Les dessous de l’affaire

L’interruption soudaine d’Attounissia TV le 6 juillet, a créé une grande surprise chez les téléspectateurs. Affaire de gros sous ou règlement de comptes ?

De nouveau, Sami El Fehri fait parler de lui, alors qu’il réside toujours en prison. La chaîne qui diffusait jusque-là les programmes à succès de sa société Cactus Prod., a changé brutalement d’orientation. Samedi soir, en pleine diffusion du programme Labes de Naoufel Ouertani, un écran bleu est apparu, avec un nouveau logo pour la chaîne et l’annonce au public du lancement d’un bouquet de chaînes du même nom : Attounissia Sport,  Attounissia  al Oula et Attounissia  News. Surprise générale. On apprend ensuite que Slim Riahi, propriétaire des fréquences de la chaîne en a décidé ainsi, car Cactus Prod. n’a pas honoré ses engagements financiers envers lui. S’ensuit alors une vive polémique : d’un côté l’avocat de Slim Riahi a justifié la décision par des «échéances impayées et la découverte d’abus financiers», d’un autre, Naoufel Ouertani, l’animateur de l’émission Labes, a évoqué le scénario d’un complot contre la chaîne à des fins politiques, afin de la faire taire. Moez Ben Gharbia, animateur de l’émission Attasiâa Massaa, a poursuivi dans le même ordre d’idées allant jusqu’à accuser un patron d’une télé concurrente d’être derrière la coupure de diffusion, en promettant de révéler son identité dans un numéro à venir de son émission et de dévoiler des documents l’incriminant.

 

Un complot ?

Selon le site web «Tunisie Secret» tous les doutes s’orienteraient vers le propriétaire de Nessma TV qui serait le seul bénéficiaire d’un arrêt d’Attounissia, laquelle ne cesse de se placer en haut des sondages (35,2% par rapport aux 20,1% pour Nessma TV, selon de dernier sondage de Sigma Conseil). Elle risque, par ailleurs, d’obtenir la part du lion du marché publicitaire durant le mois de Ramadan avec la programmation spéciale et très suivie. Mieux vaut donc s’en débarrasser à temps !

Mais le fond du problème demeure. Slim Riahi réclame toujours son dû alors que les responsables de Cactus Prod. affirment avoir payé leurs échéances, sauf que le virement a eu du retard à cause de problèmes émanant de la Banque centrale. Lors d’une conférence de presse organisée le 8 juillet, l’avocat de Cactus, Me Abdelaziz Essid, a affirmé être en possession de documents révélant que ledit virement a été effectué depuis le 4 juillet et que les accusations de malversations à l’encontre de la société ne sont pas justes, ce qui lui permet de s’adresser à la justice pour demander réparation. Il a aussi révélé que tout en étant propriétaire des fréquences, Riahi ne possède pas le logo d’Ettounseya, enregistré à l’INNORPI sous le nom de Souhaiel El Fehri, frère de Sami El Fehri. La coupure brusque et sans préavis a causé des dégâts énormes à la chaîne qui s’apprêtait à lancer sa grille ramadanesque, avec des contrats publicitaires à honorer. D’où une intention délibérée, selon Me Essid, de pousser la chaîne à la faillite. Il compte, désormais, lancer plusieurs procès contre Slim Riahi.

 

Al Hiwar Ettounsi, le grand gagnant !

S’il y a un gagnant de cet épisode désolant, c’est bien Tahar Ben Hassine, propriétaire de la chaîne Al Hiwar Ettounssi qui a proposé aux responsables de Cactus de diffuser leurs émissions sur sa télévision. Du pain bénit, pour celui qui a lancé, en février dernier, la campagne de la vente du persil pour dénoncer les difficultés financières dont souffrait sa chaîne. Désormais, il pourrait booster l’audience d’Al Hiwar Ettounsi tout en profitant de la manne publicitaire que drainera la programmation ramadanesque alléchante de Cactus Prod.

Et dans toute cette polémique, la HAICA reste perplexe, ne voulant pas se précipiter pour prendre une décision, car l’affaire est délicate. Selon Hichem Snoussi, membre de la HAICA, il s’agit d’ouvrir tout le dossier de la régulation du paysage audiovisuel, sachant que plusieurs chaînes de télévision ne respectent pas les cahiers de charges élaborés par l’INRIC (Instance nationale pour la réforme de l’Information et de la Communication). «Prendre une décision ferme nécessite une analyse profonde de la situation du secteur, chose que nous sommes en train de faire.»

Hanène Zbiss  

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