L’emprunt national

Les ménages prêtent à l’État

 

«Ne ratez pas l’opportunité de la Vie».  À première vue, cela ressemble au slogan d’une campagne publicitaire d’un produit commercial. En voyant les affiches d’une femme et d’un homme accompagnés d’un tel slogan, on dirait tout simplement une campagne d’accroche. Pour le ministre des Finances, cette opportunité consiste à prêter de l’argent à l’État et faire preuve de sa citoyenneté.

 

Parce que les finances publiques sont mises à rude épreuve, parce que la Tunisie a du mal à emprunter sur les marchés internationaux, l’emprunt national sera une sortie de crise pour le gouvernement Jomâa. Pour amasser les 500 millions de dinars — le montant de l’emprunt — le compte à rebours a commencé depuis le 12 mai 2014. La décision de lancer un emprunt national existait depuis trois ans déjà, mais c’est le gouvernement Jomâa qui s’est décidé à passer à l’action. Selon Hakim Ben Hamouda, trois jours après le lancement de l’emprunt, les échos sont bons.
 
Outre Mehdi Jomaa, le chef du gouvernement et Mostafa Ben Jaafer, le président de l’ANC, il y a même un chef d’entreprise qui vient de souscrire à hauteur de 100.000 dinars. 10% des salaires du mois de mai des membres du gouvernement seront souscrits à l’emprunt national.
Malgré la tournée satisfaisante de Mehdi Jomaa dans des pays frères et amis et auprès de bailleurs de fonds, cela demeurera insuffisant pour permettre à la Tunisie de financer son budget 2014. Selon Nidhal Ouerfelli, il manque 3,5 milliards de dinars pour clôturer le budget de 2014, dont 1,5 seront économisés grâce à la décision du gouvernement de faire des économies sur ses dépenses, notamment en voitures de fonction et bons d’essence. Mais le gouvernement s’est retrouvé dans l’obligation de se tourner vers les citoyens. Il s’agit d’une opération citoyenne selon Hakim Ben Hamouda, d’ailleurs, des associations ont rejoint le ministère des Finances. L’objectif de ces associations est d’expliquer les raisons de cet emprunt et de sensibiliser les citoyens à rejoindre l’appel lancé par le gouvernement.
Initialement annoncé à un milliard de dinars, Ben Hamouda a signalé que l’objectif n’était pas d’assécher le marché financier ou de détourner et concurrencer les entreprises financières. Le ministre espère peut-être mobiliser l’argent caché autrement. Un débat s’est aussitôt ouvert sur l’opportunité d’un tel emprunt ? Les interrogations portent sur la dette publique qui représente déjà 49%, sans compter l’emprunt national. À quoi servira cet emprunt ? Parce que le ministre des Finances n’a pas fourni de précisions sur les projets d’infrastructure pour lesquels l’emprunt sera déployé, certains doutent que cet emprunt ira dans les dépenses de l’État. Quant aux préteurs susceptibles, certains économistes diraient que «le maintien de l’inflation à un niveau élevé et la détérioration du pouvoir d’achat qui en résulte excluent la classe moyenne des opérations de souscription.»

 

Tout sur l’emprunt national

L’emprunt national, lancé depuis le 12 mai 2014, sera une dette à long terme de 5 à 10 ans contractée par l’État auprès des Tunisiens. Ces 500 millions de dinars seront versés au Trésor public, feront partie de la loi des Finances complémentaire 2014 et contribueront au financement des projets d’infrastructure, a annoncé Hakim Ben Hamouda, ministre des Finances et de l’Économie, sans donner plus de détails.

Apparemment, la liste des projets n’est pas encore fin prête pour que le ministre fournisse plus de détails. Des affiches publicitaires urbaines, des messages radiophoniques et télévisés expliqueront l’intérêt et le mode d’emploi de cet emprunt national. Ce que l’on peut dire, c’est que le taux d’intérêt (allant de 5,95 jusqu’à 6,95%) est avantageux, comparativement à ceux offerts par les banques. Toute personne physique ou morale désirant souscrire à cet emprunt s’adresse à une banque ou  à un intermédiaire en Bourse de son choix, afin de remplir le bulletin de souscription et choisir ainsi la catégorie qui lui convient. En effet, il existe trois catégories de souscription.

La catégorie A, dédiée aux personnes physiques, aura une valeur nominale de 10 dinars et une durée de remboursement de cinq ans avec une année de grâce et au taux fixe de 5,95% brut l’an. Les obligations de cette catégorie seront amortissables et remboursables annuellement à raison de 2,5 dinars par obligation à partir de la deuxième année, soit le un quart de la valeur nominale. La catégorie B, d’une valeur nominale de 100 dinars, sera remboursable sur sept ans avec deux ans de grâce et à un taux d’intérêt de 6,15%. Ses obligations  seront amortissables et remboursables annuellement à raison de 20 dinars par obligation à partir de la troisième année, soit le un cinquième de la valeur nominale.

La catégorie C, avec un taux d’intérêt de 6,75 par an, sera d’une valeur nominale de 100 dinars, remboursable sur dix ans avec deux ans de grâce. Les obligations quant à elles, seront amortissables et remboursables annuellement à raison de 12,5 dinars par obligation à partir de la troisième année, soit un huitième de la valeur nominale. Les intérêts seront payés à terme échu le 20 juin de chaque année. Négociables sur la Bourse de Tunis, tout souscripteur pourra vendre ses titres et obtenir des liquidités. Les souscriptions à l’emprunt  seront en un premier temps clôturées le 13 juin de cette année, mais elles pourront être prorogées au cas où les 500 millions de dinars ne seraient pas atteints.

N.J

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