Dans une démocratie, les 100 premiers jours sont décisifs pour un gouvernement. À l’aube d’un mandat de cinq ans qui s’annonce bien difficile, le prochain gouvernement fera face à de nombreux défis. Dans un contexte économique particulièrement instable, le nouveau gouvernement mettra en place ses premières réformes et mesures urgentes. Il sera amené à identifier les chantiers où il va intervenir. Inévitablement, le prochain gouvernement le fruit d’une alliance. Les partis politiques qui composeront ce gouvernement devront accorder leurs violons pour mettre en place une feuille de route pour ces premiers jours. Est-ce que les partis politiques en lice pour les législatives ont préparé ce plan des 100 jours au cas où ils seraient élus à la tête du gouvernement ? Sont-ils prêts pour exercer le pouvoir ? Comment feront-ils pour mettre en place le plan idéal pour la Tunisie pour les 100 premiers jours et pour les cinq prochaines années ?
Nidaa Tounes, rétablirla souveraineté de l’État
Il s’agit tout d’abord de restaurer la confiance des Tunisiens et de nos partenaires extérieurs. Il faut que l’État retrouve son rôle en tant qu’institution garante de la sécurité des personnes et des biens. Il faut qu’il y ait respect de l’État de droit, que l’Administration se remette au travail, qu’il y ait respect des règles du vivre ensemble et que le chaos et l’anarchie ambiants disparaissent. Cela implique que la sécurité du territoire soit rétablie en dotant les forces de sécurité et l’armée des moyens humains, matériels et juridiques nécessaires leur permettant d’affronter les risques qui guettent le pays. C’est un signal fort envers nos partenaires qu’un véritable changement se fait dans le quotidien des Tunisiens par l’amélioration de leur cadre de vie à travers un système plus efficace de collecte et de gestion des ordures ménagères et des mesures strictes de protection de l’environnement. Dans ce même cadre, des élections municipales doivent être organisées pour doter les municipalités d’un véritable pouvoir de décision. Les mesures d’urgence de Nidaa Tounes viseront l’assainissement des entreprises publiques, le redressement des banques publiques, la réforme des caisses sociales, la mise en place d’un projet de budget soutenable à court et à moyen termes, l’amélioration des indicateurs économiques et la remise en marche des secteurs jusqu’ici sinistrés. Cela ne se fera qu’à travers une concertation entre toutes les parties prenantes. Nidaa Tounes prévoit aussi de mettre en place une nouvelle politique d’emploi dans le cadre d’un compromis historique.
Ennahdha, un haut comité pour l’investissement
Encore plus que les autres, au vu de son expérience du pouvoir, le parti Ennahdha se doit, théoriquement du moins, d’être plus pertinent dans le choix des priorités de la Tunisie pour les 100 premiers jours. Le parti Ennahdha déclare vouloir être responsable tant sur le plan politique qu’économique et social. Il dit vouloir favoriser les fondements de la démocratie en la dotant d’instruments institutionnels fiables. Sur le plan social, Ennahdha appelle au dialogue social afin de mettre en place un pacte social qui sera signé par toutes les parties prenantes et les partenaires sociaux. L’éducation, la formation professionnelle et la culture sont les priorités du parti, car ils représentent des enjeux majeurs pour la Tunisie de demain. Pour l’économique, la priorité est donnée à la lutte contre le chômage, l’inflation, l’exclusion et la pauvreté. Le parti considère qu’il faut se pencher sur la relance de l’investissement local et étranger et sur le renforcement des chances de réussite de la transition économique de la Tunisie. Pour ce faire, le parti soutient la réforme du code de l’investissement et la mise en place d’un haut comité pour l’investissement.
