Les fleurs à pétales colorés dotées de pollen, de parfum subtil et de nectar parfois alcoolisé, sont apparues à la fin de l’ère secondaire, il y a 70 millions d’années environ. Les insectes, apparus bien avant, se sont spécialisés pour les polliniser et engendrer la reproduction sexuée. Elles ont fait partie, dès leur début, de la pharmacopée humaine. Près de la moitié de nos médicaments sont d’origine végétale. Voyons ce qu’il en est quotidiennement par les traitements les plus simples : l’infusion et la décoction.
Les fleurs très connues
Presque toutes les maîtresses de maison ont un pot de basilic, ocinum basilicum « Hbac – حبُق » dès la belle saison. Habituellement, on coupe les sommités fleuries pour que la plante ne monte pas en graines. Si elles sont séchées puis moulues, elles sont utilisées en infusion ou en décoction pour soigner l’indigestion, l’inappétence, les flatulences et les ballonnements grâce à ses propriétés antispasmodiques dont le « linadol » est prépondérant.
Le thym, thymus vulgaris, « Zaater –زَعتر », fait partie de la liste des « épices » de toutes les ménagères. Les tiges fleuries sont récoltées puis séchées à l’ombre. En infusion, elles soignent les digestions lentes, la vésicule paresseuse, éventuellement la toux, grâce à son thymol désinfectant et son carvacrol. Symbole de courage dans la Grèce antique, il est difficile à faire pousser.
Le romarin, rosmarinus officinalis, « klil – كليل », est au moins aussi difficile à bouturer que le thym. Ses sommités fleuries sont séchées. En infusion, elles soignent la dyspepsie, les crampes, les ballonnements. Elles sont aussi un remède pour les infections bronchiques et O.R.L. Elles peuvent encore intervenir bénéfiquement contre les rhumatismes.
L’origan, origanum vulgaris, est très utilisé en graines, en branches fraîches dans la gastronomie locale. Les sommités fleuries, récoltées au début de la floraison, puis séchées, sont utilisées pour guérir l’aérophagie, les fermentations intestinales et même parfois la bronchite grâce à ses composés phénoliques. Elles sont riches en poly-phénols.
La marrube, marrubium vulgare, « Oum Roubia – أمّ روبية », est très employée dans les campagnes. Ses sommités récoltées en début de floraison, séchées puis fragmentées, sont utilisées aussi bien en infusion qu’en décoction contre les troubles digestifs légers, l’inflammation des voies respiratoires et les toux rebelles et même contre les troubles de la sécrétion biliaire grâce à ses diterpènes amers dont la marrubine qui, à des doses élevées, peut provoquer des troubles du rythme cardiaque.
La mauve, malva sylvestris, « khoubbiza – خُبّيزة », n’est plus à présenter. Les fleurs sont récoltées durant toute la floraison. Elles guérissent la constipation, les colites spasmodiques, les affections bronchiques et la toux en infusion et même les affections cutanées ou celles de la cavité buccale grâce à ses mucilages riches en polysaccharides réputés pour leur activité sédative.
La camomille, chamaemelum nobile, « bibounj – بِبونج », dite camomille « romaine » est une petite plante vivace aux petites fleurs blanches au cœur jaune et aux feuilles très découpées à odeur forte. Les fleurs réunies en capitules sont récoltées et séchées à l’abri de la lumière et de l’humidité. En infusion, elle soigne les troubles digestifs, les irritations oculaires et même les insomnies grâce à l’activité antispasmodique, digestive et anti-inflammatoire de ses poly-phénols.
La bourrache, borago officinalis, « Bou khrich – بوخريش », est recouverte de poils hérissés. Ses belles fleurs bleues ont un cœur noir en pointe. Récoltées en début de floraison, elles sont principalement utilisées en infusion. Elles soignent le vieillissement de la peau, sa sécheresse et sa perte d’élasticité grâce à ses mucilages aux propriétés adoucissantes. Des alcaloïdes pyrrolizidiniques en très faible quantité, imposent un avis médical à son usage en infusion.
