Les civils de Gaza sous les bombes : Quand la conscience perd la mémoire

Photo Mahmud HAMS / AFP

La Tunisie fait front aux côtés du peuple palestinien martyrisé par une armée israélienne qui ne respecte ni le droit international, ni les règles de la guerre, ni les valeurs morales, ni l’éthique quand ses alliés lui donnent carte blanche pour « se défendre » contre le Hamas.

Depuis sa création, Israël n’a jamais eu, en vérité, besoin d’une attaque du Hamas ou d’un quelconque soutien, hormis celui des Etats-Unis et de son véto au Conseil de sécurité, pour commettre des crimes de guerre contre les Palestiniens et usurper leur terre. Son histoire pullule d’événements sanglants les uns plus scandaleux que les autres, en raison notamment de la complicité de la communauté internationale, sous tutelle américaine.
Bombardements aériens intenses sur les civils palestiniens, siège total de la bande de Gaza, incitations des populations déplacées à l’exil forcé, des milliers de tués en majorité des enfants et des femmes, des familles entières massacrées… En résumé : une épuration ethnique opérée par l’armée israélienne à Gaza avec la complicité des Etats-Unis, de la France, de l’Allemagne, de l’Italie et du Royaume-Uni qui ont donné carte blanche à Israël dans sa riposte à l’attaque de Hamas du 7 octobre 2023. Et dans le silence honteux des autres pays et des organisations internationales qui n’osent pas accuser Israël de crimes de guerre quand son armée cible des civils palestiniens avec des bombardements aériens, ni rappeler à l’ordre ses dirigeants quand ils piétinent le droit international humanitaire en privant les civils gazaouis d’eau, de nourriture, de médicaments et d’électricité. Le tout dans un contexte de montée des discours de haine contre les Palestiniens et les musulmans, en Israël et dans les pays occidentaux alliés, engagés à fond aux côtés des Israéliens dans leur «droit de se défendre », sans respect des règles de la guerre. Une carte blanche que l’armée israélienne manie avec une barbarie inédite pour se venger du Hamas, pour camoufler son cuisant échec devant l’impensable attaque de la résistance palestinienne le 7 octobre 2023 et sa faiblesse ou son impréparation à réagir avec honneur pour se défendre selon les règles de la guerre et pour ramener à la maison les centaines d’otages détenus par Hamas au moyen de négociations. La barbarie israélienne est d’une infamie telle que ses bombardements aériens incessants et aveugles ont tué des Israéliens, otages de Hamas, avec les civils palestiniens.

Infractions au droit international humanitaire
La contre-attaque d’Israël au « Déluge d’Al Qods » mené par Hamas depuis le 7 octobre courant, dépasse l’entendement : les victimes des bombes de l’armée israélienne sont en majorité des enfants (plus de 700) et des femmes tués par des bombardements aériens de leurs maisons. Benjamin Netanyahu et son gouvernement extrémiste ont poussé le cynisme jusqu’à assoiffer, affamer et laisser mourir les 2,2 millions d’habitants de Gaza en instaurant un siège total et implacable  de l’enclave gazaouie. L’eau et l’électricité sont coupées ; la nourriture et les médicaments n’entrent plus à Gaza. Une punition collective, une torture généralisée, en infraction au droit international humanitaire, de l’avis de toutes les organisations internationales des droits de l’homme et du droit humanitaire, pour se venger de l’audacieuse et inattendue attaque du Hamas, ce 7 octobre 2023. Il est vrai que l’attaque a été violente et a pris de court le gouvernement et l’armée sionistes ainsi que le monde entier. il est vrai aussi que Hamas a frappé fort, très fort, en prenant des otages civils, des femmes, des enfants, des hommes et des soldats. Certains ont été tués pendant l’attaque, d’autres ont été capturés, certains d’entre eux ont été tués par les bombardements de leur propre armée, l’invincible « Tsahal ». Les Israéliens sont sous le choc, ils réclament vengeance et le retour des otages. Le monde occidental est en bloc à leurs côtés et soutient « le droit d’Israël de se défendre ». Mais la réponse de l’armée israélienne est disproportionnée et s’apparente à un terrorisme d’Etat, poussée par les Américains qui mettent en branle pas moins de trois porte-avions pour aider Netanyahu et son armée d’au moins 350 000 hommes à se défendre contre quelques milliers de combattants du Hamas et d’autres factions palestiniennes qui constituent la résistance palestinienne. Des résistants, et non des terroristes, qui ont mis deux années pour préparer avec la plus grande minutie cette attaque dont l’objectif est de mettre fin au blocus de Gaza qui dure depuis 2007, aux provocations violentes des colons, aux injustices infligées aux Palestiniens chassés de leurs maisons, aux milliers de prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes, aux exécutions sommaires, aux restrictions, aux privations… à l’Apartheid exercé par Israël depuis des décennies.
Tous ces supplices vécus au quotidien par des générations de Palestiniens sont éludés par les Occidentaux et leurs médias parce que l’histoire ne donne pas raison à l’entité sioniste qui a été implantée par les Occidentaux en terre palestinienne en 1948, d’où les Palestiniens autochtones ont été chassés aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale. L’histoire de cette région peut être un chemin vers une paix juste, mais les usurpateurs de la terre des Palestiniens ne veulent pas l’arborer parce qu’elle témoigne de leur crime originel contre les vrais habitants de Palestine. Alors, ils tuent, ils répriment, ils chassent, ils diffusent un discours victimaire et déforment l’histoire.  Leurs alliés américains et occidentaux les soutiennent aveuglément contre vents et marées, contre toute morale, contre toute éthique, sans doute pour payer une dette imprescriptible avec le temps, ce que les Juifs appellent « la Shoah », mais tout en les casant ailleurs, loin de leurs terres.

