Nous avons été plusieurs à suivre la campagne électorale de la présidentielle en France. Une campagne qui a été marquée par une grande incertitude, contrairement aux précédentes et avec des développements imprévus qui rendent son dénouement indécis. Cette incertitude et indécision ont donné à ces élections un goût particulier et ont augmenté l’intérêt de l’opinion publique.
Comme à chaque élection, l’intérêt a porté sur les programmes des candidats et beaucoup d’électeurs se déterminent en faveur d’un candidat sur la base de la pertinence de ses choix politiques, économiques et sociaux. Ces élections ont connu une innovation essentielle avec la participation directe des citoyens dans l’élaboration des programmes de trois candidats : Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon et Emmanuel Macron. Il s’agit d’une grande nouveauté de la part de ces candidats qui ont cherché à échapper à la crise du politique et à l’enfermement des grands partis, en favorisant une grande participation citoyenne dans l’élaboration de leurs grands programmes politiques.
Ainsi, les programmes économiques des différents candidats ont suscité un grand intérêt de la part des médias, des analystes et des citoyens. Ces programmes ont fait l’objet de commentaires, de débats, de critiques, voire même de controverses sur leur pertinence et leur capacité à relever les défis et les difficultés de l’économie française.
La question qui peut se poser est de savoir quels sont les conditions de réussite des programmes économiques des candidats et leur capacité à convaincre les électeurs. De mon point de vue, trois éléments essentiels sont au cœur de la pertinence et de l’attractivité des programmes économiques des candidats auprès des électeurs. Le premier concerne la capacité des différents candidats à attirer les meilleurs économistes du pays pour en faire les responsables de leurs programmes économiques. Il s’agit d’un élément essentiel qui permet de construire la crédibilité de leurs programmes et de renforcer la légitimité de chaque candidat. Ainsi, chacun des candidats cherche à s’entourer des meilleures compétences économiques du pays et parfois aussi d’associer des experts étrangers pour donner à leurs programmes économiques une grande légitimité. Ainsi, Emmanuel Macron s’est attaché les services de Jean Pisani-Ferry. Alors que Jean-Luc Mélenchon est conseillé par Jacques Généreux et que Thomas Piketty fait partie de l’équipe de Benoît Hamon. Ces trois économistes et quelques autres qui sont dans les équipes des différents candidats sont parmi les économistes français les plus influents et donnent aux programmes une grande crédibilité et une légitimité scientifique et technique.
Le second élément qui joue un rôle essentiel dans le succès d’un programme économique et son attractivité auprès des électeurs concerne sa capacité à apporter des réponses aux grands défis de l’économie française. Ainsi, tous les candidats se sont attaqués aux grandes questions et particulièrement sur les moyens de sortir du marasme économique et de la faiblesse de la croissance. Cette question a fait l’objet d’un grand débat entre les différents candidats, mais si une grande partie d’entre eux est favorable à la mise en place de programmes de relance économique, ils sont opposés sur l’ampleur de cette relance et particulièrement la contrainte de l’intégration européenne, ce qui amène Jean-Luc Mélenchon à envisager la possibilité d’un plan B et d’une sortie de l’euro au cas où les autres partenaires européens, et particulièrement l’Allemagne, maintiennent le cadre restrictif des critères de Maastricht. D’autres grandes questions font aussi partie des programmes des différents candidats, notamment la question de l’emploi et de la lutte contre le chômage, la transition énergétique et la sortie du nucléaire ou la réforme des grandes caisses sociales.
Le troisième élément du succès et de la pertinence des programmes économiques concerne les coûts des programmes et leur chiffrage. Il s’agit d’une composante essentielle du travail des équipes économiques des différents candidats pour démontrer le réalisme de leurs programmes économiques. Cette dimension attire l’attention des experts et des analystes qui cherchent à vérifier la capacité de ces programmes et à dégager les financements nécessaires au fonctionnement des économies.
Les élections constituent un moment essentiel dans les sociétés démocratiques car ils permettent aux citoyens de choisir leurs gouvernants. Il s’agit d’un moment important auquel les partis se préparent en élaborant leurs programmes et leurs visions de l’avenir de leur pays. La dimension économique de ces programmes est essentielle et les partis cherchent à s’entourer des meilleurs économistes du pays pour élaborer des programmes réalistes et capables de sortir les économies de leur marasme et de leur crise.