La lavande, lavandula officinalis, « khezèma –خزامة », est utilisée dans la parfumerie et elle est cultivée dans l’agriculture sur le pourtour méditerranéen. En infusion, ses fleurs séchées soignent la nervosité, les troubles légers du sommeil, grâce à ses puissantes propriétés antimicrobiennes et antiseptiques. Elle a aussi une action hypotensive et des effets sédatifs agissant sur le système nerveux central. A hautes doses, c’est un neurotoxique. Il faut l’utiliser avec prudence.
La verveine, verbena officinalis, « tronjiya –ترُنجيّة », fait partie de toutes les bonnes tisanes adoucissantes. Les sommités fleuries séchées traitent, en infusion, les états nerveux, les crampes, la fatigue et la grippe. En usage externe, des compresses de l’infusion traitent les gerçures, les crevasses, les érythèmes.
La bruyère commune, calluna vulgaris, « Bou haddèd – بو حَدّاد », couvre les collines du Nord-Ouest. Ses sommités fleuries récoltées en fin de floraison et séchées sont utilisées en infusion pour traiter les inflammations aiguës ou chroniques de l’appareil urinaire. Elle peut aussi intervenir comme traitement complémentaire d’inflammations d’origine rhumatismale, voire des crises de goutte grâce à l’arbuloside qu’elle contient.
La marjolaine, origanum majorana, « mardgouch – مَردقوش », appelée aussi « grand origan des jardins » a de petites fleurs blanches à rosées, groupées en épis globuleux et de petites feuilles veloutées. Ses sommités fleuries, séchées, en infusion, traitent les troubles nerveux légers, les nausées, les météorismes et les flatulences. Elle a un effet sur le système nerveux central. Elle joue un rôle dans le traitement de la « maladie d’Alzheimer ».
Le bigaradier, l’oranger amer, citrus aurantium, « Aranj – أرَنج », pousse même dans nos rues. Certes, la confiture en est délicieuse, mais aussi les fleurs séchées à l’air libre, à l’abri du soleil, récoltées le matin avant leur épanouissement, servent à préparer surtout l’eau de fleur d’oranger. Elles sont utilisées en infusion pour traiter la nervosité, les troubles du sommeil.
La sarriette, satureja montana, ou faux thym au poivre d’âne, est difficile à trouver. Elle pousse dans les zones calcaires comme le thym. C’est un aromate très apprécié. Elle accompagne les légumes secs pour lutter contre la fermentation intestinale. Ses sommités fleuries, récoltées en début de floraison et séchées, sont utilisées en infusion pour traiter la diarrhée, les éructations, les flatulences. Elles soignent aussi les petites plaies, les mycoses cutanées et même en gargarisme, l’angine, l’aphte et le « muguet ».
Le coquelicot, papaver rhoeas, « bougarooun – بو قَرعون », orne tous nos champs au printemps. Ses pétales séchés puis mis en poudre ou en sirop traitent l’insomnie légère, la toux sèche ou l’enrouement. Il peut être utilisé dans les cas d’éréthisme cardiaque (palpitations) grâce à ses mucilages antitussifs et ses glycosides.
Les « églantiers » rosa canina le « Nesri = rosa alba – نسري », le cynorrhodon, le réceptacle de la fleur devient rouge et pulpeux à maturité. Le cynorrhodon est administré comme fortifiant en cas de maladies infectieuses et au cours des convalescences. On l’utilise, en infusion, en cas de refroidissement, de grippe et de fatigue générale. Grâce à leur teneur en vitamine C, les préparations sont toniques et renforcent les défenses immunitaires. Par sa richesse en tanin, l’églantier est utilisé comme astringent et anti-diarrhéique. Sa teneur en pectine et en acide organique explique son effet diurétique et son effet stimulant sur la sécrétion du suc gastrique. En décoction, il traite la diarrhée.
Le géranium odorant pelargonium odorantissimum, « aterchia – عطرشيّة », prête ses sommités fleuries en gargarisme contre l’angine et bien d’autres choses encore.
Imaginez ce que les fleurs offrent et tout ce qu’elles contiennent encore qui reste à découvrir.