La semaine dernière, le Professeur Hechmi Louzir, Directeur de l’Institut Pasteur de Tunis, annonçait à l’agence Tunis Afrique Presse, que l’institut avait obtenu le brevet d’invention d’un vaccin contre la leishmaniose. Même si le lendemain des précisions ont été apportées disant qu’en fait le vaccin en était encore à un stade préliminaire, il faut savoir que le vaccin ( à usage humain) contre la Leishmaniose est bel et bien en voie de production et sera tunisien. Cela a été annoncé à plusieurs reprises lors de nombreuses rencontres scientifiques, chaque fois qu’il a été question de traiter du sujet de la leishmaniose.
Une maladie très grave
Les leishmanioses cutanées provoquent l’apparition d’ulcérations au niveau du visage, «le clou de Gafsa». Ce sont des lésions indolores, mais très inesthétiques, handicapant la vie sociale du patient. «Lla leishmaniose cutanée a des effets qui perdurent. Pour de nombreux patients les cicatrices génèrent une stigmatisation sociale très prolongée au travail ou à l’école. L’impact négatif est particulièrement marqué pour les femmes et les jeunes enfants» avait déclaré le Professeur Hechmi Louzir.
Les leishmanioses viscérales sont très graves, elles touchent des jeunes enfants dans 90% des cas. Elles provoquent le fameux «Kala-azar», maladie grave avec anémie très importante et augmentation importante de la taille de la rate. En Tunisie, 8% des enfants atteints de Kala azar décèdent.
L’IPT : une grande expertise dans le domaine de la leishmaniose
La Tunisie est fortement impliquée dans la recherche d’un vaccin à usage humain contre la leishmaniose. L’IPT (Institut Pasteur de Tunis) est mondialement reconnu pour son expertise dans le domaine des leishmanioses. L’IPT est un centre collaborateur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour la recherche et la formation sur les leishmanioses. Trois laboratoires de recherche travaillent sur cette maladie dans les domaines de l’épidémiologie, de l’immunologie et de la biologie moléculaire dans le cadre de projets de recherche financés par des agences internationales. L’IPT accueille un centre de recherche en médecine tropicale dans le domaine des leishmanioses financé par les instituts de santé américains (NIH) et détient également plusieurs technologies brevetées licenciables dans le domaine des leishmanioses.
En 2013, un partenariat de recherche entre la Tunisie, la France et les États-Unis a permis de mettre au point une crème composée de deux antibiotiques qui a donné un taux de guérison élevé, avec peu d’effets secondaires, sur les leishmanioses cutanées.
… De la patience, encore !
Revenant sur la déclaration du Dr Louzir à propos du vaccin contre la leishmaniose, l’IPT précise que «Depuis l’année 2000, il a déposé six brevets concernant cette maladie. Les chercheurs de l’IPT collaborent également à des projets de recherche internationaux ayant pour objet les leishmanioses. Certains de ses projets ont pour objectif le développement d’un vaccin préventif à usage humain. Les études de faisabilité, d’identification des cibles antigéniques ainsi que des études pré-cliniques ont été réalisées. Il faut encore assurer les différentes phases cliniques avant la production et l’éventuelle commercialisation du vaccin». Ces informations ne font que confirmer ce que nous savons déjà, soit que la production du vaccin est bel et bien en route, même s’il faut patienter encore pour sa commercialisation. On peut comprendre que l’IPT ait envie de plus de discrétion, car une telle invention mériterait une grande, la plus grande même, distinction médicale.
Samira Rekik