Les résultats préliminaires des élections ont tardé à être annoncés par l’ISIE. Pourtant l’organisme de gestion électorale avait mis en place un système de remontée des données vers un système central par le biais de la technique USSD (échange de données par téléphone portable, tel que le numéro *195* mis en place par l’ISIE). Après la fin de la rédaction des procès-verbaux, chaque président de bureau de vote devait envoyer, grâce à son GSM, les résultats obtenus par les différentes listes candidates. L’ISIE déclare officieusement que seulement 70% des résultats ont ainsi été obtenues avant la fin de la journée du dimanche ce qui enlève tout intérêt à l’opération. Des ajustements doivent impérativement être entrepris pour obtenir pour les prochaines échéances présidentielles du 23 novembre une remontée totale et fiable des résultats.
À défaut de l’efficacité du système mis en place, l’ISIE avait légalement à sa disposition un délai déterminé par l’article 144 de la loi électorale qui dispose que «l’Instance procède à l’annonce des résultats préliminaires des élections et du référendum dans un délai n’excédant pas les trois premiers jours après le jour du scrutin et la fin du dépouillement. Les résultats sont affichés dans les sièges de l’Instance et sur son site Internet, accompagnés des copies des procès-verbaux des opérations de dépouillement et des décisions rectificatives prises par l’Instance.»
Pour pousser plus loin les analyses, on attendra la publication sous une forme exploitable — comme un fichier Excel — des résultats par bureau de vote. Cette mise à disposition affirmera et consolidera la transparence de l’opération et développera la confiance en l’ISIE et dans le processus par les acteurs politiques et de la société civile aussi bien nationale qu’internationale.
Les résultats annoncés par l’ISIE se présentent comme suit :
Formations |
Sièges |
% |
Nidaa |
85 |
39,17 |
Ennahdha |
69 |
31,80 |
UPL |
16 |
7,37 |
Front populaire |
15 |
6,91 |
Afek |
8 |
3,69 |
CPR |
4 |
1,84 |
Moubadara |
3 |
1,38 |
Courant démocratique |
3 |
1,38 |
Mouvement du peuple |
3 |
1,38 |
Mahaba |
2 |
0,92 |
Jomhouri |
1 |
0,46 |
Alliance démocratique |
1 |
0,46 |
Jabhawatanialilinkadh |
1 |
0,46 |
MDS |
1 |
0,46 |
Ettakatol |
1 |
0,46 |
Voix des agriculteurs |
1 |
0,46 |
Nidaa tunisien à l’étranger |
1 |
0,46 |
MajdJerid |
1 |
0,46 |
Rad el iitibar |
1 |
0,46 |
Total |
217 |
100 |
Les données chiffrées et la représentation graphique des nombres de sièges nous permettent de faire ressortir les éléments suivants :
- Absence d’émergence d’une majorité absolue au profit d’une formation qui aurait permis de gouverner sereinement comme c’est le cas des régimes bipartisans, bipolaires à l’image des États-Unis, de la Grande-Bretagne ou de la France, régimes fondés sur le principe de l’alternance au pouvoir.
- Deux formations confirment leurs positions à la tête du paysage politique : Nidaa et Ennahdha. Ces deux partis se suivent avec un faible écart de 16 sièges qui équivalent à 7% seulement du nombre des sièges de l’Assemblée. Cette disposition fera évoluer le paysage politique vers la bipolarisation, condition idoine pour l’instauration de la démocratie.
- Cette configuration permet de constituer une majorité détentrice des 109 sièges nécessaires pour pouvoir obtenir le vote de confiance de l’Assemblée et faire passer les projets de lois ordinaires. Cette coalition permet de réunir dans une majorité stable les députés de Nidaa, ceux du Front populaire et d’Afek qui totaliserait 108 sièges. On devra recourir à quelques indépendants pour dépasser la barre des 50% plus un siège.
- Les résultats permettent de déterminer, conformément à l’article 89 de la Constitution, le parti majoritaire qui aura en charge de choisir le chef du gouvernement. Car le «président de la République charge le candidat du parti politique (…) ayant obtenu le plus grand nombre de sièges au sein de l’Assemblée des représentants du peuple, de former le gouvernement dans un délai d’un mois.»
C.G