Cela faisait longtemps que l’on n’avait pas entendu certains blogueurs sur la scène publique. Ils se sont aujourd’hui regroupés afin de soutenir la grève de Ramzi Bettaieb alias Winston Smith. Leur mobilisation attirera-t-elle les médias sur les questions cruciales?
Il était seul puis progressivement plusieurs blogueurs et journalistes sont venus se joindre à sa cause. La grève sauvage de la faim de Winston Smith exprime le ras-le-bol général face à un système où la transparence peine à faire son chemin. Filmer un procès est soumis à l’appréciation du juge mais dans le cas de procès historiques tels que celui des martyrs, la caméra semble avoir sa place. Menacé puis expulsé du tribunal après qu’on lui ait confisqué sa caméra, Winston Smith a décidé de se mettre en grève. Houssem Ajlaoui de Nawaat puis le blogueur Yassine Ayari l’ont rejoint suivis le 5 juin par les blogueurs Lina Ben Mehni, Azyz Amami ainsi qu’un autre journaliste de Nawaat Emine M’traoui. La mobilisation massive de la cyberdissidence permettra-t-elle de faire pression sur un procès dont les vices de procédure laissent présager un verdict peu équitable ? C’est l’idée d’Olfa Riahi sur son blog To be good again qui titre un billet «un journaliste massacré par les salafistes». En usant d’un faux titre, elle critique dans son poste l’intérêt médiatique suscité par les salafistes mais pas pour des causes comme celles des martyrs. «Le titre est racoleur oui, certains auraient espéré que l’article le soit encore davantage mais il n’en sera rien. J’ai triché, encore une fois. J’ai triché pour tenter d’attirer l’attention de ces «chevaliers de la lumière», ces farouches «défenseurs des Droits de l’Homme», ces «légionnaires de la liberté, de la transparence, de la vérité» qui ne bougent que lorsqu’une barbe occupe la scène». Les blogueurs en se mobilisant collectivement jouent aussi sur leur notoriété médiatique afin de généraliser le combat à celui du droit à l’information et la liberté d’expression comme le déclare Lina Ben Mehni au moment où elle entame sa grève. «J’ai commencé la grève par soutien aux journalistes de Nawaat. Je crois en la liberté de la presse et de l’expression et malheureusement chaque jour on voit des atteintes à ces libertés». Plus qu’une grève contre une justice à huis-clos, cette initiative tente de reprendre en main des médias dont les préoccupations sont ailleurs.
Quand Jalel trahit Jalel Brick
Est-ce la fin de Jalel Brick ? L’homme inclassable qui préférait se dire politique qu’humoriste semble être allé trop loin dans sa dernière vidéo où il insulte directement le prophète et s’attire ainsi les commentaires les plus extrêmes. La liberté d’expression, oui, mais jusqu’où ? C’est la question que se pose le caricaturiste Z sur son blog Débat Tunisie où, sans cautionner vraiment les propos de Jalel Brick, il s’étonne de voir monter au créneau le mufti de la République alors que l’hypermédiatisation de l’Islam via les salafistes ne semble gêner personne. «Comment peut-on d’un côté obliger les agnostiques à confiner leur hérésie dans l’espace privé, alors que la majorité exprime depuis des siècles sa liberté de croire dans l’espace public par ses mosquées, ses appels à la prière, ses ramadans, ses Aïds et ses lois contre l’alcool, contre le libertinage, contre l’homosexualité et l’héritage toujours injuste envers les femmes». Finalement Jalel Brick est un peu victime de sa propre cause comme Nadia El Fani compare Sarah Ben Hamadi sur le site Tekiano. Au lieu d’un vrai débat sur les raisons qui poussent à être aussi extrême d’un côté comme de l’autre, «Les Tunisiens qui se retrouvent confrontés dans un débat identitaire et religieux, invités surprise de la transition post-révolutionnaire, s’embrouillent et se divisent chaque jour un peu plus» selon elle. Espérons tout de même que Jalel Brick s’en sortira indemne.
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C’est pratiquement confirmé par le ministre des TICS, Mongi Marzoug, l’ATI (Agence Tunisienne d’Internet) n’aura plus vocation à filtrer ou contrôler le web comme elle avait pu le faire sous Ben Ali. L’instance sera indépendante du Ministère à ce niveau là et n’aura vocation qu’à suivre sa mission initiale, gérer le trafic internet, mettre en place des réseaux et héberger des sites web.
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«Si le ministère veut promouvoir le tourisme, ca serait sympa de répondre aux demandes d’itw jusqu’avant la saison d’été» @Lindyys
«Je suis une Amazigh tunisienne. Dans mon pays, je ne peux pas apprendre ma langue à l’école mais je peux apprendre le turc» @TunisianAmazigh