Les dessous du revirement de Biden

Il n’y a pas photo ! Il s’agit bel et bien d’une première : non seulement le Président américain annonce qu’il ne livrerait pas certaines armes à Israël, mais il reconnait, et pour la première fois, que des bombes américaines livrées jusque-là ont été utilisées contre des civils à Gaza.

Serait-ce la fin du soutien américain inconditionnel à l’entité sioniste ? S’agirait-il d’un point de rupture entre les deux alliés? Serait-ce réellement un éveil de conscience chez Joe Biden ou s’agirait-il encore d’une simple entourloupe pour apaiser la tension, amadouer la frange américaine en colère, maitriser l’ire estudiantine qui va crescendo, et par ricochet, rattraper une popularité quasi perdue à l’orée des futures élections présidentielles ?

Les faits

Dans un entretien diffusé à la télévision américaine, Joe Biden a implicitement reconnu la responsabilité américaine quant aux tueries perpétrées à Gaza en admettant que «des bombes que les USA ont livrées avaient été utilisées contre des civils». Il a également averti « qu’en cas d’offensive majeure à Rafah, il ne livrerait pas certaines armes à Israël ». Cependant, il convient de noter que Biden ne considère pas ce qui se passe actuellement à Rafah comme une offensive contre des civils ! Il a laissé entendre que l’opération en cours, demeure encore dans les limites de « l’acceptable » !
Toutefois, si le président américain conditionne son aide militaire en faveur de son allié, ceci ne veut pas forcément dire qu’il tourne le dos à Tel Aviv !

De fait, l’octogénaire à la tête de la maison blanche continuerait de caresser son « enfant chéri » dans le sens des poils en assurant que les États-Unis continueraient à « assurer la protection d’Israël par le Dôme de fer », véritable bouclier de la défense anti-aérienne au ciel israélien.

Certes ces nouvelles ont été applaudies par les peuples arabes qui portent la cause Palestinienne dans leur cœur et lesquels guettent la moindre lueur d’espoir. Certains espèrent même qu’il s’agisse du début de la fin pour l’alliance américano-israélienne. Mais serait-ce réellement le cas ?

Propagande ?

Lors d’une déclaration accordée à Réalités Online Jemii Guesmi, auteur, chercheur et analyste en politique internationale a révélé qu’il serait quasiment impossible d’envisager une rupture politique entre les USA et l’entité sioniste.

« A mon sens, une rupture politique ne serait pas envisageable dans la mesure où les territoires occupés représenteraient une sorte d’Etat qui appartient aux Etats Unis d’Amérique ! Et ce, pour trois raisons. De prime abord, je trouve que les USA ont besoin de l’entité sioniste pour gérer ses intérêts dans la région, même s’il s’agit de l’Etat qui épuise la majorité des ressources américaines », révèle notre interlocuteur.

Et d’ajouter « A mon avis l’administration américaine continuerait toujours de soutenir l’Etat sioniste dans la mesure où elle représente la dure férule américaine dans la région. Cela dit, je pense que la déclaration donnée hier par Joe Biden aurait essentiellement des objectifs électoraux. Il chercherait à regagner la sympathie des étudiants en colère et de certaines franges des Américains qui, jusque là, l’accusaient d’être trop permissif lorsqu’il s’agit de l’entité sioniste. Biden, à mon humble avis, aurait également fait cette déclaration pour rectifier l’image des USA en tant que pays démocrate aux yeux du monde. Parce qu’un pays qui prétend être un défenseur de la démocratie et des droits de l’Homme ne peut aucunement légitimer les tueries, les crimes et les génocides ! Il s’agirait donc d’une manœuvre pour, d’un côté, se défaire de l’image du tyran anti-démocrate qui applique la politique des deux poids, deux mesures, et de l’autre, prouver que les USA sont bien capables d’exercer une pression sur les sionistes, chose qui a semblé impossible depuis octobre ».

Abir CHEMLI

 

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