Avec l’approfondissement de la crise économique dans notre pays dont la déconfiture de plusieurs entreprises publiques, la privatisation s’impose à l’ordre du jour comme une des réformes structurelles prioritaires pour sortir du marasme actuel.
Conçue comme un choix libéral et une orientation capitaliste dans une économie de plus en plus globalisée, la privatisation provoque chez les syndicats de travailleurs une levée de boucliers sans précédent, alors qu’il s’agit d’une obligation pour sauvegarder notre économie d’un effondrement certain. Il est vrai que la politique de la Troïka durant trois ans a engendré des recrutements massifs et nuisibles dans les entreprises publiques suite à une confusion scandaleuse entre une institution sociale et une entreprise économique, préoccupée par sa rentabilité économique et financière et sa pérennité.
Cependant, il n’est pas toujours vrai que toute privatisation s’accompagne de “dégraissages massifs”.
Alors avec quoi riment les privatisations qui doivent traiter les entreprises publiques au cas par cas, car il y a privatisation totale et privatisation partielle ?
Doit-on pour autant livrer nos entreprises publiques à des hommes d’affaires soucieux uniquement de gagner de l’argent ?
Mais il est contraignant et contre performant d’avoir un secteur public peu productif et peu performant, qui accapare environ 40% de l’économie réelle du pays alors que l’économie parallèle et informelle “squatte” près de 50% de l’économie globale ?
L’Etat n’a pas vocation à être producteur de tabac par exemple d’autant plus que les fumeurs s’exposent au cancer meurtrier de la gorge et du poumon, qui coûte très cher au budget de la Santé publique.
Il ne doit pas forcément être distributeur de carburant, car il y a plusieurs enseignes en la matière qui disposent d’un réseau dense de stations-service à travers tout le territoire de la République : il a donc avantage à se désengager du secteur.
Cependant, il y a lieu de préserver certaines activités et secteurs comme les Transports publics (SNCFT, transtu, Tunisair et CTN) ou l’énergie (STEG, ETAP,…) quitte à les restructurer et les mettre à niveau pour assurer la qualité des services et les équilibres financiers moyennant des contrats-programmes et objectifs, tout en veillant sur le contrôle strict de la gestion.
Pourquoi privatiser ?
Parce que l’Etat est par définition mauvais gestionnaire. Soumis à un processus de décision lent, à des réglementations rigides et parfois dépassées, avec des gestionnaires non intéressées aux résultats, la gestion étatique des entreprises n’a jamais été tout à fait probante et performante.
Il s’en suit une qualité de services médiocre sinon déplorable, des résultats déficitaires, des sureffectifs de personnel et une maintenance des équipements en deça des attentes du public. Le budget de l’Etat ne peut plus continuer à financer les déficits énormes des entreprises publiques qui ont atteint des sommes folles sept ans après le soulèvement démocratique du 14 janvier 2011.
Quel périmètre pour les privatisations ?
Il n’est pas question de toucher aux entreprises stratégiques ou celles qui rendent des services socio-collectif vitaux.
Ce sont les entreprises qui évoluent dans un contexte concurrentiel qui doivent être privatisées.
A quel rythme, quelles sont les priorités et comment privatiser ?
Les priorités doivent aller aux entreprises qui connaissent les pires difficultés et risquent de faire faillite ou de disparaître.
Le rythme doit être rapide sans être précipité pour ne pas brader les prix.
Il faut des cahiers des charges et des appels d’offres transparents.
Le plan d’ajustement structurel de 1986 comportait un volet privatisations consistant qui a porté notamment sur l’hôtellerie.
L’expérience des cimenteries est édifiante en la matière, car on dispose aujourd’hui du recul nécessaire pour évaluer l’opération. Longtemps considéré à tort comme un secteur stratégique, l’industrie du ciment compte sept entreprises dont quatre ont été privatisées en faveur d’investisseurs étrangers. D’abord, la vente sur appel d’offres international dans les années 90 a rapporté au budget de l’Etat beaucoup plus que leur valeur intrinsèque et que les experts n’avaient escompté. Les quatre cimenteries détenues par des étrangers ont investi pour développer leur capacité de production, ont recruté du personnel et créé des emplois et exportent leurs produits, ce qui rapporte des devises.
Ce qui n’est pas le cas des trois cimenteries étatiques qui connaissent des difficultés financières et perdent de l’argent.
Est-ce une fatalité alors qu’il s’agit du même secteur d’activité ?
Il faut dire que c’est Tarek Chérif, président de la Conect qui a insisté sur les cimenteries dans un entretien accordé à la radio Express FM.
Nous devons tirer des enseignements des expériences réussies de la privatisation de la STAR qui a permis grâce à participation d’un partenaire stratégique Groupama de générer un leader de l’assurance jouissant d’une parfaite santé financière.
La SOTUVER, grâce à son rachat par le Groupe Chahed puis sa reprise par Bayahi connaît une expansion rapide qui n’aurait pas été possible dans le giron de l’Etat.
La privatisation par “appartements” des hôtels de la SHTT qui étaient dans un état déplorable a permis à plusieurs unités d’être rénovées, agrandies et même reclassées avec recrutement de personnel grâce à des investissements massifs.
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