Les potentialités inexploitées de la Bourse

La Bourse des valeurs mobilières de Tunis recèle de grandes potentialités d’expansion qui ne sont malheureusement pas mises à profit pour favoriser le financement de l’économie et le développement du pays.

Avec seulement 78 entreprises cotées, une capitalisation boursière de 19 milliards de dinars, la Bourse tunisienne ne représente que 24% du PIB, ce qui est nettement insuffisant.

Le marché financier ne contribue que pour 7% au financement de l’économie, alors que 93% sont assurés par le système bancaire. Cela engendre la persistance d’une économie d’épargne et d’endettement au lieu de favoriser une économie d’investissement sur fonds propres.

Les crédits bancaires coûtent cher à l’entreprise, ce qui réduit sa compétitivité.

Il faut reconnaître que l’introduction des entreprises en Bourse est un facteur déterminant de la transparence fiscale et sociale de l’entreprise, avec l’obligation de publier ses états financiers de façon cyclique, ainsi que la nécessité d’une communication financière régulière pour informer la communauté financière des évènements phares de la vie de l’entreprise. Cela permet aussi le contrôle par le CMF et les commissaires aux comptes.

Selon les déclarations récentes de Fadhel Abdelkefi, PDG de Tunisie-Valeurs et ex-président de la Bourse de Tunis au micro d’une radio privée, l’introduction des entreprises en Bourse est une garantie de leur pérennité au delà de la génération des bâtisseurs, de la deuxième et de la troisième génération.

En effet, d’après les statistiques, seulement 5% des entreprises survivent au bout de trois générations.

Abdelkefi pense qu’il y a place pour 250 à 300 entreprises à la Bourse de Tunis et que toutes les conditions légales, réglementaires et techniques sont valables pour la promotion d’un marché financier performant.

En raison d’une réglementation obsolète, compte tenu du contexte mondialisé de l’économie pour lequel nous avons opté, la Bourse de Tunis demeure fermée à 50% aux investissements étrangers en portefeuille. En effet, toute acquisition étrangère d’actions dépassant 50% du capital d’une entreprise tunisienne demeure soumise à l’autorisation de la BCT.

Pourtant, ces investissements sont bénéfiques pour l’économie tunisienne, c’est ainsi qu’en 2015 des investisseurs étrangers ont été autorisés à aller jusqu’à 65% au capital de la SFBT, ce qui a permis une entrée en devises de 350 millions de dinars dans le pays pour le rachat de la participation de la BNA au capital de la SFBT, mais aussi permis le renforcement des fonds propres de la BNA sans le recours à un prélèvement sur les fonds publics.

Nous pouvons drainer des capitaux étrangers de façon massive dans la mesure où nous allégeons les formalités administratives tout en observant des restrictions lorsqu’il s’agit de secteurs stratégiques.

Il faut reconnaître qu’il y a plusieurs autres obstacles qui empêchent le développement de la Bourse de Tunis dont la réticence des entreprises familiales qui continuent à pratiquer une gestion financière opaque à recourir à des pratiques fiscales et sociales douteuses. Un autre obstacle consiste pour un certain nombre d’entreprises en la faiblesse des fonds propres qui a engendré un déséquilibre financier, ce qui fait craindre au propriétaire de l’entreprise la perte du contrôle et de la maîtrise de la majorité du capital de son entreprise.

Les pouvoirs publics devraient multiplier les mesures d’incitation pour encourager l’accès à la Bourse des entreprises familiales sur le plan fiscal.

Il y a lieu de remarquer que la conjoncture économique morose actuelle ne favorise pas l’expansion du marché financier : l’adoption du plan de développement traîne depuis des mois et le Code de l’investissement depuis des années.

Unimed vient d’entrer avec succès à la Bourse de Tunis saisissant l’opportunité du retrait du fonds d’investissement Abraj du capital d’Unimed. C’est la première opération de l’année 2016 qui a permis de remplacer un investisseur étranger par d’autres investisseurs et de lever 125 millions de dinars sur le marché, dont 5000 porteurs d’actions soit 10 MD.

Il faut reconnaître que la société Unimed est connue pour la qualité de ses médicaments génériques : plusieurs certifications sont là pour l’attester, elle exporte sur plusieurs pays et dispose d’un positionnement correct sur le marché local, en outre l’entreprise dégage des bénéficies,…

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