Le coup d’envoi de la première édition du Forum Convergences Tunisie “ESS’Ploration” a été donné mercredi 9 mai 2018 à Beit El Hekma à Carthage Dermerch, en présence de patrons de PME, d’acteurs de la société civile et également de Patrice Bergamini, ambassadeur de l’Union Européenne en Tunisie, et de Pierre Bérégovoy, directeur général de l’UBCI.
Une plateforme de dialogue et de plaidoyer
Placé sous le thème « Zéro exclusion, Zéro carbone et Zéro pauvreté« , l’événement est axé sur le rôle de l’économie sociale solidaire en Tunisie et la manière de l’enraciner dans le tissu économique. Cette première édition constitue une occasion de réunir les acteurs des secteurs privé et public autour de ce concept, pour ainsi créer des partenariats autour du développement durable.
Il s’agit, en fait, de créer une plateforme de dialogue et et de plaidoyer visant à concrétiser les objectifs précités du Forum. La Tunisie a donc été choisie pour la première fois afin d’abriter la première édition du Forum Convergences, étant donné que l’économie sociale solidaire commence à apparaître sur la scène nationale. La journée de ce mercredi vise, de ce fait, à aider les différents intervenants à trouver les financements adéquats et l’appui nécessaire pour leurs projets d’économie sociale solidaire.
« La nécessité de redistribuer anonymement la richesse nationale »
« Karl Marx a dit qu’il faut mettre sa compétence à la disposition du besoin de chacun. C’est une belle philosophie et c’est ce qui est en jeu, aujourd’hui, en Tunisie », a commencé par dire Patrice Bergamini, ambassadeur de l’Union Européenne en Tunisie. Le thème du Forum, axé sur les trois zéros, souligne plusieurs paradoxes.
Zéro Carbone, selon le diplomate, reflète la problématique énergétique en Tunisie. Il reste encore du pain sur la planche pour les énergie renouvelables en Tunisie. « Il y a du retard malgré les efforts réalisés, comme en témoigne le déficit énergétique du pays », a-t-il souligné.
Concernant l’exclusion, le diplomate français rappelle que cette pratique est rejetée en méditerranée. « Le refus de l’exclusion est ancré dans le code génétique méditerranéen. Pourtant, c’est un mal qui existe non seulement en Tunisie mais ailleurs« , a-t-il noté.
La pauvreté, pour sa part, existe en Tunisie, et d’après Patrice Bergamini, c’est le cas depuis le régime de l’ancien président de la République, Zine Abidine Ben Ali. « Il y a le mensonge de Ben Ali dont il faut parler, et je pèse mes mots : la Tunisie de Ben Ali avait des comptes publics équilibrés, certes, mais elle était un pays pauvre. Or, le régime cultivait l’idée selon laquelle la Tunisie était riche. La réalité, c’est que c’est un pays appauvri par les années de dictature. Les difficultés de la transition actuelle sont là, et elles sont liées à l’état des lieux laissé par Ben Ali », a-t-il expliqué.
L’ambassadeur de l’Union Européenne a insisté, dans ce contexte, sur la nécessité du travail collectif, soulignant, aussi, l’importance de protéger la démocratie tunisienne. « Le pays est la seule démocratie dans une région pleine de turbulences. Il faut donc la consolider. Ce système, doit être basé sur une administration efficace, des élections démocratiques et la redistribution anonyme de la richesse nationale sans distinction de couleur de peau, d’appartenance politique, religieuse ou autre », a-t-il encore soutenu.
L’économie sociale solidaire : le rôle des banques
Egalement présent lors du coup d’envoi du Premier Forum Convergences Tunisie “ESS’Ploration”, Pierre Bérégovoy, directeur général de l’UBCI, a souligné le poids essentiel de l’économie sociale solidaire dans le tissu économique. « On ne peut pas exclure les banques de l’entrepreneuriat social », a-t-il dit.
L’UBCI et BNP Paribas, mènent une stratégie à caractère social et environnemental. « Ce n’est pas par vocation, mais c’est surtout par raison que l’on s’y investit. Cela fait des années que BNP Paribas et l’UBCI considèrent que les défis majeurs, à l’instar du dérèglement climatique et le vieillissement de la population, pèsent sur la sérénité de notre monde », a-t-il assuré.
Devant ce constat, Pierre Bérégovoy a insisté sur la nécessité de s’engager dans un développement plus durable. Chacun, selon le directeur général de l’UBCI, a une responsabilité civile, environnementale et sociale à assumer. « Est-ce que cela fait de nous une entreprise sociale ? Je ne le pense pas, mais nous sommes une entreprise socialement responsable qui a un impact sur son environnement. En Guinée, nous avons soutenu les micro-financements qui représentent une porte d’entrée pour l’économie sociale solidaire. La même stratégie a été développée en Tunisie. D’ailleurs, une bonne trentaine de millions de dinars est consacrée à la micro-finance. Dans le monde, notre objectif pour 2018 est de permettre à 350 000 personnes de bénéficier des micro-financements », a encore déclaré Pierre Bérégovoy.