Rached Ghannouchi, président du mouvement Ennahdha, a été interrogé sur plusieurs thématiques dans la soirée de ce mardi 1er août 2017, à l’occasion d’un entretien accordé à la chaîne Nessma TV enregistré dimanche. Et dans cette interview, Ghannouchi a presque endossé le costume de Chef de l’État.
Plusieurs questions ont été abordées notamment la crise du Golfe, les élections muniscipales, la crise économique, les relations de son parti avec Nidaa Tounes et la question des élections de 2019 en rapport avec Youssef Chahed.
Ghannouchi a réitéré sa position sur l’avenir politique du chef du gouvernement d’union nationale, appelant Youssef Chahed à s’engager à ne pas se présenter aux élections présidentielles de 2019, comme c’était le cas pour l’ancien chef du gouvernement, Mehdi Jomâa, soulignant dans le même contexte que le ministre des Finances par intérim, Fadhel Abdelkefi, n’aurait pas dû brosser un tableau aussi sombre de la situation économique en Tunisie.
Le leader du parti islamiste a souligné que Chahed doit se contenter de » gérer la chose publique et se consacrer à l’instant présent ».
« Il est trop tôt pour penser à 2019. Le gouvernement actuel doit se limiter à l’organisation des élections municipales et à la gestion du pays. Il ne faut pas profiter de la situation politique pour se propulser vers les présidentielles », prévient-il.
Sur la question du remaniement ministériel, Rached Ghannouchi estime qu’il est nécessaire, dans le sens où il permettra de combler les vacances actuelles, notamment à la tête des ministères de l’Éducation et des Finances. « Le Chef du gouvernement doit coordonner avec les partis politiques en vue de ce remaniement. Il est le seul à détenir les prérogatives nécessaires pour l’opérer », explique Ghannouchi, qui assure que le problème ne réside pas dans la forme du gouvernement – technocrate ou partisan -, mais dans le pays lui-même. « Il y a un déficit d’éthique, la culture du travail s’est détériorée et les lois ne sont plus respectées », lance le Chef d’Ennahdha, qui déclare qu’il faut s’attaquer à la racine du problème et qui exprime, par la même occasion, son regret de voir le président de la République et sa famille faire l’objet d’une campagne de dénigrement.
Piqué au vif
Interrogé, d’autre part, sur la situation économique du pays et la responsabilité de la Troïka dans sa dégradation, Rached Ghannouchi semble s’être légèrement emporté, notamment lorsqu’il a été interpellé sur l’explosion des recrutements dans la fonction publique à l’époque de la Troïka : « Il se passe exactement la même chose aujourd’hui à Tataouine et à Médenine et vous parlez de la Troïka ? », lance-t-il au journaliste. « Les gouvernements ont travaillé sous une grande pression sociale. Idem pour l’Exécutif actuel. Aucun gouvernement n’a apporté de solutions. Il faut que chacun assume ses responsabilités au lieu d’accuser qui que ce soit », affirme encore Ghannouchi.
Et de poursuivre : « on ne peut pas protester indéfiniment pour revendiquer l’emploi et le développement. Les institutions publiques sont en faillite à cause du matraquage subi par l’État. Il faut encourager l’initiative privée. Le sureffectif dans la fonction publique est pesant. Il faut rémunérer en fonction de la productivité ».
Ennahdha dans sa place naturelle
Il a indiqué dans la même interview que, « ceux qui accusent Ennahdha de recevoir des fonds du Qatar, sont en train de faire une campagne électorale précoce contre un adversaire politique qu’ils ont été incapables de battre dans les urnes, c’est pour cela qu’on l’accuse à tort une fois du terrorisme, une autre d’être financé par des fonds étrangers ou encore d’être en collusion avec Daesh», soulignant que le mouvement d’Ennahdha est parmi les rares partis, s’il n’est pas le seul, à soumettre ses comptes chaque année à la Cour des comptes.
D’autre part Ghannouchi a confirmé que, la loi de réconciliation économique n’a pas été rejetée par le Conseil de la Choura, et qu’il a demandé à la modifier pour être compatible avec la Constitution et la justice transitionnelle.