Les principales problématiques du secteur de la presse ont été abordées dans le cadre d’un débat organisé dans le cadre de l’Ooredoo Médias Club (OMC). Des représentants du secteur ont pris part à ce rendez-vous : Taïeb Zahar, président de la Fédération Tunisienne des directeurs de Journaux, Radhouane Charfi, directeur exécutif du Syndicat tunisien des directeurs de médias et une plèiade de responsables de médias.
A l’ouverture des débats, Mohamed Chelbi, chercheur en sciences de l’information et de la communication, a déploré l’absence d’une instance d’autorégulation dans le secteur, qui devrait être constituée de journalistes et d’éditeurs. Chelbi insiste sur le mot « auto », précisant qu’une telle instance sera différente de la HAICA qui, pour sa part, régule le secteur de l’audiovisuel.
Outre l’instance, Mohamed Chelbi a évoqué les autres obstacles rencontrés par les médias aujourd’hui, à savoir la rareté des lecteurs, les difficultés de vente, ou encore l’appartenance partisane des journalistes et leur manque de professionnalisme. Il a également prôné la création d’un conseil de presse, qu’il a qualifié d’instance incontournable à toute démocratie.
D’autre part, le chercheur a insisté sur le rôle capital de l’autorégulation interne et de la pratique des médias à responsabilités sociale, plus connue sous l’acronyme (MARS). À travers ce concept, les journalistes s’engagent à respecter les règles fondamentales de la déontologie du métier. Il a, par la suite, longuement insisté sur le but ultime que devrait se fixer chaque média : produire du contenu crédible, une condition fondamentale pour le renforcement de la démocratie en Tunisie.
Création d’un conseil de la presse
Taïeb Zahar, président de la FTDJ, a de prime abord annoncé l’urgence de la création du conseil de presse de Tunisie pour sauver le secteur du naufrage. Ce conseil se chargerait de la mise sur pied d’un code déontologique commun à tous les journalistes.
Taïeb Zahar, est ensuite revenu sur les difficultés que connait la presse tunisienne, fustigeant, par la même occasion, les pratiques de la presse de caniveau, dont les méthodes, selon lui, n’ont rien à voir avec le journalisme.
Le président de la FTDJ a également exposé la problématique de la distribution des journaux. Une opération monopolisée par une seule personne, d’après lui, qui s’effectue en fonction « des penchants et des bénéfices générés ».
Taïeb Zahar a insisté sur le rôle de l’État dans le sauvetage du secteur de la presse. Il a appelé à la mise en oeuvre des solutions urgentes, préconisées depuis des années.
Pour sa part, le directeur exécutif du syndicat Tunisien des directeurs de médias, Radhoune Charfi, a appelé l’Etat à soutenir les médias crédibles, professionnels faisant preuve de prémices de contenus de qualité et à réviser au plus les fameux décrets 115 et 116 en faisant participer les vrais professionnels à leur modification.
Radio numérique terrestre
Intervenant au sujet du paysage audiovisuel, Chelbi a insisté sur l’urgence de charger une seule instance pour la mesure des taux d’audience et de navigation à l’initiative des éditeurs pour garantir la crédibilité des résultats.
Mohamed Chelbi a soulevé également la question de la radio numérique terrestre, RNT, dossier oublié en Tunisie, en rappelant que l’Afrique du sud, par exemple, avait commencé à se préparer depuis longtemps à la fermeture de la bande FM et que le quart du pays était arrosé par la diffusion de la RNT alors que le dossier n’était même pas à l’ordre du jour en Tunisie. Mohamed Chelbi a rappelé qu’il existait des délais pour chasser les radios de la bande FM et que l’Union Internationale des Télécommunications n’attendrait pas les retardataires comme la Tunisie.
« Les médias ont pour but final de produire un contenu de qualité et de servir aux citoyens des informations correctes » a-t-il dit. Et d’ajouter que « des contenus crédibles constituaient la plus importante des garanties pour instaurer la démocratie dans le pays, et cela en se ferait pas sans un conseil de presse pour l’autorégulation des médias« .
Par ailleurs, la question de la publicité publique et privée a été, également soulevée lors de cette rencontre. Certains, parmi l’assistance, ont dénoncé des pratiques qui piétinent la déontologie du métier, à l’instar des contrats signés entre certains journaux et des annonceurs qui ont exigé le silence, en contre-partie d’importantes sommes d’argent.
L’inégalité de la répartition de la publicité a, à la fin, aussi été mise sur la table. Celle-ci, d’après les intervenants, ne respecte pas la pertinence du site d’information cible.