Projet machiavélique des Israéliens
Les dirigeants occidentaux, défenseurs de la démocratie et des libertés, devront un jour répondre devant le tribunal de l’histoire du génocide gazaoui dont ils ont été complices et du projet machiavélique israélien qui consiste à faire sortir les Palestiniens de leur terre —ce sera la seconde fois après celle de 1948 (La Nakba)— et à les déplacer en Egypte, précisément au Sinaï. Ce que le président égyptien Abdelfattah Sissi rejette catégoriquement car ce complot qui, dans une seconde étape, envisage de déplacer les habitants de Cisjordanie en Jordanie voisine, a pour objectif de tourner définitivement la page de la cause palestinienne. Et dans le déni total, les Occidentaux réclament aux Arabes, aux musulmans, de reconnaître l’Etat d’Israël, de normaliser les relations avec lui, de dénier les droits élémentaires et inaliénables des Palestiniens et, en outre, de condamner l’attaque de Hamas du 7 octobre. En même temps, les médias occidentaux, européens notamment, servent un discours haineux, propagandiste, et les réseaux sociaux et autres plateformes numériques qui laissent circuler un discours contraire sont « rappelés à leurs obligations » par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen qui dit être « inquiète par la montée des discours de haine et des fausses informations… ».
La Tunisie a choisi son camp, celui du peuple palestinien et son droit à un Etat indépendant avec Al Qods comme capitale. Ce choix est une constante politique de l’Etat tunisien, depuis l’époque de Bourguiba, et une conviction de tout le peuple tunisien. C’est d’ailleurs le seul sujet qui ait fait l’unanimité en Tunisie depuis 2011. La position de Kaïs Saïed à la dernière réunion des ministres des Affaires étrangères au sein de la Ligue arabe a été saluée par l’ensemble du peuple tunisien, y compris par l’opposition et par ses adversaires politiques. C’est dire que la Tunisie, qui a connu la barbarie de l’entité sioniste pour avoir été sa victime en 1985 avec l’attaque surprise et injustifiée de Hammam Chatt, soutient totalement et sans condition la Palestine dans sa noble lutte contre l’occupant. Un soutien franc et déterminé qui devrait s’exprimer, également, dans les prochains jours, par l’adoption avec une majorité confortable par le parlement d’une loi criminalisant la normalisation avec l’entité sioniste.
Cette année 2023 aura été riche en événements regrettables : la paix a été tuée en Ukraine et l’humanité à Gaza. A deux reprises, le monde frôle une troisième guerre mondiale ; les valeurs, l’éthique, le respect de l’être humain ont été balayés par la folie humaine, l’hystérie guerrière, le goût du sang qui coule à flots. Au nom d’une démocratie occidentale menacée tantôt par les dictatures orientales, tantôt par l’islam politique, tantôt par l’immigration, le racisme, la suprématie des blancs, l’exhibition de la force, l’esprit colonisateur font leur grand retour. Le monde occidental, dit libre, s’ostracise et les peuples perdent leur quiétude. Désormais, la parole libre est muselée et le silence est accusé de complicité avec le terrorisme.

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