Le rôle des juges, dans une démocratie, est incontestable. Le pouvoir judiciaire est l’une des garanties fondamentales de la justice et de l’équité. Encore faut-il, bien entendu, disposer de l’arsenal juridique adéquat. Mais être un juge signifie-t-il que l’on peut s’octroyer tous les droits ? Les dernières déclarations du président de l’Association des Magistrats Tunisiens (AMT), Anas Hamadi, laissent perplexe.
Les juges ont repris leur grèves générale, laissant les justiciables livrés à eux-mêmes. Interpellé par nos confrères de Mosaïque FM, le président de l’AMT est revenu sur ce mouvement de protestation et sur la rémunération des jours chômés à cause de la grève. « Le pouvoir judiciaire n’est pas soumis au code du travail », a-t-il déclaré pour justifier le droits des juges à être payés malgré la grève.
Les juges, pour rappel, ont réclamé, entre-autres, une hausse de leurs salaires. Pour de nombreux Tunisiens, cette revendication est plutôt « déplacée » – selon leurs propres termes -, sachant qu’un juge peut toucher, en moyenne, dans les 3000 dinars tunisiens par mois. Il y a plusieurs semaines, le ministre de la Justice avait réagi à cette revendication, laissant entendre, lui-même, qu’elle est déplacé. Mais il a vite fait été rappelé à l’ordre sous la pression.
Bien entendu, les revendications ne sont pas seulement salariales. Les juges réclament, selon le président de l’AMT, la réforme du secteur. On comprend tout à fait qu’ils aient des revendications et des exigences. Seulement, être un juge signifie-t-il être au-dessus de la loi ? Peut-on se permettre de s’abstenir d’accomplir son travail tout en exigeant une rémunération ? Peut-on accepter de mettre à mal les intérêts et les affaires de tant de personnes pendant des semaines ? Il faut rappeler que la Justice tunisienne n’est au-dessus de la critique. Personne ne l’est d’ailleurs. Ô combien sont nombreuses les affaires judiciaires, parfois d’une extrême gravité, qui ont été mises dans les tiroirs. Bref, revendiquer ses droits est un droit, mais nul besoin de dire que l’on est au-dessus de la loi juste parce que l’on des hommes ou des femmes de loi…
Fakhri Khlissa