L’ambiance a été houleuse dans la soirée du jeudi 20 juillet 2017, pendant la séance plénière consacrée à l’audition du gouvernement d’union nationale. Comme prévu, les critiques ont été nombreuses à l’égard de Youssef Chahed et de son équipe. On se souviendra surtout du violent échange entre la députée d’Al Horra, Leila Chettaoui, et Mohamed Frikha, élu Ennahdha, à propos de Syphax Airlines.
Chettaoui a affirmé que l’entreprise n’exerce plus d’activités depuis 2 ans. « Que doit-on sauver, monsieur le Chef du gouvernement : une entreprise morte ou une entreprise en activité ? », lance-t-elle pour critiquer la volonté de l’Exécutif de venir en aide à Syphax face à ses dettes de 200 millions de dinars, toujours selon Chettaoui.
La députée d’Al-Horra s’en était également prise à Anis Ghedira, ministre du Transport, affirmant que son département n’a pas fait appliquer la loi à l’égard de la compagnie aérienne. « L’entreprise est inactive depuis 2 ans. Or, selon la convention internationale de l’aviation civile, après six mois d’inactivité, l’autorisation de voler doit être gelée, et après 1 an, celle-ci doit être retirée », explique-t-elle.
Leila Chettaoui poursuit en affirmant que la société a été créée dans un contexte houleux. « L’autorisation de vol a été accordée par un ancien ministre du Transport, aujourd’hui DG de l’entreprise, poste qu’il a occupé 3 mois seulement après la création de Syphax ailrlines, et rejoindre ensuite son Conseil d’administration », déclare Leila Chettaoui, et d’enchaîner : « Les dettes de l’entreprise sont énormes. Lors de votre déplacement à Berlin, monsieur le Chef du gouvernement, la chancelière allemande Angela Merkel vous a demandé de discuter avec Syphax Airlines concernant les avions allemands gardés par la compagnie pendant 18 mois, et ce afin de restituer ces appareils à l’Allemagne. L’image de la Tunisie s’en est trouvée détériorée ! ».
Frikha : « Leila Chettaoui préfère s’exprimer dans les médias ! »
Face à cette intervention virulente, la réaction de Mohamed Frikha, soutenu par ses collègues d’Ennahdha, a été tout aussi virulente, voire plus. La parole devait être accordée au député nahdhaoui Hédi Braham, mais ses collègues n’ont rien voulu entendre et ont exigé que Frikha puisse répondre. Chose interdite dans le règlement intérieur de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) durant une séance d’audition.
La réticence de la vice-présidente de l’ARP n’a fait qu’attiser la colère et l’indignation des nahdhaouis, dont certains ont même menacé de quitter les lieux. La cacophonie a duré une bonne dizaine de minutes, avant que Hédi Braham ne décide d’accorder son temps de parole à son confrère Mohamed Frikha. Très bref, ce dernier a riposté contre Leïla Chettaoui sans prendre la peine de la nommer une seule fois, comme elle-même l’a fait d’ailleurs contre lui : « J’ai toujours été attaqué sur le plan personnel », commence Frikha, visiblement tendu. « Je me suis moi-même rendu en Allemagne pour résoudre la problématique des avions allemands. Nous sommes des députés, donc des collègues. Il y a un certain niveau à préserver dans le débat. Si la députée a des problèmes avec moi, elle peut m’appeler pour que je puisse lui présenter tous les documents nécessaires. Seulement, elle préfère aller de radio à radio et de chaîne TV à une autre pour s’exprimer. Elle travaille selon un agenda précis pour dénigrer les gens ! », lance Mohamed Frikha.