“Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent”

Ce titre emprunte la phrase prononcée par Charles Pasqua, ancien ministre français de l’Intérieur. 

Dissident du CPR, Mohamed Abbou vient de former un nouveau parti, “le Courant démocratique” qui appelle à “la gratuité de l’enseignement et des soins de santé à tous les citoyens…”. Vaste programme, déjà entendu dans la bouche de Hechmi Hamdi, récemment “sorti du bois” en voyant s’approcher la date des élections (en 2014 si ce n’est en 2013) et qui fait à nouveau parler de lui.

Non pas en annonçant son retour au pays, il s’en garde bien, et on se demande pourquoi s’il n’a rien à se reprocher. On sait qu’en 1980 il était un membre influent de l’UGTE, vitrine estudiantine du MTI, l’ancêtre d’Ennahdha, puis qu’après une (courte) incarcération il a quitté le pays pour Londres (déjà !), où il a suivi des études de théologie, créé un journal,El Mustakellah, soutenu par les pays du Golfe, avant de passer à une chaîne de télévision du même nom, qu’il a donné la parole à des ténors de l’opposition tunisienne de tous bords (sauf aux salafistes !). D’après le Maghreb Mag du 18 novembre 2011, au début des années 2000, il aurait tourné casaque pour des subsides en provenance de Ben Ali, tout en se défendant d’avoir été “récupéré” par lui, mais plutôt d’avoir essayé d’amener l’ex-président à “reconnaître ses erreurs” ( !). D’autres hommes politiques ont profité de la Révolution pour rentrer au pays, mais lui non ! Trainerait-il des “casseroles” plus graves ? Grâce à sa chaîne de télévision il a pu reprendre contact avec la vie politique tunisienne, a créé un parti politique — El Aridha Chaabia — qui, grâce à ses promesses mirobolantes, a réussi le tour de force de se présenter aux élections d’octobre 2011 et a remporté 19 sièges à l’ANC avec l’aide des voix de ses compatriotes de la région de Sidi Bouzid, Kasserine. Mais à “l’épreuve du pouvoir”, El Aridha a fondu comme neige au soleil. Aussi Hechmi Hamdi — toujours désireux de servir son pays, sans y rentrer — vient-il de lancer un nouveau parti, “Al Mahaba”, avec les mêmes promesses en cas de victoire aux prochaines élections, avec le même espoir d’un destin présidentiel ! On se demande toujours d’où vient l’argent, mais il n’est pas le seul dans ce cas !!

 

La population est concernée par les évènements de djebel Chaambi. N’en déplaise au porte-parole du ministère de l’Intérieur, qui nous dit que “tant que les informations ne sont pas communiqués par les ministères de l’Intérieur ou de la Défense”, la population tunisienne est troublée par toutes les “nouvelles” des plateaux de télévison et des journaux quotidiens ou on line. Rien de plus facile que de publier chaque jour un communiqué officiel, qui ne nuirait pas au “secret défense”, car les djihadistes, eux, savent à quoi s’en tenir ! Ils voient bien les mouvements de troupes, si celles-ci ne les trouvent pas… Il est certain, en outre, que les soi-disant spécialistes qui s’expriment sur les ondes ou sur le papier ne présentent aucune garantie — et j’ai beaucoup apprécié la remarque du Colonel Boubaker Ben Kraïem, dans La Presse, faisant remarquer “Je doute que plusieurs parmi eux n’aient même pas accompli leur service militaire”. Mais il y a des mines qui tuent nos valeureux soldats et gardes nationaux… et même un berger a été blessé.

La société civile est ballotée entre des nouvelles contradictoires : un jour on arrête un instituteur, un garde forestier et un taximan… et le lendemain tout ce petit monde est libéré ( !), parce que cela est devenu “naturel” d’avoir un stock d’ammonitre chez soi ou se de promener en forêt avec des uniformes militaires dans une valise ! Et les “ravitailleurs pris sur le fait “, c’était aussi une erreur ? Il faut de la clarté si l’on veut que la population civile participe à la surveillance comme les autorités le leur ont demandé. En attendant qu’on recrée, le plus tôt possible, ces vieux services de “renseignements” que l’on s’est hâté de détruire lors de la Révolution et sans lesquels aucun pays démocratique ne peut se sentir en sécurité.

 

Sécurité des festivals d’été : à l’entrée de la saison estivale, après un printemps aussi morose que le “Printemps arabe”, on nous a annoncé un programme de festivals alléchant : fête de la Musique, Festival du Grand Tunis, de Carthage, de la Médina… exposition des travaux de plasticiens tunisiens et étrangers — cela pour ceux déjà prévus et annoncés. Le public, qui a bien besoin de décompresser après tous les problèmes relatifs à une Constitution qui ne cesse de finir, de drames dans le djebel Chaambi et ailleurs, sera certainement nombreux. Il faut espérer que, malgré toutes ses charges, le ministère de l’Intérieur réserve une partie de ses effectifs pour sécuriser ces activités culturelles. Les exemples de l’an dernier ne manquent pas d’interventions intempestives de salafistes, de LPR ou autres trouble-fête, qui n’apprécient pas une œuvre, un artiste (étranger parfois)…

Il ne faudrait pas que des censeurs autoproclamés refassent le “coup” d’El Abdelliya, car la liberté tant réclamée doit commencer par l’Art.    

Raouf Bahri

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