En 2024, l’entrepreneuriat féminin tunisien a connu une progression notable, avec 858 projets annoncés, soit une augmentation de 17,7 % par rapport à 2023, selon les données de l’Agence pour la promotion de l’industrie et de l’innovation (Apii). Ces initiatives, portées majoritairement par des femmes, représentent désormais 26 % de l’ensemble des projets industriels déclarés dans le pays. Les investissements associés à ces projets ont également augmenté, atteignant 166,3 millions de dinars (environ 50 millions d’euros), en hausse de 15,2 % par rapport à l’année précédente.
Une contribution en progression, mais des limites structurelles
Bien que ces chiffres témoignent d’une dynamique positive, certains indicateurs soulignent des difficultés persistantes. Si les projets féminins représentent 7 % des investissements totaux déclarés et 14 % des emplois attendus dans l’industrie en 2024, leur capacité à générer des postes diminue. Les 858 projets annoncés cette année devraient créer 6 198 emplois, contre 7 528 en 2023. En moyenne, chaque projet mobilise désormais 194 000 dinars (55 000 euros) et génère 7,2 emplois, contre 198 000 dinars (58 000 euros) et 10,3 emplois l’année précédente. Cette baisse suggère un resserrement des opportunités ou une complexité accrue pour les entrepreneuses à développer des projets à fort impact en matière d’emploi.
Des secteurs charnières et une orientation majoritairement locale
L’analyse sectorielle révèle que l’agroalimentaire domine les intentions d’investissement, avec 39,3 % des projets, suivi par le textile et l’habillement (28,7 %). Cependant, 97 % des initiatives restent tournées vers le marché local, ce qui soulève des questions sur leur potentiel d’exportation et leur compétitivité à l’international.
La tendance observée confirme à la fois les avancées de l’entrepreneuriat féminin en Tunisie et les obstacles auxquels il reste confronté. Si la croissance du nombre de projets et des investissements est encourageante, la baisse de la création d’emplois par projet et la faible orientation vers l’exportation rappellent que des efforts supplémentaires sont nécessaires pour consolider cette dynamique. Les politiques publiques et les dispositifs d’accompagnement devront, dans les prochaines années, permettre aux entrepreneuses de surmonter ces freins pour maximiser leur impact économique.