L’entreprise en danger de disparition

L’entreprise économique privée est une source de valeur ajoutée et de prospérité, c’est elle qui crée de l’emploi, distribue du pouvoir d’achat, exporte et innove.
Cela ne doit pas occulter les responsabilités à assumer par l’entreprise : devoir fiscal, rôle social et responsabilité sociétale de l’entreprise, en plus de son rôle économique.
C’est pourquoi il faudrait l’encourager et ménager des conditions favorables à son épanouissement.
L’entreprise a besoin de compétitivité et de rentabilité pour survivre, continuer à investir et se développer.
Or, selon les experts en gestion d’entreprise 60% des facteurs de compétitivité de l’entreprise lui échappent, elle ne maîtrise que 40% seulement.
Cela fait supporter à l’environnement de l’entreprise une lourde part de responsabilité : coût du transport, de l’énergie, des formalités administratives, de la fiscalité, qualité de la formation des cadres, du financement,…
Parmi ces conditions, figurent en bonne place la qualité des infrastructures de base que ce soit pour le transport, les télécommunications, les zones industrielles ou touristiques, la logistique dans les ports et aéroports,…
L’Etat se doit d’assurer un financement approprié des activités de l’entreprise, que ce soit pour le long  et le moyen termes pour favoriser l’investissement ou à court terme pour assurer le fonds de roulement, à des taux raisonnables.
La fiscalité doit être équitable et supportable pour ne pas alourdir les charges de l’entreprise dont les produits doivent rester compétitifs pour affronter la concurrence sur les marchés extérieurs, c’est pourquoi son assiette doit être très large.
Les chefs d’entreprises ont besoin d’un climat des affaires favorable à l’investissement, avec stabilité politique et cadre juridique rassurant, de quoi garantir la confiance en l’avenir.
L’entreprise mérite également la paix sociale pour s’épanouir, un partenariat basé sur le dialogue avec les syndicats de travailleurs, qui doivent adopter un esprit participatif et non revendicatif pour que l’ambiance de travail soit favorable à la réalisation des performances.
Déjà, avant le déclenchement de la Révolution, l’entreprise souffrait de plusieurs maladies chroniques dont le manque de bonne gouvernance, l’insuffisance des fonds propres et la concurrence déloyale et agressive du commerce parallèle et de la contrebande aux frontières.
Après la Révolution, les choses ont empiré avec la multiplication des revendications salariales et des perturbations sociales : grèves, sit-in, taux élevé des absences et baisse de la ponctualité au travail.
Plus grave encore, la productivité du personnel a beaucoup baissé, ce qui a contribué à déstabiliser les entreprises les plus solides.
Le prix de revient des produits et services de l’entreprise s’est alourdi, de quoi alimenter l’inflation et mettre à mal la rentabilité et l’équilibre financier.
Les banques ont procédé à des mesures de resserrement du crédit à cause d’un manque flagrant de liquidités consécutives aux taux élevés de créances douteuses et à la régression des dépôts de la clientèle.
La contrebande et le commerce parallèle ont pris une ampleur sans précédent, ce qui a contribué à resserrer l’étau sur les entreprises de l’économie formelle, de plus en plus soumises aux soubresauts du marché et aux aléas de la morosité  de la macroéconomie dont les difficultés des finances publiques. L’Etat est plus soucieux d’assurer les salaires de la fonction publique que de financer des projets de développement.
Le nombre d’entreprises en difficulté ainsi que celui des faillites réelles ou virtuelles, ne font que gonfler avec leurs corollaires de retombées sociales.
L’exemple des entreprises du secteur textile-habillement et celles du cuir et chaussures, où le coût de la main-d’œuvre dans la structure du prix de revient du produit final est élevé, est tout à fait significatif en la matière. Il s’agit d’abord de secteurs en difficultés avec un taux élevé de faillites et de fermetures pour diverses raisons dont la compétitivité des prix et la concurrence acharnée des importations sauvages.
Depuis quelques mois, les chefs d’entreprises ont la perception que celles-ci souffrent d’un acharnement de la part des pouvoirs publics puisque les nouvelles mesures prises sur le plan fiscal et au niveau de la hausse des salaires dans le secteur privé ne font qu’accabler encore plus l’entreprise.
Il y a eu d’abord la loi de Finances relative à l’exercice 2017 qui a imposé une taxe supplémentaire exceptionnelle de 7,50% sur les bénéfices de l’entreprise, ce qui accroît la pression fiscale, et récemment, c’est la hausse uniforme des salaires de 6% avec effet rétroactif sur le deuxième semestre 2016, alors que les produits et services ont été déjà facturés.
Alors que l’entreprise accablée de charges de toutes sortes est en train de sombrer et de disparaître, le ministère du Commerce et de l’industrie, une concentration surprenante et inquiétante de pouvoirs, prépare dans la sérénité et la lenteur typiques de l’Administration, des mesures de relance, sinon de sauvetage des secteurs en perdition et des entreprises en grande difficulté.

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