Les chemins de la dignité

Pourtant, la Tunisie à plusieurs cordes à son arc et  possède plusieurs motifs qui l‘autorisent à  célébrer l’an quatre de la Révolution du 14 janvier 2011 avec  fierté et confiance, même si le pays n’a accompli qu’une petite marche et qu’il lui reste à faire l’essentiel pour donner un sens aux revendications  des jeunes,  fer de lance de ce mouvement spontané, pour la liberté et la dignité. La gestion calamiteuse  des affaires publique par la Troïka  a donné du plomb dans l’aile à ce processus. La succession d’événements graves, la persistance de  la menace terroriste,  le massacre perpétré à Paris au siège de Charlie Hebdo et les informations non concordantes diffusées sur l’assassinat de Sofiane Chourabi et Nadhir Guetari disparus en Libye depuis septembre dernier, ont  gâché quelque peu la préparation de la célébration du 4e anniversaire de la Révolution qui survient à un moment important de l’histoire du pays.

Nonobstant le combat mené, dans la douleur et la souffrance,  pour la liberté et la démocratie qui a fini par enfanter la deuxième République et sortir le pays d’une période de transition difficile, tous les indicateurs montrent que cette Révolution reste inachevée et qu’elle aborde même une phase où les incertitudes et les périls constituent la marque dominante.

Sans verser dans un catastrophisme exagéré et mal venu la Tunisie et les Tunisiens  seront confrontés en 2015 à des risques et difficultés économiques, sociales et sécuritaires sans précédent.  Aux déceptions, aux peurs,  attentes vaines et désillusions des jeunes et  des régions, on ne voit  à  l’horizon  point de réponses.  Le pays se trouve, ironie du sort, dans l’incapacité de proposer une alternative qui fera  naître l’espoir et restaurer la confiance chez les jeunes, gagnés par une  profonde désillusion,  des régions intérieures éternellement  exclues du développement et une population gagnée par  le doute et la peur de l’hydre du terrorisme qui risque de précipiter le pays  dans les abysses de la violence aveugle et les déchirements douloureux.

Avec des caisses vides, un secteur productif en lambeaux et des finances publiques souffrant de dérapages incontrôlables, le pays peut-il aller de l’avant sur la voie de la concrétisation des droits économiques et sociaux de la population et consacrer par là même l’un des grands principes de la Révolution, la dignité ?

Comme  l’’adversité contient toujours le ferment d’une nouvelle chance, il est loisible que les premiers pas fermes engagés par notre pays sur la voie de la démocratie et de la liberté soient le bon terreau qui mobilisera toutes les énergies créatrices et qui  viendraient  desserrer,   un tant soit peu,   les fortes pressions  auxquelles la Tunisie fait aujourd’hui  face. Satisfaire plusieurs exigences équivaudrait à  emprunter la bonne  piste qui fera sortir la Tunisie de cette mauvaise passe. Pour y parvenir, il faut avoir en main certaines clefs. Elles supposent de  repenser le modèle de développement qui fera de l’inclusion un  attribut essentiel, renforcer la sécurité et combattre sans relâche le terrorisme, réhabiliter la valeur du travail, considérer l’effort comme seul ascenseur social et engager des réformes profondes pour combattre la pauvreté, l’exclusion et le chômage. La tâche est énorme, elle exige  intelligence, sagesse et justice. Elle implique de viser juste et de donner le bon signal  afin de faire renaître l’espoir et de renforcer l’adhésion de la population  à un projet de société dans lequel elle peut se reconnaître.

L’an IV de la Révolution se célèbre dans un contexte, certes difficile, mais nouveau et chargé d’espoirs.

Related posts

Le danger et la désinvolture 

Changer de paradigmes

El Amra et Jebeniana