Les révélations du “Docteur” Omar Shabou

L'un des ex-leaders au sein de Nidaa Tounes, Omar Shabou (le parti a décidé de l’exclure par un communiqué diffusé lundi dernier) a prétendu, dans l’émission «Liman Yajroo’ Faqat» («à celui qui ose uniquement») diffusée le dimanche 14 septembre 2014, avoir reçu de nouvelles informations prouvant que Béji Caïd Essebsi n’était pas en mesure de devenir président de la République à cause de son état de santé précaire.

Il a ajouté avoir préféré envoyer une lettre à BCE pour l’appeler à retirer sa candidature à la présidentielle pour le seul bien du pays et pour ne pas tromper le peuple tunisien. La même lettre a été envoyée aux membres du Bureau exécutif du mouvement. Omar Shabou invite BCE à rentrer dans l’histoire et à faire usage de sa symbolique en tant qu’homme d’État ayant effectué amplement son devoir envers sa patrie, au même titre que Mandela en Afrique du Sud ou Gandhi en Inde et quitter ainsi les responsabilités politiques.

Suite aux déclarations et prises de positions de Noureddine Ben Ticha et Omar Shabou et, réponse à ces critiques jugées «destructrices pour le parti», Nidaa Tounes n’a pas tardé à publier un communiqué daté du 15 septembre 2014, dans lequel il déplore leur attitude et le non-respect du minimum requis en matière d’éthique et des intérêts du parti. Le mouvement considère en outre qu’Omar Shabou et Noureddine Ben Ticha se sont placés en dehors du parti, puisqu’ils soutiennent subrepticement l’agenda des adversaires politiques de Nidaa Tounes, toujours selon le même communiqué.

Pour Abderrazek Hammami, Secrétaire général du Parti du Travail patriote démocrate et membre de l’Union pour la Tunisie, la déclaration d’Amor Shabou aura l’effet d’une bombe sur l’échiquier politique tunisien.

De surcroît, Omar Shabou est revenu sur les motivations de sa lettre envoyée le 5 septembre 2014 au leader de son parti Béji Caïd Essebsi et dans laquelle il a «révélé» l’état de santé de ce dernier qui, d’après lui, ne lui permet pas de se présenter à la présidentielle. En réponse à la question portant sur les raisons de cette révélation à ce moment de la campagne présidentielle, Shabou rétorque que «la vraie raison qui m’a poussé à changer d’avis, c’est que j’ai su que son état de santé ne lui permettrait pas d’endosser la responsabilité de la présidence de la République, chose que je ne savais pas avant. Je lui demande, encore une fois, d’être franc avec l’opinion publique tunisienne et de révéler la vérité sur son état de santé. Un point c’est tout !»

Aussi, tout au long de cette émission Shabou n’a cessé de répéter que les informations qui lui sont parvenues, l’ont «embrouillé» et «choqué». Il reconnait que ses sources sont médicales et familiales, évoquant des informations graves colportées par des personnes au sein même du parti.

Cet état, aux dires de Shabou, ne lui permettrait pas d’assumer la charge d’un mandat présidentiel cinq années durant, à un moment où la Tunisie a besoin d’un responsable énergique capable, sur tous les fronts, d’affronter et de surmonter de multiples problèmes.

«Il est important du point de vue moral, dit-il, qu’un candidat à la présidentielle – et je parle de tous les candidats et non pas seulement de Béji Caïd Essebsi – ne cache pas son état de santé aux électeurs. Puisqu’un haut dirigeant sécuritaire ou de l’armée doit présenter un certificat attestant de sa bonne santé, il devient donc logique qu’on demande la même chose à celui qui va devenir le chef suprême des armées.»

Se sentant marginalisé au sein du mouvement dont il était l’un des fondateurs, Shabou a voulu se remettre en scène et n’a pas manqué de porter un coup de poignard dans le dos de celui qu’il prétend aimer et respecter, bizarre comme attitude ! À moins que comme le pensent certains analystes politiques qu’il roule pour un autre candidat et que sa manœuvre a été programmée pour déstabiliser le candidat qui a le plus de chance de l’emporter. L’avenir nous le dira.

 M.A.E

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