Le Front populaire, réviser les nominations
Rétablir la sécurité, réviser les nominations effectuées par la Troïka, préserver les mosquées des dangers des tiraillements politiques et arrêter l’hémorragie économique, telles sont les priorités du Front populaire pour les 100 premiers jours du gouvernement. Par ailleurs, le parti de gauche prône la souveraineté nationale à l’échelle politique et économique. Le Front populaire envisage de mettre en place les bases d’une vraie démocratie. La Constitution n’est que la première pierre de cette démocratie. Pour continuer dans cette direction, il faut élaborer les lois organiques de cette Constitution. Le parti défend le droit à un développement économique et social équitable et souhaite ainsi redéfinir l’articulation entre la croissance et le développement. La justice sociale est le cheval de bataille du FP, car elle constitue l’un des leviers de la redistribution équitable des richesses qui se fera, selon lui, à travers une réforme fiscale profonde. Le droit à une éducation prenant en considération les besoins du marché du travail, figure en haut de l’échelle des priorités du FP.
L’UPT pour des messages forts
La priorité du prochain gouvernement devrait consister à lancer des messages de confiance aux citoyens, aux partis politiques, aux partenaires de la Tunisie, aux investisseurs et aux bailleurs de fonds. Quant aux décisions urgentes, elles concerneront l’éducation, l’Administration et la législation pour un gouvernement qui ne dépassera pas les vingt ministres. Le parti commencera par mettre en vigueur la haute instance de la Justice, le tribunal administratif et le comité indépendant du développement durable qui aura la lourde tâche de concrétiser le modèle de développement 2013-2020 et la loi sur la décentralisation. Un gouvernement efficace se doit de réviser les nominations à tous les niveaux sans déstabiliser pour autant le fonctionnement de l’Administration. L’UPT plaide pour un budget supplémentaire pour la sécurité des zones frontalières afin de lutter contre le terrorisme et la contrebande. En même temps l’UPT préconise la mise en place d’un plan d’intégration du secteur informel vers le formel. Selon lui, un dialogue doit être instauré pour arriver à un consensus large entre ces partis et toutes les parties prenantes, à savoir l’UGTT, l’UTICA, la CONECT et toutes les composantes de la société civile. Pour l’UPT, l’amélioration de la qualité de vie à travers la lutte contre la pauvreté et l’amélioration des conditions de vie du citoyen et de son pouvoir d’achat sont des priorités qu’il faut entreprendre dans les 100 premiers jours.
Afek Tounes, les 5R
Afek Tounes a défini ce qu’il a appelé les 5R, soit redonner confiance, redémarrer l’économie, réformer, responsabiliser les citoyens et rehausser les recettes de l’État. Les 3 mesures indispensables pour le parti doivent concerner la sécurité, le pouvoir d’achat et l’emploi. Les réformes à engager doivent toucher essentiellement le code de l’investissement, l’allégement de la pression fiscale sur les personnes physiques et morales, la réforme de l’administration publique et la révision du mode de gouvernance pour accélérer la réalisation des 4.000 projets d’investissement en suspens, rétablir le dialogue avec les partenaires sociaux pour trouver une issue favorable aux tensions sociales.
Al Joumhouri, 25 réformes pour 25 ministres
Les proirité selon Al Joumhouri touchent principalement la souveraineté, la sécurité et le terrorisme. Le parti estime que 25 réformes (conduites par un gouvernement de 25 ministres) sont nécessaires. La question fondamentale de son programme de réforme s’articule autour de la révision des politiques publiques, la réforme du secteur des marchés publics outre l’audit de la BCT, des dettes publiques des caisses sociales. Il considère qu’il faut libérer complètement les statistiques de manière à fournir l’information statistique fiable aux décideurs. Hormis la lutte contre la corruption, le parti estime qu’il est nécessaire de mettre en place une politique d’emploi offensive et multidimensionnelle et le lancer une soixantaine de projets de développement urbain au terme du mandat de cinq ans dont dix projets devraient entrer en activité à court terme.
Ettakatol
Après le diagnostic et l’évaluation de son exercice du pouvoir, Ettakatol a arrêté une liste de chantiers à entreprendre, dont essentiellement la réforme administrative, l’amélioration des services, l’institutionnalisation du Conseil national de la sécurité et la mise en place de l’agence de renseignements.
Par ailleurs, et en attendant l’affinement de la réforme fiscale, il considère qu’il y a des mesures d’urgence à prendre en la matière. Quel que soit la composition du prochain gouvernement, il importe, pour Ettakattol d’arrêter un programme consensuel capable de mener le pays à bon port.
S.K