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Des études suggèrent que le coronavirus responsable du Covid-19 peut se transmettre par l’intermédiaire de surfaces surgelées. Mais il est peu probable que ce soit ainsi que la pandémie a démarré.
Plus d’un an après que le Covid-19 – qui a provoqué plus de 2,5 millions de décès à travers le monde – est apparu, on ignore toujours comment le coronavirus Sars-CoV-2 qui en est responsable a émergé et s’est répandu parmi les humains. L’idée qu’il se serait propagé à partir d’animaux infectés congelés prend de l’ampleur, en particulier en Chine où l’épidémie a démarré.
Cette hypothèse n’a pas été balayée par l’équipe internationale mandatée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui s’est rendue dans le pays en janvier. L’équipe a même affirmé qu’elle ferait l’objet de recherches complémentaires. Pour autant, lors de la conférence de presse du 9 février, les enquêteurs ont déclaré qu’il était “peu probable que la pandémie ait été déclenchée [de cette manière]”, rappelle Nature. Pour eux, le virus provient plus probablement de chauves-souris et aurait été transmis à l’homme par un autre animal vivant qui aurait servi d’hôte intermédiaire.
Trois études conduites par des scientifiques en Chine – dont une n’est jamais passée par un comité d’évaluation – et citées par Nature montrent que le virus a pu survivre des semaines sur des surfaces gelées, de la viande réfrigérée, et a été repéré sur un emballage de morue congelée importée, qui aurait été à l’origine d’un nouveau foyer épidémique. À la suite de quoi, depuis novembre, les autorités chinoises ont rendu obligatoire la désinfection des produits surgelés venus de l’extérieur pour empêcher la transmission de surface.
*Un leurre pour détourner les critiques
“Pour de nombreux scientifiques hors de Chine cependant, cette théorie dite de la ‘chaîne du froid’ ne serait, dans l’ensemble des recherches menées sur les origines de la pandémie, guère plus qu’un leurre destiné à détourner les critiques”, fait savoir Nature. La plupart des animaux sauvages commercialisés en Chine sont vivants, font remarquer des experts.
“Quand on rassemble en un seul endroit toutes ces espèces d’ordinaire disséminées dans la nature, on augmente le risque de voir incuber un tout nouveau virus”, rappelle Qiuhong Wang, virologue à l’université d’État de l’Ohio. En outre, ces bêtes qu’on retrouve sur les marchés arrivent rarement directement de l’endroit où elles ont été capturées. Le plus souvent, elles viennent de fermes en Chine où elles sont élevées.
Pour Dominic Dwyer, virologue au New South Wales Health Pathology de Sydney, il serait donc intéressant de voir si les personnes travaillant dans ces fermes qui ont fourni le marché de Wuhan possèdent des anticorps montrant qu’elles ont été en contact avec le virus Sars-CoV-2. “Voilà un élément qui sera vraiment fondamental pour déterminer l’origine première de la pandémie”, assure-t-il à Nature.
Le rapport de l’OMS annoncé lors de la conférence de presse de février devrait être rendu public cette semaine. Il permettra de connaître avec plus de précision les données sur lesquelles l’équipe s’appuie pour considérer les différentes hypothèses avancées, mais il est peu probable qu’il apporte des conclusions définitives sur l’origine de la pandémie.
(Courrier International)