventuelle nouvelle vague en automne prochain.

 Un gage de confiance
Le dimanche 8 août 2021 ressemblait à une journée électorale festive où les files interminables des électeurs devant les bureaux de vote traduisent la confiance du peuple dans ses futurs dirigeants et ses espoirs pour des lendemains meilleurs. Les Tunisiens ont afflué ce dimanche 8 août parce qu’ils ont renoué avec la confiance dans les institutions de l’Etat après le 25 juillet 2021. Le président Kaïs Saïed a mis fin au cirque qu’est devenu le Parlement, à la fuite en avant de ceux qui détiennent les pouvoirs exécutif, législatif, judiciaire et médiatique, et aux alliances  gouvernementales avec à leur tête Ennahdha qui assume aux yeux des Tunisiens la responsabilité de la décennie noire (2011-2021), celle de la spoliation et de la ruine du pays. Ils sont responsables mais ne comptaient pas abdiquer ni reconnaître leurs responsabilités dans la dégradation de la situation générale.
Pour les Tunisiens, l’après-25 juillet est une ère nouvelle sans les islamistes au pouvoir, sans les députés qui les défient et défient l’Etat et ses institutions, sans une classe politique qu’ils ne respectent plus, en laquelle ils ne croient plus et qu’ils ne veulent plus voir sur les écrans des télévisions ni entendre sur les ondes des radios. La rupture est telle qu’ils ont reçu avec l’hymne national les camions de l’Armée qui transportaient des soldats dépêchés devant l’ARP l’après-midi du 25 juillet, jour anniversaire de la République, pour fermer les portes du Parlement devant les députés d’Ennahdha venus «casser» les décisions du chef de l’Etat prises en vertu de l’article 80 de la Constitution de 2014. Oui, les Tunisiens sont contents de voir l’Armée prendre en main la sécurité du pays, le respect de l’application des décisions de Kaïs Saïed et même de se faire vacciner par du personnel soignant relevant de la santé militaire.
Les crises politiques successives et les bilans désastreux de tous les gouvernements qui se sont succédé depuis 2011 ont décrédibilisé l’ensemble de la classe politique, même les partis qui ne sont pas représentés au Parlement. Les citoyens ont été témoins et victimes des bras de fer au sommet de l’Etat, des chantages autour des nominations dans les postes clés de la fonction publique et de l’Etat, du tourisme partisan à l’ARP, de l’hégémonie des lobbys et de la gangrène de la corruption. Le seul responsable politique à bénéficier encore de la confiance de la majorité des Tunisiens depuis son élection en 2019 est Kaïs Saïed. Il représente aujourd’hui leur seul recours pour que justice soit rendue, pour que ceux qui ont nui à la Tunisie paient leurs forfaits. Kaïs Saïed le leur a promis, il n’a pas droit à l’erreur ni à faire marche arrière.
Les Tunisiens exigent la reddition des comptes avant la reprise des travaux de l’ARP. Après le 25 juillet, le règne d’Ennahdha est terminé, l’impunité n’a plus droit de cité. Les bonnes nouvelles commencent à tomber, pas avec l’intensité que les Tunisiens souhaitent, mais la qualité et l’importance des affaires y sont.  Arrestations, assignation à résidence, convocations devant des juges d’instruction, interdictions de voyage… Ministres, élus et hauts fonctionnaires sont pris dans les filets de la justice. Il reste au pôle judiciaire et financier et celui chargé des affaires de terrorisme de travailler en coordination pour que les affaires soient menées à terme dans des délais raisonnables.
Les attentes des Tunisiens ne s’arrêtent pas là. L’équipe qui prendra ses quartiers à la Kasbah retient toute leur attention, d’autant que le président Kaïs Saïed n’a encore fait aucune annonce alors qu’est entamée la troisième semaine du délai d’un mois qu’il s’est donné. Ce qui laisse supposer que Kaïs Saïed compte prolonger la période de grâce exceptionnelle, qui lui permet de cumuler tous les pouvoirs et de concrétiser son plan ou programme dont les Tunisiens ignorent le moindre indice ou détail. Ce qui prouve le capital-confiance dont bénéficie Kaïs Saïed, sans pour autant être un chèque à blanc.
Les Tunisiens sont attachés à leurs libertés acquises et ne sont pas prêts à les négocier avec quelque président que ce soit.

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