Le désamour entre le tunisien et la politique n’est pas un secret. Chez les jeunes, on assiste même à un sentiment de dégoût selon certains témoignages. Selon une étude menée par l’institut de sondage One to One Research and Polling, 61% des jeunes affirment qu’ils ne s’intéressent pas à l’actualité politique. 47% d’entre-eux assurent qu’ils ne s’y intéressent pas du tout.
Le sondage démontre également que 71,2% des jeunes et 66,1% des femmes se sont dits insatisfaits de la situation économique du pays. D’autre part, concernant les élections municipales de mai 2018, 82% des jeunes ont souligné qu’ils n’ont pas voté. Seuls 19% des femmes ont pris part au scrutin. D’un autre côté, 21,3% des jeunes ont volontairement boycotté le scrutin.
L’étude montre également que 5% des jeunes et des femmes de différentes régions ignorent l’identité de leurs gouverneurs respectifs. Plus encore : 21% des femmes et 24% des jeunes ne connaissent pas le nom de leurs maires.
Par ailleurs, on apprend que les 2/3 de la population interrogée ignorent s’ils sont autorisés à prendre part aux réunions du conseil municipal ou à exprimer leur opposition à ses décisions.
Ces chiffres traduisent un déficit réel de communication sur la vie citoyenne et sur le rôle des pouvoirs locaux, qui sont pourtant des composantes primordiales d’une démocratie décentralisée. Le désintérêt des jeunes peut effectivement s’expliquer par ce déficit, mais également par ce qu’ils constatent sur la scène politique depuis 2011.
Rappelons que l’étude a été réalisée par l’institut de sondages One to One Research and Polling, en collaboration avec Mourakiboun et la fondation Heinrich Boïll. Elle a porté sur un échantillon de 2004 personnes, composé de femmes et de jeunes âgés de plus de 18 ans (entre novembre et décembre 2018).