En Tunisie, le travail de l’Instance Vérité dignité (IVD) a plus d’une fois suscité la polémique, et ce notamment à cause de sa présidente controversée Sihem Ben Sedrine. Celle-ci a été accusée, à plusieurs reprises, d’enfreindre la loi, défiant même le Tribunal Administratif. Qu’en pense la presse étrangère ?
La chercheuse Laryssa Chomiak s’est penchée sur le travail de l’IVD dans un article publié sur le Washington Post. Elle a affirmé que l’Instance fait face à une obstruction de la part du gouvernement et à un manque de collaboration volontaire.
L’Exécutif (gouvernement et présidence de la République), poursuit la chercheuse, a négligé l’IVD, « Le peuple tunisien a besoin de tourner la page au lieu d’encourager la culture de la vengeance », écrit-elle dans le Washington Post.
La chercheuse estime également que le parti Ennahdha s’est désengagé de l’IVD, alors qu’il lui avait apporté son soutien au départ. Il ne s’agit pas de toutes les raisons de l’échec de l’IVD. D’après la même source, l’Instance a été incapable de faire « toute la lumière sur les mécanismes de répression des anciens régimes ». Il existe, selon Laryssa Chomiak, deux types de violences exercées par les anciens régimes : individuelle et structurelle.
Les violences individuelles touchent les citoyens et les opposants politiques et idéologiques. Pour leur part, les violences structurelles sont exercées par les structures et les institutions de l’État : une sorte de punition collective contre un groupe de personne ou une région.
La mission de l’IVD, poursuit la chercheuse, était vouée à l’échec dès le départ. La raison est simple selon elle : la disproportion entre le poids de la mission et les moyens et le temps accordés à l’Instance pour finaliser ses tâches.
L’IVD a néanmoins pu avancer sur les questions de la violence structurelle selon le journal américain. En effet, l’Instance a « courageusement disséqué » les mécanismes de répression, et ce grâce, notamment, aux témoignages des victimes. Néanmoins, c’était insuffisant selon le journal compte tenu du temps et des moyens limités.
D’autre part, le Washington Post considère que la justice transitionnelle se « perpétue » par le biais de plusieurs initiatives citoyennes, et ce malgré la fin de la mission de l’IVD.