Leçon donnée par le séisme déchaîné

A l’heure atroce de l’apocalypse now, sismologues et anthropologues observent dans leurs domaines respectifs le même scénario. Pour une part illusoire, la stabilité rassurante évacue les territoires envahis soudain par une dynamique effarante.
Au moment révolutionnaire, la poussée contestataire monte à l’assaut de la croûte figée sur laquelle reposent l’humanité, ses codifications et son espace habité. A ce moment démiurgique, où le dynamique subvertit le statique, les nouveaux dirigeants déchirent l’ancienne constitution.
Ainsi, au cas où le sinistre duo Abou Iyadh-Ghannouchi aurait gravi les marches du palais, il aurait immolé le CSP sur l’autel de sa foi vouée à la charia. Mais, sans tout chambouler, des tenants de l’autorité ferment parfois l’œil à moitié quand le prescrit leur intérêt bien compris, à la barbe des lois sacralisées jusque-là. Pris d’amnésie, comme par magie, Trump oublie l’affaire Khashoggi.
A son tour, Salmane d’Arabie accueille Ronaldo et Georgina, couple non marié, là où la charia ne l’admet pas. Comme la terre nous ressemble, tant une même dialectique régit le tellurique et l’anthropologique ! 
Dans l’un et l’autre cas, l’invariant n’existe pas.
Dans ces conditions aléatoires et provisoires, il faut être un constitutionnaliste quelque peu gaga pour absolutiser le droit.
Marcel Mauss le savait, lui qui écrivait : « Les tabous sont faits pour être violés », « Wa idha 3açaytom fastatirou ».
Aujourd’hui, certains commentateurs, plus ou moins chervronnés, proposent de remanier la Constitution du grand timonier. L’égalité successorale devrait figurer dans la nouvelle panacée. Mais alors, que dire de Napoléon et de son Code civil où l’article 1125 stipule cette muflerie infinie de la misogynie : « Les personnes privées de droits juridiques sont les mineurs, les femmes mariées, les criminels et les débiles mentaux ».
A ce propos, l’exclusion des femmes afghanes montre hélas, qu’avec le temps, tout ne s’en va pas, n’en déplaise à la pensée chantée par Léo Ferré.
Revenons, sans d’ailleurs l’avoir quitté, au séisme et à sa leçon donnée. Au gré des plaques souterraines, il frappe tantôt ici, tantôt là, mais le magma en fusion, ce titan, potentialise partout, le retour de l’être au néant. Car, sous la terre nourricière opère une terre meurtrière.
Cependant, « à quelque chose malheur est bon », dit-on, car le hasard ajoute son grain de miel à l’histoire. Par des canaux collatéraux, le séisme assène un coup de marteau sur la caboche pervertie de Moncef Marzouki. Celui-ci, marionnette au bout du fil tenu par Ghannouchi, brise en guise de « président », les relations établies avec la Syrie. L’antique dirigeant de la LTDH justifie sa décision infâme par de bizarres Droits de l’Homme. Ce genre d’entourloupe inspire à Henri Lefevre cette formulation profonde : « Sous couvert du sublime et du surhumain, tout l’inhumain passe en contrebande ». 
Aujourd’hui, la contribution aux secours favorise la consolidation de la relation tuniso-syrienne, gâchée par la stupidité marzoukienne. Et la réanimation des relations libère le passage d’informations aptes à mieux circonstancier le gâchis commis par la bande à Ghannouchi.
Celle-ci, de plus en plus menacée, réagit avec moins de sagacité.
Maintenant, dès l’instant où la choura orchestra une chouha pour fustiger une « arrestation arbitraire », elle fournit à l’adversité la preuve de sa culpabilité.
Soudain, elle ôte au coupable son habillage de présumé coupable. 

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