La pandémie de coronavirus pourrait bien signer un recul notable en matière de parité.
C’est un faisceau de signes inquiétants. La pandémie pourrait bien avoir fait faire un véritable bond en arrière à la parité. Dès juin dernier, l’Organisation internationale du travail tirait la sonnette d’alarme. Avec le Covid-19, « le risque existe de perdre certains acquis de ces dernières décennies, et d’aggraver les inégalités entre hommes et femmes sur le marché du travail […]. Leurs emplois sont beaucoup plus menacés que ceux des hommes, en particulier en raison de la crise que traverse le secteur des services », écrivaient les auteurs.
Est-ce le cas en France, par exemple ? Les femmes ont-elles été plus touchées par l’activité partielle, par exemple ? Leurs revenus ont-ils davantage diminué ? Beaucoup le pensent. Les secteurs sinistrés, comme l’hôtellerie ou la restauration, sont davantage féminisés, entend-on. Impossible cependant d’avoir une photographie claire de la situation. On ne peut que le déplorer, les statistiques du ministère français du Travail ne sont pas genrées. « En pleine crise, c’est inadmissible », s’emporte Brigitte Grésy, présidente du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes. Quelles mesures prendre en matière d’égalité si on ne dispose pas des outils adéquats ?
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les cadres en télétravail ne sont pas mieux loties. Les femmes sont 1,3 fois moins nombreuses que les hommes à disposer d’un espace à elle à la maison, relève une étude du Boston Consulting Group. Une chambre à soi pour s’émanciper, écrivait Virginia Woolf… Son manque apparaît aujourd’hui comme le cruel révélateur d’un recul en matière d’égalité.
(L’Express)