Les migrants de Zarzis rapatriés

Ils étaient 75 migrants, pour la plupart venus du Bangladesh, à avoir échoué leur traversée à destination de l’Europe et à s’être retrouvé au large de la ville de Zarzis, dans le gouvernorat de Médenine. Face au refus catégorique des autorités tunisiennes de les accueillir, les migrants ont finalement accepté d’être rapatrié dans leur pays d’origine.

Bloqués depuis presque deux semaines au large  des côtes tunisiennes, les « Migrants de Zarzis » ont finalement accepté d’être rapatriés. Une décision lourde de conséquence pour les 75 migrants venus du Bangladesh, d’Égypte, et du Soudan et qui avaient quitté leur patrie en raison des conditions de vie ou plutôt de survie de plus en plus compliquées. Parmi les rescapés 65 ressortissants du Bangladesh, dont le rêve européen a pris fin à la suite de longues négociations entre l’ambassadeur de leur pays et les autorités tunisiennes. Une négociation et une réactivité de la part de l’ambassadeur en Tunisie saluée par Mustapha Abdelkébir, président de l’observatoire tunisien des droits de l’homme qui note l’implication de l’ambassade dans les affaires migratoires et sa volonté de préserver les relations entre les deux nations. Suite à cette décision prise le 16 juin, les migrants sont hébergés à Zarzis en attendant la finalisation des formalités et la tenue de réunions entre les autorités tunisiennes et les ambassades concernées.

Rappelons que les migrants avaient emprunté une embarcation égyptienne qui s’était échouée dans les eaux nationales tunisienne au large de Zarzis. N’ayant pas obtenu l’autorisation de mettre  pied à terre en raison d’un manque de place au centre d’hébergement de Médenine invoqué par les autorités tunisienne. L’agence Reuters avait pourtant relié l’information selon laquelle ces derniers ne souhaitaient en aucun cas séjourner à Zarzis. Ces derniers avaient par ailleurs fait savoir leur volonté d’être acheminés directement vers l’Europe. Un refus d’accueil injustifié et déploré par le Croissant Rouge.
Depuis 2011 la position de Zarzis, située dans le gouvernorat de Médenine, s’est avérée être une enclave stratégique des migrations clandestines. La région a accueilli des centaines de migrants dont une grande partie sont des libyens fuyant la crise que traverse le pays. Une migration clandestine en hausse avec la reprise des combats en Libye qui a favorisé  le retour des trafiquants, à nouveau libres d’exercer leur activité illégale. Des menaces de naufrages en hausse, surtout que depuis 2019 les opérations de sauvetage menées par des ONG, à l’instar de Sophia, se font moins nombreuses. Ce silence renoue  avec la volonté des pays européens de restreindre leur accueil de migrants.
La marine tunisienne a de son côté réduit ses actions. En cause, des moyens limités qui parviennent à peine à intercepter les embarcations clandestines et ce uniquement dans les eaux territoriale. Or la plupart des naufrages ont lieu dans les eaux internationales.
Ce désengagement dans la lutte contre les passeurs  affecte en premier lieu les pêcheurs devenus les gendarmes de la mer à leur insu. Si dans un premier temps les navigateurs ne faisaient qu’alerter les autorités lorsqu’ils rencontraient une embarcation de migrants en péril, le silence des autorités a rendu leur intervention quasi systématique. Une mission pour ces héros malgré eux qui coûte cher puisque les pêcheurs doivent en contrepartie renoncer à un temps de travail précieux pour sauver les rescapés. S’ils rencontrent un bateau, leur retour au port est  automatique dans la mesure où leurs navires ne peuvent souvent pas accueillir une telle charge. Les quotas de sortie annuelle de pêche sont dangereusement menacés mettant en danger également l’économie d’une ville de pêche. Les conditions sanitaires des migrants rescapés alarment aussi fortement la population qui craint de plus en plus la transmission de maladies venues de pays dont l’hygiène a été délaissée au profit de la guerre.
Un quotidien fait de tragédies dont les pêcheurs de Zarzis auraient certainement préféré se passer.

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