Les moteurs de croissance privilégiés

Nous parlons souvent de croissance économique «dans l’absolu» sans autre précision ni indication, d’accélération du processus de développement sans évoquer les préalables de création d’emplois pour les diplômés du supérieur, sans faire l’inventaire des secteurs d’activités susceptibles de les intégrer, d’investissements à promouvoir, sans citer ni créer les instruments de financement des entreprises.

Il est évident que notre pays ne dispose pas de tous les atouts nécessaires pour assurer la pleine et entière réussite dans tous les secteurs d’activité économique. C’est pourquoi nous devons faire des choix en faveur de certains secteurs à forte valeur ajoutée qui coïncident avec les avantages compétitifs dont nous disposons et qui permettront de réussir à réaliser certains objectifs comme le développement des exportations ou encore l’emploi des diplômés du supérieur.

Pour les préalables à l’investissement, contentons-nous de citer les fondamentaux qui constituent la plate-forme de base de toute intention d’investir et laissons de côté ce qui est tout à fait évident comme la sécurité et la stabilité socio-politique.

Il est impensable de promouvoir l’investissement s’il n’y a pas de code d’incitation à l’investissement qui soit réellement attractif et compétitif par rapport à d’autres concurrents avec des exonérations fiscales et des avantages financiers, des garanties…

Il est indispensable de disposer d’une infrastructure de base moderne et de bonne qualité à la charge de l’État et des collectivités publiques : routes et autoroutes, zones industrielles, réseau de fluides et d’énergie électrique…

L’investisseur et le chef d’entreprise ont besoin d’un système bancaire et financier solide à l’écoute des attentes et des besoins des entreprises pour les financer et les soutenir en cas de besoin, ce qui est loin d’être le cas actuellement. C’est pourquoi la réforme avec recapitalisation du système financier s’impose d’urgence.

La complexité et la lenteur des procédures administratives est un obstacle à l’investissement et sa simplification est une condition préalable à tout processus de croissance économique.

Les industries pharmaceutiques qui connaissent une expansion réelle, en partenariat avec les grands laboratoires de fabrication de médicaments européens les plus célèbres, ont permis de couvrir près de 50% des besoins du marché local par des produits de qualité, conformes aux normes mondiales les plus sévères.

D’ailleurs, plusieurs entreprises exportent avec succès vers l’Europe et l’Afrique. La fabrication de génériques se développe avec succès et bénéficie de larges perspectives sur le marché local et à l’export.

Nous avons acquis le savoir-faire et disposons des compétences humaines nécessaires pour multiplier la capacité du secteur par trois ou quatre en cinq ans.

L’enseignement supérieur privé connaît un grand succès auprès des étudiants venus de plusieurs pays africains qui sont aujourd’hui au nombre de 20.000 à fréquenter nos universités privées et paient environ 8 à 10.000 dinars par an chacun en frais de scolarité En outre, ils empruntent les lignes de Tunisair pour venir ou rentrer chez eux, ils dépensent pour leur logement et frais de séjour, s’habillent et consomment des produits tunisiens. C’est une exportation sur place qui mériterait d’être encouragée moyennant une stratégie de communication appropriée. Le potentiel pourrait être multiplié par cinq ou dix en quelques années, ce qui serait salutaire pour la création d’emplois pour les diplômés du supérieur et les recettes en devises.

Le tourisme culturel et écologique est encore négligé et sous-estimé par les pouvoirs publics alors qu’il est susceptible de résoudre une bonne partie de nos difficultés et problèmes. En effet, il permet de sauvegarder notre riche patrimoine archéologique et historique par une mise en valeur appropriée alors qu’il est actuellement abandonné et livré aux pilleurs.

Il permet, en fonction de l’implantation d’une partie des sites à l’intérieur du pays, de favoriser le développement régional. Il permet également et surtout de gommer la saisonnalité du tourisme, de tirer la qualité de la clientèle vers le haut et de multiplier par cinq les dépenses quotidiennes des touristes.

L’exportation sur place des services de santé et des soins paramédicaux. Notre pays à fait ses preuves en matière de gestions des polycliniques et de services de santé avec des équipements modernes, des médecins et des cadres paramédicaux de qualité pour recevoir des patients étrangers venus se faire soigner dans des établissements privés et passer leur période de convalescence dans nos hôtels.

Il y a là une source illimitée de recettes en devises pour le pays et d’emplois pour nos cadres médicaux et paramédicaux. Pour cela, nous devons créer un label et une réputation de destination et mener une campagne de communication sur les marchés émetteurs, mais aussi signer des conventions avec les organismes payeurs

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