Les ailes du printemps

Par Alix Martin

Par quel hasard génétique, pratiquement, tout le monde regarde, admire, observe un oiseau qui passe ou se pose ? Nous ne sommes pourtant pas le prédateur naturel des oiseaux, comme le chat ! Est-ce leur envol qui nous fait envie ?

Si les fleurs sont, à notre avis, les couleurs du printemps, les oiseaux n’en sont-ils pas les ailes ?

 

Les plus proches

Nous avons encore la chance d’habiter, non pas des « villes à la campagne » comme le plaisantait un humoriste mais de « petites villes entourées de campagne ». Aussi les oiseaux y sont encore nombreux.

Toute l’année, deux espèces de tourterelles : les petites rousses endémiques et les plus grosses, claires, à collier noir, installées depuis une quinzaine d’années, roucoulent sur les arbres et les fils électriques. Des bandes de moineaux piaillent dans les palmiers. Plus discrets, mais répondant parfaitement aux appels sifflés, les bulbuls grégaires, gris à tête noire, fréquentent tous les jardins en compagnie des gros merles noirs à bec jaune.

Au-dessus des terrasses, infatigables, les hirondelles, dites « de cheminée » : à gorge rousse et d’autres dites « de fenêtre » : à la queue moins fourchue que les précédentes ainsi que les martinets tout noirs, champions de vol, ne se posant pas durant leurs premières années de vie, dormant et peut-être s’accouplant en vol, rayent le ciel. Tous trois sont très menacés par les insecticides d’une agriculture « productiviste » qui détruit leurs proies.

Dans les parcs et les jardins publics, en hiver, on croisera le « rouge gorge », familier et bagarreur, au printemps, le rossignol, peu visible mais grand chanteur, en été, la huppe « se pouillant » dans le sable des allées, en automne, à l’arrivée, les minuscules fauvettes à tête noire. Elles viennent tenir compagnie aux pinsons des arbres et aux mésanges assez familières, endémiques.

Dès les premiers kilomètres en campagne, l’alouette et le cochevis huppé, qui lui ressemble beaucoup avec presque la même huppe sur la tête, la bergeronnette d’hiver qui « bat la mesure » avec sa queue et la pie-grièche qui « empale » ses prises aux épines des buissons, sont au rendez-vous.

Les bosquets clairs, les talus couverts de chardons et la colline « boisée » de Gammarth offrent gîte et couvert aux plus beaux, mais protégés parce que très menacés, de nos petits chanteurs : le chardonneret avec son « masque » tricolore, le verdier couleur « tilleul », le serin cini jaune rayé de gris et la linotte mélodieuse à la poitrine rouge.

Dans l’Ouest, la plupart des pylônes électriques ont reçu un support pour accueillir les nids des cigognes. Les oliveraies reçoivent, chaque hiver, la visite inopportune des étourneaux qui se rassemblent, le soir, en nuages mouvants et celle des grives qui régalent les gastronomes. Dans toutes les lagunes, les aigrettes blanches peu farouches et les flamants aux ailes noires et feu pêchent à pas comptés. Il y en a tant !

La « Rubiette de Moussier » au dos noir et au ventre rouge est endémique comme l’Oedicnème aux grands yeux jaunes, le grand corbeau et la pie bavarde au plumage noir et blanc.

Sans compter, ceux qui : mouettes rieuses ou mélanocéphales et goélands argentés, organisent, le long des rivages, des ballets permanents.

 

Où les voir ?

Chercher à voir les oiseaux, peut-être un objectif de promenade facile à réaliser car la Tunisie est relativement petite, les biotopes variés, les parcs nationaux et réserves naturelles nombreux et les oiseaux innombrables. 250 mille oiseaux migrateurs de 120 espèces différentes fréquentent le pays ! Ne comptons pas les sédentaires !

