Le deuxième débat sur l’énergie d’ici 2030 a été organisé à Béja. Le secrétaire d’État au ministère de l’Industrie : M. Mohamed Nidhal Ouerfelli était accompagné de sa Task Force, composée d’experts et de responsables spécialisés dans le domaine de l’énergie. Ceux-ci ont dressé un bilan du secteur de l’énergie en Tunisie, défis et enjeux.
Il résulte de ce bilan que le secteur de l’énergie souffre d’un déficit financier de 7,4%. Les causes de ce déficit sont le déclin des ressources naturelles (production : 6,7 Mtep) et l’augmentation de la consommation (8 Mtep). Ainsi nous avons un déficit structurel de 2 Mtep en 2013 contre 1Mtep en 2011. 60% de nos besoins pétroliers sont assurés par l’importation et 47% du gaz consommé est importé d’Algérie. 98% de l’énergie en Tunisie est basée sur le gaz naturel, donc le moindre problème avec l’Algérie serait catastrophique pour la Tunisie. D’ailleurs nous avons perdu cette année 498 milliards de dinars, car l’Italie a décidé de baisser l’importation du gaz naturel de l’Algérie. Le ministre a évoqué le programme de l’alimentation de toute la Tunisie en gaz naturel. Certes le programme se poursuivra, mais selon le secrétaire d’État, inciter à la consommation du gaz naturel en majorité importé et en plus subventionné est irrationnel et constitue une erreur monumentale. La consommation de gaz naturel augmente de 10% chaque année. Outre l’importation de nos besoins en énergie, celle-ci est compensée par l’état à la consommation. En effet le gaz naturel est importé d’Algérie au prix international de 850 dinars/tonne puis vendu à la STEG à 90 dinars/tonne, soit 700 dinars de compensation par tonne, sachant que 65% du gaz naturel est compensé par l’État. Pour l’électricité, le kilowatt coûte 220 millimes et est vendu au consommateur à 130 millimes. Au total, la compensation pour l’énergie est de 5.800 milliards de dinars par an. La Tunisie est appelée à restructurer sa politique énergétique par rapport à la compensation et par rapport aussi à ses ressources en déclin. Ce qui veut dire réfléchir à de nouvelles ressources énergétiques alternatives. Parmi ses ressources alternatives, on trouve notamment l’énergie renouvelable et le gaz de schiste. Selon le secrétaire d’État, d’ici 2030 la Tunisie ne pourra produire que 30% de sa consommation en électricité provenant de l’énergie renouvelable, car notre réseau ne pourra pas supporter plus. Donc le reste devra venir du charbon ou du gaz de schiste. Par rapport au schiste, M. Ouerfelli a signalé que «nous ne pouvons pas actuellement confirmer que nous avons du gaz de schiste en Tunisie. Nous n’avons pas fait des études pour le savoir outre les études américaines qui ont avancé cette thèse, nous n’avons aucune confirmation. Donc il faut commencer par savoir si nous avons vraiment du gaz de schiste, étudier sa rentabilité en cas d’exploration puis en décider. L’Algérie qui nous exporte du gaz naturel a déjà foré trois puits de gaz de schiste.» Cela dit, selon le secrétaire d’État a signalé que la stratégie énergétique actuelle se base sur quatre priorités, la rationalisation de l’énergie, le mix énergétique, le renforcement du réseau électrique et les interconnexions et la recherche et le développement.
N.J