La mission de diplomate est assurément l’une des plus délicates à accomplir aujourd’hui, si ce n’est la plus délicate compte tenu des nouveaux rebondissements géopolitiques. Or, il existe des règles d’usage fondamentales que même les débutants savent qu’il faut respecter.
L’ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne en Tunisie, Peter Pruegel, a visiblement commis une bourde qui n’est pas passée inaperçue. Alors qu’il prenait part à l’inauguration d’un collège à Mhamedia – financé par l’Allemagne -, l’ambassadeur ne s’est pas privé de prononcer des paroles éhontées, faisant fi des plus simples règles de bienséance et de respect des valeurs du pays dans lequel il se trouve. Voulant peut être faire plaisir à ses supérieurs, il a tenu des propos plus que déplacés. des propos plutôt étonnants: « les israéliens sont les victimes du terrorisme palestinien », s‘est-il permis de dire. Ce qui reflète le caractère arrogant, cynique et le moins qu’on puisse dire irrespectueux du diplomate qui avait un auditoire composé de Tunisiens qui ne cessent d’affirmer leur soutien indéfectible à la cause palestinienne et aux palestiniens et de condamner le terrorisme d’Etat entretenu par l’occupant sioniste.
Ce dernier semble avoir oublié que, conformément à la Convention de Vienne et aux règles d’usage de la diplomatie, il aurait dû s’abstenir de formuler de telles déclarations qui vont totalement à l’encontre de la politique étrangère du pays qui l’accueille, à savoir la Tunisie. Même s’il avait été interrogé par les journalistes sur l’agression criminelle de l’Occupant, il aurait pu répondre simplement par : « Nous inaugurons un collège. Ce n’est donc pas le cadre idéal pour ce genre de questions ». Ou alors : « nous déplorons les morts parmi les civils des deux côtés ». Ce sont deux réactions qu’il aurait pu formuler sans aller à l’encontre de la politique du pays accréditant ni celle de son propre pays.
Des observateurs affirment qu’il s’agit d’une « provocation », estimant que la diplomatie tunisienne ne devrait pas laisser passer un tel incident. Et le moins que puisse faire les autorités tunisiennes c’est de convoquer Peter Pruegel afin de clarifier les choses. Il s’agira aussi de le rappeler à l’ordre et à ses obligations même si l’Allemagne est un pays ami. Les relations de coopération tuniso-allemandes ont été toujours imprégnées par un caractère privilégié, notamment, au niveau officiel et gouvernemental.
La réaction du ministre tunisien de l’Éducation
Le ministre tunisien de l’Éducation, Mohamed Boughdiri, était présent lorsque l’ambassadeur allemand a formulé ses propos. Il a très vite réagi à cette déclaration honteuse, en rejetant ces propos les qualifiant d’inacceptables. Il a rappelé les crimes commis par l’Occupant à l’encontre des Palestiniens et les agressions barbares de l’armée sioniste contre les civils à Gaza, ce qui a poussé l’ambassadeur d’Allemagne à quitter la salle.
Sur Mosaïque FM, le ministre a envoyé une pique intelligente. « Nous n’avons touché à aucun juif et nous n’avons pris part à aucun camp d’extermination de l’Holocauste, au contraire, nos relations avec toutes les religions ont toujours été des relations de bon vivre ensemble « , a-t-il déclaré, tout en insistant sur la tolérance qui règne en Tunisie.
Attendons voir ce que le département des Affaires étrangères va faire et quelle va être sa réaction à ce dérapage du diplomate allemand.
Et ce n’est pas le communiqué ce jour par le diplomate allemand en réponse à la déclaration du ministre de l’éducation qui risque de faire avaler la pilule.
F. K