Le Forum tuniso-français jeunesse 2013, tenu à Monastir, du vendredi au dimanche 21 avril, organisé conjointement par l’ambassade de France et des associations tunisiennes, a réuni près de 400 jeunes des deux rives de la Méditerranée et différentes associations. La question de l’engagement citoyen a été placée au cœur du débat. Éclairage.
«Notre préparation pour le Forum s’est étalée sur six mois. Nous avons mis en place une cellule de communication et des comités de pilotage. Chaque représentant de comité était chargé de réaliser un certain nombre d’objectifs relatifs à l’organisation du Forum, à la méthodologie de travail et à la proposition d’outils de communication. L’engagement citoyen a fait l’objet de la première conférence ; l’objectif étant d’insister sur la nécessité d’impliquer les jeunes dans la société civile et dans la vie politique», nous a affirmé Razwa Ltaif, porte-parole des associations tunisiennes organisatrices du forum et responsable de communication à l’Association Sawty, dont vingt-cinq des membres ont participé au Forum. Une plate-forme virtuelle a été créée à cette fin. L’objectif principal est de permettre aux jeunes (notamment) de suivre l’actualité du Forum et de poursuivre leurs échanges sur l’élaboration de leurs projets jusqu’à leur finalisation et leur présentation pour une demande de financement. L’enveloppe fixée à 150.000 euros peut aller jusqu’à 200.000. Le financement de ces jeunes projets aidera à concrétiser les idées débattues au Forum. Cette action d’impliquer les jeunes dans le développement durable des pays permettra de «briser la glace» entre les politiques et les jeunes. «Il faut coller à la réalité. Aujourd’hui et partout dans le monde, la jeunesse est marginalisée parce que ceux qui gouvernent n’accordent pas assez de crédibilité aux jeunes. Du côté des jeunes, ils ne font pas tout ce qu’ils doivent faire pour être crédibles. Ce n’est pas un conflit de générations, mais plutôt un conflit politique. On freine les jeunes au niveau d’une éducation qui ne va pas de pair avec le mode d’action sociale. Il faudrait que la politique nationale donne plus d’opportunités aux jeunes pour les aider à s’impliquer dans l’associatif», nous a affirmé Abdelkerim El Kebir, ex-conseiller auprès de l’Organisation des Nation unies (ONU). Ce Forum, qui a permis de dresser les états des lieux de la jeunesse des deux côtés de la Méditerranée, a abouti à une variété de projets «prometteurs», proposés par des jeunes pour les jeunes, lors des douze ateliers organisés. Chaque atelier est composé de trois intervenants, de trois personnes ressources, d’un facilitateur et d’un groupe de 20 à 30 jeunes participants. Six (ateliers), dont celui intitulé de «la jeunesse et la démocratie locale», ont été consacrés à l’engagement citoyen. «Notre atelier s’est concentré sur les mécanismes et les propositions susceptibles de concrétiser la participation des jeunes à la démocratie locale. Parmi nos objectifs, je cite aussi l’égalité entre les citoyens maghrébins, que ce soit par rapport au sexe ou par rapport à la nationalité dans le milieu universitaire. Nous avons prévu un budget de 50.000 euros», a précisé Marion Maestripieri, représentante de l’Agence de promotion et d’ingénierie interculturelle (AP2i) à Paris. En général, constatent les participants, c’est «à partir des petits détails que se créent les plus grands projets». «Le projet, que nous avons élaboré, conjointement avec une représentante de la société civile française à Rabat et deux Tunisiens de l’Association pour la culture et les arts méditerranéens (Acam jeunesse) s’intitule «jeunesse associative méditerranéenne pour la citoyenneté». Le contexte estudiantin du Maghreb diffère de celui français, qui est plus avancé. Notre objectif global est d’encourager l’engagement citoyen dans la jeunesse estudiantine dans les quatre pays ciblés : Maroc Algérie, Tunisie et France», nous a affirmé Aissam Othman Ben Aissa, militant associatif à Oran et représentant de l’Association pour la jeunesse et la citoyenneté (AJC). En menant une étude comparative portant sur l’engagement des étudiants dans chaque pays et en organisant des échanges, le projet entend renforcer «un engagement estudiantin plus global». Il s’agit également de renforcer les capacités des jeunes, issues de quatre associations estudiantines de chaque pays en matière d’utilisation de la culture au service de la citoyenneté. «Pour cela, on a ciblé quatre universités de ces pays : Université Mohammed V de Rabat, l’Université d’Oran, l’Université de Monastir et une université de Paris afin de renforcer leurs capacités en matière de culture en proposant un réseautage à travers une plate-forme virtuelle et un programme d’accompagnement de ces porteurs de projet. Aussi, il faut écrire tout un projet et postuler avant le 15 juin. Le montant est estimé à 80.000 euros, cela pourrait paraitre énorme, mais il tient compte de la viabilité du projet qui sera étalée sur 4 ou 5 ans», a ajouté Othman Ben Aissa.
Ch.B