Les zones humides – plus d’une vingtaine sont protégées par la Convention de Ramsar parce qu’elles ont une importance internationale – parsèment le pays. Elles sont souvent aux portes des villes comme les lacs de l’Ichkeul, celui de Tunis, la sebkha Sedjoumi, la Sebkha Ariana, les salines de Tunis, Radès, Mégrine, de Thyna proche de Sfax ainsi que celles de Monastir.

A peine plus éloignées, citons la sebkha de Soliman, la zone humide de Ghar El Melah et la succession de lagunes de la zone de Korba.

Plus loin, le lac Kelbia près de Kairouan, la sebkha d’El Jem se forment durant les années pluvieuses qui remplissent aussi la Garaa de Sidi Mansour située le long de la route Gabès / Gafsa. Elles accueillent chaque année des « merveilles » dotées d’ailes : la glaréole à collier noir à Ghar El Melah, l’avocette au bec légèrement recourbée et au plumage suprêmement élégant blanc et noir. A l’Oued El Abid, au Cap Bon, on devine, plus qu’on voit, le minuscule héron blongios, haut de 15 centimètres. Dans les salines, un peuple de petits limicoles court au ras des flots. Parfois un puffin cendré qui ne vient en Tunisie que pour nicher à Zembra, survole le rivage.

Et nous n’avons rien dit des espèces de canards, des bécassines, des poules d’eau, des foulques et des érismatures. 120 espèces de migrateurs !

Les magnifiques forêts, de feuillus au nord : chênes verts, zéens ou lièges, de résineux : pins d’Alep, Thuya de Berbèrie à l’ouest et jusque dans les Jebel Chaambi et Orbata, abritent, les unes, le geai des chênes criard, sentinelle des bois, les pics tambourineurs et les très discrets hiboux ; les autres le très curieux « bec-croisé » qui décortique les pommes de pin ou le rarissime « gros-bec casse noyaux ».

Dans les massifs montagneux « logent » nos grands rapaces diurnes qu’on peut admirer beaucoup plus prosaïquement en mai-juin au-dessus des collines d’El Haouaria quand ils arrivent d’Europe.

Mais, l’aigle royal du Zaghouan, l’aigle botté des forêts de Khroumirie, l’aigle de Bonelli ou le vautour Percnoptère de la Dorsale tunisienne sont sédentaires.

Le grand Circaète Jean-le-blanc, au plumage clair rayé de noir, grand chasseur de serpents, préfère les massifs plus secs du centre : le Jebel Ouslat ou Trozza par exemple.

D’autres plus petits tels que les milans noirs ou royaux, roux, à la queue fourchue, le magnifique Elanion blanc qui niche depuis peu, les buses variables ou dites « féroces », les éperviers, champion du vol en « rose motte », les faucons qui plongent à plus de 200 km/h sur leur proie, se donnent rendez-vous à El Haouaria.

Les petits faucons crécerelles roux ou leur « petit » cousin : le crécerelette logent volontiers dans les trous de l’aqueduc de Zaghouan.

Tandis que le busard des roseaux qui offre, en vol, une proie à sa femelle pour la « conquérir » et le superbe Balbuzard (aigle) pêcheur se rencontrent le long des lacs de retenue des barrages du nord : celui proche de Nefza en particulier.

Encore quelques lignes pour citer les « ailes du désert » et des steppes : les espèces de gangas, le moineau blanc, le sirli du désert et notre grande Outarde que des étrangers « argentés » exterminent. L’alouette bilophe au masque noir, semblant porter de petites cornes et le minuscule dromoïque, dit « vif-argent » pour sa propension à bouger constamment, colonisent avec le traquet du Sahara, les touffes éparses. Le long des chotts, le traquet à tête grise s’installe dans les terriers des petits rongeurs.

Nous n’en finissons pas ! Partout, autour de nous, du Martin pêcheur et du guêpier au plumage bariolé jusqu’aux pâles « ammomanes blanches » ou leurs cousines « élégantes » des Jebel de Gafsa, les « ailes du printemps » sont déployées en ce moment. Profitez-en !

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