Écrivain et homme de théâtre, René de Obaldia est mort jeudi 27 janvier à l’âge de 103 ans, a confirmé l’Agence France-Presse. « Chers lecteurs, je vais bientôt me quitter », avait annoncé le doyen de l’Académie française en 2017 dans Perles de vie (Grasset).
Interrogée sur la mort de son doyen, annoncée d’abord par L’Obs puis Le Figaro, l’institution gardienne de la langue française a ajouté ne pas en connaître les circonstances. Né à Hongkong en 1918, René de Obaldia a été élu à l’Académie française en juin 1999, succédant ainsi à Julien Green. Il est devenu le deuxième académicien à atteindre l’âge symbolique de 100 ans, après Claude Lévi-Strauss. Pour l’ensemble de son œuvre, René de Obaldia a reçu le grand prix de poésie Pierrette-Micheloud en 2008.
*L’un des dramaturges les plus joués dans le monde
Ce fils d’une Française et d’un Panaméen, diplomate dans la cité sous contrôle britannique, avait grandi à Amiens, dans la région de sa mère, puis à Paris, où il avait très tôt démontré ses aptitudes littéraires. En soixante ans de carrière, cet ami de Roland Barthes et Clara Malraux est devenu l’un des dramaturges les plus joués dans le monde, traduit en près de trente langues. Officier de la Légion d’honneur, l’auteur du recueil Innocentines avait cessé d’écrire à la mort de sa seconde épouse Diane en 2012, à l’âge de 80 ans
Prisonnier pendant la Seconde Guerre mondiale, René de Obaldia devient ensuite un écrivain touche-à-tout, d’un humour mordant, cultivant le détachement. « J’ai toujours eu en moi ce côté dérisoire, qui m’a permis de mettre certaines choses à distance », déclarait-il à L’Express en 2009. En 1959, par exemple, il publie Le Centenaire, long monologue romanesque d’un vieillard qui ressasse une multitude de souvenirs. Son œuvre théâtrale lui vaut une renommée mondiale, avec des pièces comme Du vent dans les branches de sassafras, Monsieur Klebset Rozalie ou La Rue Obaldia. Dans son introduction à Perles de vie, il se félicitait d’une « existence riche en métamorphoses : poèmes, romans, théâtre, mémoires ».
(Le Point, avec AFP)