Les premiers délices

Vous avez sûrement remarqué que la mer a pris sa « teinte d’été », que la brise marine, tiède, a un parfum d’iode prononcé et que la campagne est en train de revêtir son « uniforme » estival ocre. Même si vous craignez encore la fraîcheur de la mer, approchez-vous du rivage, du Cap Bon nord en particulier, pour profiter simultanément de la Méditerranée, des bois de pins et des maquis parfumés.

Thalassa !

« La mer, enfin ! » penserez-vous en sortant de Bir Meroua, en dévalant les lacets de la route qui mène à l’oued El Abid et en abordant une côte superbe dominée par la crête du Jebel Sidi Abderrahmane et les bois du Jebel Ben Oulid.

Où souhaitez-vous aller ? Vers Marsa Ben Romdhane, à l’ouest ? Empruntez la grande piste parfaitement carrossable qui s’ouvre, à gauche de la route, avant le pont qui enjambe l’oued El Abid. Elle vous mènera, après une succession de petites criques, où il fait bon pique-niquer jusqu’à « Port Prince ».

Etes-vous las de rouler en voiture et désirez-vous arrêter ? La plage de sable de R’tiba s’offre au bout d’une bonne piste ouverte dans la forêt de pins et d’eucalyptus, à moins d’un kilomètre après le pont de l’oued El Abid. Quelques petites dunes à passer et une plage immense de sable blanc vous accueillera.

Tôt le matin, le piémont du Jebel Sidi Abderrahmane et le petit village de « Makhzen » peuvent accueillir les randonneurs qui regretteront sûrement qu’on n’y restaure pas la très belle maison coloniale qui pourrait devenir un gîte rural magnifique. D’autres préfèreront marcher en forêt, accompagnés par les roucoulements des tourterelles migratrices qui y nichent. Certains tenteront – et réussiront ! – de pêcher, à la ligne, une série de belles daurades et de marbrés – attention aux « vives » venimeuses ! – qu’ils pourront faire griller sans les vider ni les écailler, à midi : la forêt fournira le combustible.

Une grande partie des visiteurs continueront sans doute : Sidi Daoud et El Haouaria les tentent. Mais quelques uns connaissent parfaitement certaines plages dissimulées par la forêt du littoral. Elles sont souvent peu fréquentées.

Zougag, par exemple, qu’on découvre au bout d’une grande piste qui s’ouvre un peu avant la pépinière forestière. Mer, forêt et colline sont disponibles. On peut escalader en voiture la pente du Kef Errand, aller marcher et pique-niquer dans les bois sur la colline. On peut y croiser une genette ou un porc-épic.

Baignade sur plage de sable, pêche à la ligne, marche en forêt littorale pour promeneurs fatigués : à plat, sur un sol souple tapissé de feuilles mortes et d’aiguilles de pins et pique-nique, au choix : face à la mer sous le parasol ou à l’ombre des arbres, en prévision … d’une petite sieste reposante.

Au carrefour suivant, les inconditionnels peuvent se rendre à Tazoghrane toute proche pour aller rendre visite à Sidi Maaouia et à cette dalle curieuse dédiée à une dame : Lella El Khir, paraît-il.

Encore quelques tours de roues et il faudra guetter, à gauche, le panneau annonçant Bir Jeddi. Une longue piste conduit à un petit promontoire formé des vestiges amoncelés d’un petit bourg berbero-romain : Siminina / M’raïssa. La mer les ronge petit à petit. De part et d’autre du promontoire s’étendent des plages de sable. A droite, vers l’est, elle va, à deux kilomètres, jusqu’aux vestiges d’un autre bourg : Dagla, presque entièrement ensablé et continue encore plus loin vers Sidi Daoud. A gauche, à l’Ouest, la crique est fermée par les restes d’une grande carrière antique. Puis, une immense plage de sable leur succède. En plus de très belles daurades, on peut ramasser, dans les rochers, en marchant, sans avoir à plonger, un beau panier d’oursins qu’on dégustera sous le parasol ou sous les arbres proches.

