Les journées chorégraphiques de Carthage du 5 au 12 juin

C’est avec la toute récente création de Moncef Sayem, en hommage à Raja Ben Ammar et Néjib Ben Khalfallah  » El Amal … Dernière chance que débutent les journées chorégraphiques de Carthage dans sa version 100% digitale, 100% tunisienne.

EkherForsa… El Amal: une dernière Chance pour l’espoir

Mise en scène : Moncef Sayem, Chorégraphie : Imed Jemaa, Interprétation : Hichem Chebli, HoudaRiahi, Malek Zouaidi, MarwenErrouin, MariemSayeh et Mohamed DhiaElgharbi, Production : le Théâtre de l’Opéra de Tunis et Théâtre Phou

Comment rendre hommage à celle dont l’absence brûle encore les planches des théâtres où se sont succédé …Comment parler de la mort des étoiles qui continuent à réchauffer les cœurs des amants dans les cafés désert.

Comment rendre hommage à Raja Ben Ammar quand on a été son frère d’armes, son âme sœur, son amoureux éternel ?

La Pièce » Dernière chance pour l’espoir »  est l’exercice difficile et nécessaire de voir la mort de cet être solaire qu’aura été Raja Ben Ammar à travers une anamnèse forcée, menée contre l’oubli de la femme aimée des combats vitaux, des rêves d’une jeunesse perdue et pour sauver l’ ‘espoir Car c’est là que se trouve la dernière chance.

« Ekher Força…lelAmal » une création chorégraphique en quatre tableaux,comme les saisons de la vie  sans discontinuité, enveloppée dans l’écrin théâtral du décor de la pièce « Al Amal « (théâtre Phou 1986).Al Amal est l’histoire d’un boxeur et d’une danseuse, unis par l’amour, la défaite et la passion de la vie et de l’art.

Une pièce qui raconte tout ce que Raja Ben Ammar est encore à ce jour : souvenir d’un corps immensément vivant, vibrant comme un soleil, vecteur infini d’une narration universelle detoutes les émotions dicibles et indicibles.

Lieu : un bar café, désert plongé dans le noir et, tout droit sorti d’un tableau emblématique des errances nocturnes « Nighthawks » d’Edward Hopper.

Le Temps : une nuit profonde semble être figé laissant sur un banc un vieux boxeur, cherchant désespérément et affectueusement son chat « Touness »

Sur le mur les sous- titres nous replacent dans l’instant : Moncef Sayem est un vieux boxeur ayant raté de peu son titre de champion mondial, veuf ruiné et atteint de la maladie d’Alzheimer il continue à chercher sa femme Bahja, décédée dans son bar vide.

C’est à ce moment que la danse surgit, comme une lumière et entre en jeu une incarnation de

Raja Ben Ammar (incarnée par HoudaRiahi) vêtue de ce noir éternel et flamboyant que l’actrice chérissait, elle danse le pas de l’amour éternel et un testament de liberté sur un air fairouzien, le préférée de Raja Ben Ammar « La voie des abeilles ».

Le refrain de Fairouz  et le corps de incarné en Houda Riahi implorent  le vieux boxeur, l’’amoureux veuf de  ne pas abandonner.

Sur la scène, les danseurs, en anges déchus, métaphore des mille et une et rôles des artistes se croisent luttent se débattent pour ne pas sombrer dans l’oubli et la mort.

Chacun seul et seule portant le poids de sa condition précaire d’artiste,d’acteur,de danseur… Tous finissent par se heurter au mur implacable de la réalité dans un territoire où le corps est étouffé et l’art marginalisé.

Ils se battent pour survivre avec beauté et grâce tout comme le faisait Raja Ben Ammar

Moncef Sayem continue de lutter sur son ring, contre la mort et l’amnésie. Le maître de la danse et chef des anges déchus, Imed Jemaa l’accompagne dans sa chute, comme dans son combat contre la mort de la femme de sa vie. Le combat est perdu d’avance mais l’artiste lutte et se souvient…

La trace de Raja est présente partout tout comme sa voix et jusqu’au choix musicale.

Les chansons signent la temporalité et les époques de la vie du couple, et du parcours de Raja l’artiste, la femme et la militante.

D’abord le théâtre, l’Allemagne universelle l’univers de Berlot Brecht et un air de son « Opéra à quatre sous » puis l’anarchie et la mélancolie de Léo Ferré et son inconsolable « avec le temps ». La musique est là comme un narrateur attendri et trace le chemin de vie de Raja pour finir sur une merveilleuse invitation à la danse éternelle, danser jusqu’à la fin de l’amour « Dance me to the end of love » …

Dans cette chorégraphie Raja, sa voix son aura, ses discours retentissant d’une vielle radio comme un appel à la liberté à l’art à la résistance à la beauté pour que chacune et chacun rencontre son soleil intérieur.

Sous l’œil de Imed Jemaa en Archange échoué les visages et les corps des danseurs s’alignent s’harmonisent en file joyeuse, pleine Del ‘espoir de la dernière chance.

Le temps rattrape les artistes, et le vieux boxeur retrouve la réalité, celle de la pandémie et de la solitude. Mais Bahja revient, en raja dans son éternelle robe noire et danse pour lui insuffler la lumière,et lui donner l’espoir de la dernière chance, une dernière chance à Raja, dont le nom ne signifie rien de moins qu’ESPOIR

Dans « Ekher Forsa … el AMAL» Moncef Sayem et Imed Jemaa ainsi que les danseurs Hichem Chebli, Houda Riahi, Malek Zouaidi, Marwen Errouin, Mariem Sayeh et Mohamed Dhia Elgharbi rendent un hommage juste à cette artiste totale pour qui la danse et le corps pouvait tout exprimer, partout et pour toujours, au-delà même de la mort.

Related posts

Kaïs Saïed rappelle la vocation militante des festivals

Nour Kamar écartée de l’affiche : nouveau couac au Festival de Carthage

Monastir accueillera le premier Festival international de rap en août 2025