L’enfer

« L’enfer c’est les autres », écrivait Sartre. Et maintenant, pour les Palestiniens, l’enfer provient du gangstérisme israélo-américain. A l’aune de celui-ci, le droit c’est la force. Le 12 février, Trump l’infernal, promet l’enfer à Gaza au cas où les otages ne seraient pas tous libérés. Avant l’escalade il esquissait une reculade. En effet, le 4 février, le gangster new-yorkais affirmait prendre le contrôle de la terre occupée. Mais le 8 février, dégonflé face à une levée de boucliers, le massacreur des Palestiniens estime son plan « pas si pressé ».
Les deux injonctions contraires suggèrent ces vers de Guillaume Apollinaire : « Incertitude, ô mes délices / Vous et moi nous nous en allons / Comme s’en vont les écrevisses / A reculons à reculons ».
Avec leur attelage de robustes bourriques, Donald Trump et Elon Musk mènent l’économie, la diplomatie et la politique de l’Amérique vers l’univers chaotique.
Ils préparent ce tort au nom de « l’Amérique d’abord ». La vision rocambolesque de Trump provient d’une conjoncture ubuesque. Après avoir lié son accès au pouvoir à l’éradication, instantanée, des conflits armés, il accorde à l’Iran le choix entre la soumission à des conditions et le bombardement de ses installations nucléaires. Il incite Israël à parachever le travail entamé. A l’aune du vocabulaire génocidaire, travailler c’est massacrer. Prise au piège de l’incohérence, la plus grande puissance redouble d’impertinence. Quelle est donc la raison de la tribulation ?
Tel ne fut guère le cas de l’Angleterre avec sa marine dominatrice des mers. Car à la différence de l’empire américain, le britannique n’avait aucun rival concurrentiel à l’échelle mondiale. Mais, pour l’actuelle hégémonie américaine, d’autres nations, détentrices de la bombe, dérangent la puissance de l’hyperpuissance.
Néanmoins, Trump redouble de férocité lorsqu’il voit Khalil Hanyyé serrer la main à l’Ayatollah Ali Khamenei à Téhéran l’abhorré. Il faut donc persévérer.
Concurrencée par la Chine en matière d’intelligence artificielle et de robotique, l’Amérique, décidée à dominer le monde entier, convie ses milliardaires à davantage financer les ingénieurs.
La fébrilité gagne les hauteurs de l’autorité. Surexcité, pris d’instabilité psychomotrice, Trump canarde sans répit tant il découvre, partout, l’insoumis aux intérêts des Etats-Unis. Russie, Chine, Europe, Arabie, Canada, Mexique, Groenland, Panama, nul n’échappe au dicktat.
Mal-aimés de l’intérieur, les immigrés subissent, de même, la fureur du nouveau dictateur.
Plusieurs composent avec lui, tant ils tremblent de peur. Prenez mes déportés ou je supprime l’aide accoutumée.
Au mépris des justiciers, l’agresseur du Capitole prend la décision de gracier l’ensemble des émeutiers. Le champion de « l’Amérique d’abord » voit, partout, des pays retors. De sévères taxations douanières déclenchent des répliques financières. Violent, imbu de sa primauté, « protégé par la divinité », le taureau déchaîné inscrit par pertes et profits l’interdépendance des sociétés. Son hybris, provoque le retour du boomerang lancé par ce chef de gang. Les sanctions infligées à l’Afghanistan déclenchent la vive réaction de ce pays et Bush y aurait perçu un casus belli. Mais ce Trump, incapable de guerroyer, sauf à Gaza, ajoute un peu d’eau à son piteux sirop et met à prix les têtes portées par les dirigeants afghans. La guerre ne doit plus subsister, selon ce curieux président et cela, ni en Ukraine ni au Moyen-Orient pourtant menacé d’enfer maintenant. Guignol, bouffon, ce fou furieux se prend à son petit jeu.
Dépêcher les troupes vers l’Afghanistan bute sur le souvenir sanglant des boys défaits par les coriaces Talibans.
Avec Tora Bora, on ne badine pas. Dans ces conditions-là, faut-il prendre au sérieux ce cowboy fougueux, tout puissant et dangereux ? D’une part, Trump et Musk esquissent, ensemble, un pas de jolie danse et, de l’autre, ils financent les cerbères génocidaires.
Ces deux aspects, laideur et beauté, suggèrent les vers d’Apollinaire où il est question du paon : « En faisant la roue, cet oiseau / Dont le pennage traîne à terre / Apparaît encore plus beau / Mais se découvre le derrière ».
Et aujourd’hui, le feu promis pour samedi n’a pas eu lieu, mais son éventuelle réapparition inculque aux Palestiniens la disposition à l’affronter sur-le-champ. Hölderlin écrivait « là où croît le péril, croît, aussi, ce qui sauve ».

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