Pourquoi multiplier les rencontres, les concertations et les discours portant sur l’accélération des projets de production des énergies renouvelables alors qu’il faudrait plutôt les concrétiser dans la réalité des faits dans les régions intérieures du pays ? Ce qui ne semble pas encore être le cas sur le terrain dans notre pays. Cela dure depuis 19 ans que l’on parle de plan solaire tunisien, de disponibilité des fonds multilatéraux et de crédits bancaires pour le financer, de technologie éprouvée, lorsqu’il s’agit de centrales photovoltaïques ou éoliennes. Mais on continue encore dans la tradition des centrales électriques à cycle combiné, tandis que le prix du baril de brent frise les 70 dollars et que notre déficit énergétique a atteint 60% de notre consommation globale d’énergie.
Nous avons, en fait, raté tout un cycle de fluctuations du prix du pétrole puisqu’il était, il y a dix ans, à 36 dollars. Nous nous sommes pressés lentement pour mettre en place notre dispositif de promotion du renouvelable, le temps que les prix du pétrole doublent.
C’est que les obstacles étaient nombreux et les handicaps variés.
Le personnel de la STEG freinait des quatre fers avec la crainte de perdre le monopole de la production, ce qui coïnciderait avec la perte de ses privilèges.
Le code de l’énergie devait être révisé pour admettre que des investisseurs privés puissent accéder au droit de produire de l’énergie et de la vendre à la STEG qui garde le monopole du transport et de la distribution.
La discussion et l’adoption de la nouvelle loi ont demandé des années à l’Assemblée des représentants du peuple, à cause de l’absentéisme légendaire de nos députés.
Il a fallu ensuite attendre des mois pour que les décrets d’application soient publiés avec la mobilité accélérée des ministres de l’énergie.
On ne s’en sort pas facilement de la bureaucratie avec ses lenteurs et ses complexités. En effet, pour publier les appels d’offres lorsqu’il s’agit de concessions à accorder par l’Etat, il faut auparavant rédiger des cahiers des charges avec notamment la délicate question à traiter : à quel prix la STEG va racheter le kilowatt/heure et selon quelle formule ce prix serait révisé avec l’évolution des coûts à l’avenir ?
Cette course d’obstacles qui a duré des années a un coût faramineux, celui des retards accumulés depuis 2011 par rapport à d’autres pays à niveau similaire.
Toujours est-il que le gouvernement semble avoir maintenant arrêté un programme définitif des projets à réaliser.
Conscient des retards accumulés durant tout ce temps, il vient d’organiser une rencontre relative à l’accélération des projets à réaliser sans perdre de vue les impératifs d’efficacité énergétique aussi bien dans le secteur public que privé.
L’objectif du gouvernement en matière de promotion des énergies renouvelables consiste en trois types de projets. A savoir, les projets financés par l’Etat dans le cadre de la filiale STEG énergies renouvelables, les projets à financer par des investisseurs privés sous forme de concessions accordées par l’Etat et enfin, les petits projets promus par des industriels et soumis à autorisation.
Il y a lancement de dix grands projets énergétiques renouvelables, totalisant 600 mégawatts sur le moyen et le long termes pour un coût global approximatif de l’ordre de 200 millions de dinars à réaliser par l’Etat.
Pour les projets à réaliser sous forme de concessions et dont les appels d’offres seront lancés le 27 avril 2018, la puissance totale a été portée à 800 mégawatts pour un coût global de 2000 millions de dinars. Quant à la répartition, elle sera faite pour le solaire entre Gafsa et Tataouine (100 MW chacun) et Tozeur (50 MW).
Pour l’éolien, il y aura 500 MW entre Nabeul (200 MW), Kebili (100 MW) et 200 MW (projet développement dans le désert).
Pour les projets privés soumis à autorisation, il s’agit de 10 projets, 6 de 10 mégawatts à Sidi Bou Zid, Kairouan, Tataouine et Kasserine, et 4 de 1 mégawatt à Gafsa, Béja, Tataouine et Kairouan.
Malheureusement dans notre pays, on sait quand les projets sont entamés (et encore il y a souvent des reports), mais on ne sait jamais quand ils seront achevés, tellement il y a d’obstacles avec la mauvaise volonté des uns et des autres.
Il faut dire que la subvention consacrée à la compensation des prix des hydrocarbures dans le budget de l’Etat pour 2018, est de 1500 millions de dinars, ce qui est déjà beaucoup.
Mais en fait, elle est en train de prendre des proportions alarmantes, de quoi alourdir encore plus la crise aiguë des finances publiques.
En effet, le prix de référence retenu dans le cadre du budget de l’Etat pour 2018, est de 54 dollars le baril, largement dépassé déjà à cause de la chute des taux de change du dinar.
Il y a en outre, la flambée des prix du baril de pétrole brut sur le marché mondial, qui grimpent allègrement au point de dépasser 64 dollars pour atteindre probablement 70 dollars dans les semaines à venir en fonction de la montée rapide des tensions politiques et sécuritaires dans le monde.
En définitive, un constat-choc : la facture compensation des prix de l’énergie sera de l’ordre de 3000 millions de dinars fin 2018 (3 milliards de dinars).