Le variant Delta est-il plus dangereux pour les enfants ?

Le Covid-19 touchera-t-il plus d’enfants que d’adultes ces prochains mois ? Les récentes prévisions de l’Institut Pasteur se veulent alarmantes : les chercheurs estiment qu’en septembre, moment où la quatrième vague devrait atteindre son pic, les mineurs représenteront 50% des contaminations en France. Dans un scénario où on compterait 100 000 contaminations par jour, et où seulement 30% des 12-17 ans seraient vaccinés, le Covid-19 toucherait ainsi 50 0000 adolescents et enfants chaque jour.
Au centre de ces inquiétudes, le variant Delta, présent dans 132 pays du monde. Devenue majoritaire en France en juillet, selon Santé Publique France, et dépassant ainsi les prévisions des épidémiologistes, cette mutation est dotée d’une charge virale plus puissante que ses prédécesseurs.
* »Le pire cauchemar des infectiologues »
Le docteur Mark Kline, pédiatre et chef de service à l’hôpital pour enfants en Nouvelle-Orléans, se montre lui aussi alarmant : « Depuis 35 ans que j’étudie les maladies infectieuses à travers le monde […] je n’ai jamais été aussi inquiet pour nos enfants qu’aujourd’hui », a-t-il témoigné, qualifiant le variant Delta de « pire cauchemar des infectiologues ». « Beaucoup d’hôpitaux pour enfants sont déjà bien remplis l’hiver avec des virus ou pathologies respiratoires déjà existants. Si l’on rajoute le Covid-19, il y aura un gros problème quant aux capacités des hôpitaux », a également souligné le docteur Evan Anderson, pédiatre à l’hôpital pour enfants d’Atlanta, à la chaîne américaine NBC.
L’infectiologue à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches, Benjamin Davido, exprimait récemment lui aussi ses inquiétudes à L’Express : « On ne peut plus dire que dans 99,1% des cas il ne se passera rien pour les personnes jeunes. »
*Le taux de vaccination le plus faible
« Le variant Delta du Covid-19 ne s’en prend pas spécifiquement aux enfants, contrairement à ce que suggèrent certaines hypothèses », soulignait pourtant la semaine dernière l’Organisation mondiale de la Santé, faisant état d’un taux d’infection accru « dans toutes les tranches d’âges ». « Je serai très claire : nous ne constatons pas que le variant Delta prend pour cible spécifiquement les enfants », soulignait au cours d’une conférence de presse l’experte américaine Maria Van Kerkhove, la directrice de l’équipe technique Covid-19.
Reste que le taux de vaccination extrêmement bas fait d’eux une porte d’entrée pour le virus : 7,1% des 0-17 sont complètement vaccinés, et 15,3% partiellement, selon les données de CovidTracker. A titre de comparaison, 89,4% des 65-74 ans ont reçu au moins une dose de vaccin. « Deux facteurs renforcent aujourd’hui leur fragilité : la contagiosité accrue du variant Delta ; et la vaccination des classes d’âge plus âgées, mieux vaccinées qu’eux, qui accroît de ce fait la pression du virus sur eux », note la politiste Mélanie Heard dans une tribune publiée dans Le Monde.
*Taux d’incidence et formes graves
Plusieurs données peuvent malgré tout rassurer. Tout d’abord, le taux d’incidence. Concernant cette tranche d’âge, ce dernier demeure pour l’instant plus faible que lors des vagues précédentes : il est de 214 cas pour 100 000 personnes de 0 à 19 ans, selon les données de Santé Publique France. C’est relativement moins qu’en avril (356) et février (276), même si le pic de la quatrième vague n’est pas encore atteint.
Ensuite, cette tranche d’âge est relativement peu exposée aux formes graves : au 5 août, 52 enfants âgés de 0 à 9 ans étaient hospitalisés pour Covid-19 en France et 62 âgés de 10 à 19 ans, sur 8210 au total, soit respectivement 0,63% et 0,76%, alors que les moins de 19 ans représentent 23,9% de la population française.
Une étude publiée le 3 août dans la revue scientifique Lancet Child & Adolescent Health veut aussi rassurer sur les Covid longs qui pourraient toucher les enfants. Sur 1734 enfants positifs au Covid avec des symptômes, la durée moyenne de la maladie est de six jours. Seuls 25 d’entre eux (1,8%) seraient concernés par un « Covid long » (56 jours).
*Passe sanitaire fin septembre
Initialement prévue le 30 août, la mise en place du passe sanitaire pour les 12-17 ans a finalement été reportée au 30 septembre. A partir de cette date, les adolescents devront être vaccinés ou avoir réalisé un test pour se rendre dans les centres commerciaux, au restaurant ou au cinéma.
Le gouvernement a relativement peu communiqué sur la vaccination des plus jeunes. Depuis le 15 juin, les enfants à partir de 12 ans peuvent se faire vacciner sur la base du volontariat et avec l’accord des parents.
Dans un avis publié le 16 juillet, la Haute Autorité de santé en France a quant à elle défendu le principe de la vaccination obligatoire contre le Covid-19, avec une extension possible à l’ensemble de la population.
(L’Express)

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