Amel Karboul et Ridha Sfar ont été questionnés, cet après-midi lors d’une séance ouverte, suite aux deux motions de censure, signée par 81 députés à leur encontre. Les deux ministres, accusés de «normalisation avec l’entité sioniste», ne risquent rien.
Les procédures administratives facilitant l’entrée des touristes israéliens en Tunisie et leur accueil fait par la ministre du tourisme, ont donné lieu à des protestations au sein de l’Assemblé Constituante. Les députés ont rejeté ce qu’ils considèrent comme un pas vers la normalisation des relations avec l’entité sioniste. Deux motions de censure ont été déposées, le 24 avril 2014 de la part de 81 élus, à l’encontre de la ministre du tourisme Amel Karboul et le ministre délégué chargé de la sécurité nationale, Ridha Sfar.
Il y a deux jours, le chef de gouvernement a demandé, dans une correspondance envoyée à l’Assemblée Nationale Constituante, le déroulement de la séance d’audition des deux ministres à huis-clos. Il a expliqué que lors d’une séance ouverte, les deux ministres ne pourront communiquer tous les éléments nécessaires aux députés pour des raisons relatives à l’ordre sécuritaire et au tourisme.
En dépit du soutien d’Azed Badi, Mahmoud Baroudi et plusieurs autres représentants du parti d’Ennahdha, le raisonnement de Mahdi Jomâa reste insuffisant pour convaincre tous les députés. Le rejet des pratiques de l’ancien régime, la transparence des travaux de l’Assemblée Constituante, le respect du mécanisme démocratique… Constituaient les arguments de poids avancés par les députés d’Ettakatol, du CPR et Al Joumhouri pour rejeter la proposition du chef de gouvernement.
@AlBawsalaTN va t on bientôt revenir au parlement "boîte noire" de Ben Ali?Un pas en arrière pour la transparence? @OpenTunisia @OpenGovTN
— Lobna Jeribi (@LobnaJeribi) 8 Mai 2014
Préoccupée par les travaux au sein de l’Assemblée Constituante, l’association Al-Bawsala a, à son tour, décidé d’intervenir et d’exprimer son refus quant de la proposition d’une plénière à huis-clos. L’association s’est appuyée sur le droit du citoyen d’accéder à l’information évoqué dans l’article 49 de la constitution. Ainsi, elle considère la motion de censure présentée contre un membre du gouvernement de la part de l’Assemblé Constituante, comme une affaire d’ordre publique ce qui permet au citoyen d’assister au débat.
A la fin de la réunion consultative des présidents de blocs et les représentants des groupes, un passage au vote, pour décider du huis clos, a été annoncé. L’hésitation et les divergences règnent au sein de l’ANC. Une séance publique a été décidée suite aux 81 voix pour, 63 contre et 5 abstentions.
Suite à la lecture de la motion de censure contre Ridha Sfar, le député indépendant, Fayçal Jadlaoui a présenté les arguments. Il a considéré que l'entrée des Israéliens en Tunisie «porte atteinte à la souveraineté de l'Etat». Il a ensuite enchainé, «la révolution n’a pas vu le jour pour que la première mesure révolutionnaire qu'on prenne soit la normalisation avec l'entité sioniste»
De sa part, le ministre délégué chargé de la sécurité nationale, Ridha Sfar s’est expliqué «il y a eu une campagne internationale qui a été menée contre la Tunisie, prétendant qu'elle était contre la religion juive». «La correspondance est venue suite à l'incident de mars dernier, ou des touristes israéliens en transit ont été empêchés de débarquer sur le territoire tunisien» a-t-il mentionné avant de préciser qu’il s’agit d’une procédure administrative décidé en concertations avec le Ministre de I’Intérieur. Ridha Sfar
La séance reprend avec les arguments en faveur de la motion de censure présentés par Iyad Dahmani. Le député d’Al Joumhouri a déclaré que la motion a été déposée non pour déstabiliser l’Etat mais seulement pour réviser la politique étrangère. Il a affirmé que le but est de savoir comment composer avec une entité qui pratique la discrimination raciale contre les Palestiniens. «L'entrée des touristes israéliens en Tunisie n'était qu’un détail et le diable se cache dans ce détail» a-t-il souligné.
La parole est à la ministre du Tourisme. Amel Karboul a nié toutes informations indiquant qu’elle a accueilli les touristes israéliens dans le territoire tunisien. Elle a consacré son intervention dans la présentation des enjeux relatifs au secteur du tourisme. «Le tourisme tunisien risquait gros, les croisiéristes figurent parmi les huit principaux tours opérateurs du secteur » a-t-elle expliqué.
Place aux interventions des députés avant le passage au vote. Les élus se sont exprimés dans une ambiance un peu contractée.
A leur tour les ministres ont eu le droit de réponse. Ridha Sfar a indiqué qu’il savoure l’expérience de démocratie avec plaisir. «Il est important de consacrer la reddition des comptes, ce principe est fondamental et le gouvernement tient à le respecter" a-t-il affirmé avant de laisser la parole à Amel Karboul.
La ministre du tourisme a tenue à préciser que toutes les procédures du gouvernement seront en accord avec la constitution et les lois. "Je tiens encore une fois à confirmer que je me suis jamais déplacée pour accueillir des touristes et je rappelle que le gouvernement respecte l'assemblée et la constitution qu'elle a adoptée lors d'une séance historique" a-t- elle déclaré.
Mustapha Ben Jâafar a donné la parole à Iyad Dahmani puis à Fayçal Jadlaoui. Les deux députés ont décidé de retirer les motions de censure en les remplaçant par des communiqués. Des députés, rejetant ces déclarations, crient au scandale.
vidéos credit : Mosaique FM.
Meher Hajbi