Les claques et les piques d’Elyes Fakhfakh pour Rached Ghannouchi

Une fois encore, le Chef du gouvernement, Elyes Fakhfakh, a prouvé qu’il était un bien meilleur orateur dans les interviews directes par rapport aux discours et aux allocutions classiques. L’entretien du dimanche 14 juin 2020, diffusé en direct sur Mosaïque FM et Attessia TV, était l’occasion pour le Chef du gouvernement de revenir sur la gravité de la situation économique actuelle et, surtout, sur celle des caisses de l’État. La dimension politique était également importante et le Chef du gouvernement a profité de son passage médiatique pour répondre aux incessants, discrets et traditionnels appels d’Ennahdha au remaniement ministériel.

« C’est moi qui commande »

« Ennahdha est un parti de la coalition au pouvoir. Rached Ghannouchi peut faire ce que bon lui semble au sein du parti qu’il préside. Ce gouvernement n’est pas celui d’Ennahdha et, pour ma part, j’ai été désigné par le président de la République. Pourquoi envisager un élargissement de la coalition ? L’actuelle fonctionne bien et elle est suffisante », a déclaré le Chef du gouvernement.
On ne peut pas être plus clair. Pour Elyes Fakhfakh, hors de question, du moins semble-t-il, de se plier à la volonté du Cheikh Rached Ghannouchi, président d’Ennahdha. Celui-ci, rappelons-le, a appelé à un élargissement de la coalition et à un remaniement ministériel. En fait, c’est surtout le Mouvement Achâab et Tahya Tounes qu’il ne souhaite plus voir au sein du gouvernement puisque ces derniers, à l’ARP (Assemblée des Représentants du Peuple), ont voté contre les motions du parti islamiste.
Après son échec de manipuler l’ancien Chef du gouvernement, Youssef Chahed, Rached Ghannouchi veut visiblement jeter son dévolu sur Elyes Fakhfakh. Celui-ci ne semble pas entendre les choses de cette oreille et souhaite s’imposer. Encore faut-il qu’il y parvienne réellement car Ennahdha, ses ténors et son président, le Cheikh Rached Ghannouchi, sont des animaux politiques rusés et expérimentés, que l’on veuille ou non.

Non, il ne faut pas toucher aux salaires des fonctionnaires

Outre le volet politique, le Chef du gouvernement, dans son interview, voulait rassurer, mais tout en dressant un état des lieux de la dure situation du pays. « On risque de faire baisser les salaires dans la fonction publique », a-t-il réitéré 3 fois d’affilé. Cela semble être une mise en garde adressée à l’UGTT (Union Générale Tunisienne du Travail) qui s’accroche bec et ongles aux majorations salariales dans la fonction publique. Pour Fakhfakh, c’était donc une façon de dire « oubliées les hausses des salaires, il faut déjà s’assurer que ces salaires soient versés ». Toutefois, ce serait une faute grave de toucher, pour de bon, aux salaires des fonctionnaires. Le Chef du gouvernement ne doit pas oublier qu’il existe d’autres ressources dans lesquelles l’État peut puiser. Il y a, tout d’abord, l’évasion fiscale qui coûte des milliards de dinars à l’État. Et il ne faut pas oublier les excès dans les dépenses de fonctionnement des institutions publiques (bons d’essence, entretien des véhicules, etc.), et sans oublier les salaires des ministres et des députés. S’il y a un effort à faire pour garantir de nouvelles ressources financières pour l’État, c’est de ce côté qu’il faut puiser.

Fakhri Khlissa

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