Vous raconterai-je Sidi Daoud : l’antique Missua. Son sanctuaire où les pèlerins se pressent certains jours, ses vestiges antiques dont un très curieux vivier à poissons, taillé dans les rochers, au bord de l’eau, juste en face du mausolée ? Connaissez-vous la plage, à l’ouest, sur laquelle une grande source renommée : Aïn Ed Dieb qui attire beaucoup de gens. Et de l’autre côté du promontoire, à l’est du port, êtes-vous allés découvrir El Gueria qui pourrait être Anquillaria romaine ? Et d’autres sites curieux ? Mais il est temps de trouver une « base » où se reposer. Nous avons opté pour « Dar Ben Abdallah » : consultez facebook.

Dar Ben Abdallah

Un kilomètre environ avant l’embranchement de la route menant à Tazoghrane, dans un espace de près de deux hectares entièrement clos, planté de nombreux arbres, un « gîte » superbe attend les visiteurs : Dar Ben Abdallah. Grandes maisons ou petites constructions rustiques permettent de loger une dizaine de personnes. Deux piscines entourées de gazon et une grande « table » de … réunion ou de salle à manger, couverte, meublent l’espace. Trois zones ont été matérialisées et séparées par de grandes haies pour créer un maximum d’intimité.

Les activités possibles ont été multipliées. Les forêts et les collines voisines permettent les randonnées. L’immense plage de sable séduira les baigneurs et les pêcheurs. Les amateurs de chasse seront privilégiés. Kerkouane, El Haouaria, Kélibia attendent les gens férus d’histoire.

Promenades en calèche dans la campagne et la forêt toute proche, journées en bateau en mer avec, au programme, pêche à la ligne, plongée sous-marine et repas sur le bateau : dégustation de couscous au poulpe savoureux ou de plats d’oursins frais pêchés, sont possibles. Demandez, il vous sera beaucoup « proposé » !

Et l’environnement

Tout le monde en parle. Dans certains pays, on dispense un « enseignement environnemental » aux écoliers. Dans d’autres Etats, il n’y a même pas de « ministre de l’environnement » ! Il semble pourtant que ce soit un concept important puisqu’il existe une « Journée mondiale de l’environnement ».

Le long des côtes Nord du Cap Bon, l’environnement n’a pas « bonne presse ». La zone humide de la « Sebkhat Soliman », couverte pourtant par la Convention de Ramsar, parce qu’elle a une importance internationale, est pratiquement laissée à l’abandon.

Les différentes zones couvertes par la convention internationale : « Med Wet Coast » ne sont pas mieux traitées par l’A.P.A.L.. Ne parlons plus de l’écosystème situé aux alentours de « Port Prince » : celui de l’Oued Zarzour, il a disparu. La zone qui comprend le dernier tronçon de l’oued El Abid et de ses abords qui abritent (abritaient ?) les quelques dernières loutres de Tunisie, plus d’une quinzaine de plantes considérées comme médicinales ou culinaires et plus d’une cinquantaine d’espèces d’oiseaux sédentaires ou migrateurs qui y trouvent à leur départ, à leur arrivée ou au moment de la reproduction des conditions essentielles à leur survie, est complètement négligée.

Sur la montagne d’El Haouaria, les derniers porcs-épics disparaissent. La flore et la faune locale subissent les assauts d’un surpaturage dévastateur et d’un braconnage éhonté alors qu’elle est une des zones primordiales d’une voie de migration des oiseaux d’importance mondiale. Pourtant, si ces sites ont été choisis, c’est parce que leur intérêt écologique était certain et que, éventuellement, leur protection et leur mise en valeur auraient pu présenter un intérêt touristique profitable au pays.

Quand comprendrons-nous que l’environnement est non seulement nécessaire à la survie de l’espèce humaine mais que dans le cadre d’un développement durable, il a une valeur économique certaine. On doit (devrait) avoir une économie « citoyenne » respectueuse de l’environnement et une protection de l’environnement qui tiennent compte des impératifs économiques.

A.M.

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