Ambassadrice palestinienne dans plusieurs pays du monde depuis 25 ans, Leila Shahid a déclaré prendre sa retraite durant une interview accordée au journal belge Lesoir.be.
« je pense que j’arrive réellement à un moment où j’ai le sentiment que je ne peux pas en faire plus, sur le plan diplomatique. Ce serait refaire du même et je n’ai plus la même motivation dans ce secteur diplomatique. J’ai envie de faire plein d’autres choses que je n’avais pas la possibilité de faire pendant que j’étais ambassadeur, je dirais plus dans le domaine culturel, artistique, social et politique, mais plutôt avec la société civile, en Palestine et dans la diaspora ». a déclaré la diplomate de 65 ans.
Ayant refusé le poste d’ambassadeur de la Palestine aux USA pour choisir celui d’ambassadrice palestinienne à Bruxelles auprès de l’union européenne qu’elle a occupée pendant dix ans, Leila Shahid explique « qu’à l’époque c’était George W. Bush qui était président des Etats-Unis, on était en pleine guerre en Irak et je trouvais que cela eût été malhonnête d’aller dans un pays où je considérais que le président devait passer devant un tribunal pénal international pour crimes de guerre! » avant d’ajouter « J’ai bien réfléchi et j’ai choisi l’Union européenne, parce que j’y crois. Je crois en son avenir »
Même si la native de Beyrouth crois en l’avenir de l’Europe, elle trouve quand même que « le mécanisme de ses fonctionnements institutionnels a encore besoin de beaucoup d’amélioration ». pour elle, « l’Europe reste un projet en devenir, où le débat de fond fait défaut, sauf au Parlement européen.Ce qui m’a agacée profondément c’est l’absence de vote au Conseil : tout se fait par consensus, que ce soit au Conseil ou au Parlement ».
« l’Europe va devoir décider qu’elle ne peut pas continuer à fonctionner par consensus parce que c’est quelquefois le meilleur alibi pour ne pas prendre les décisions nécessaires. Et l’Europe est devant des défis historiques face à ses peuples et face à sa propre histoire ». poursuit-elle.
« Je pars très heureuse des relations établies avec les sociétés civiles en Europe, et en particulier en Belgique, au Luxembourg et en France. Mais je garde une profonde déception, et surtout une profonde douleur que durant ces 25 ans au lieu de voir le sort de mon peuple s’améliorer, autant sous occupation que dans les camps de réfugiés, je constate que sa situation est plus tragique que jamais ». Conclut-elle.
Leila Shahid prend donc sa retraite sans regrets personnels mais avec beaucoup d’amertumes et de colère concernant la situation en Palestine.
Alexis Ibohn