Les révélations troublantes d’Imed Trabelsi

Très attendue, l’audition d’Imed Trabelsi, neveu de l’ancienne première Dame Leila Trabelsi, par l’Instance Vérité Dignité (IVD) a eu lieu le soir de ce vendredi 19 mai 2017 avec, au menu, de nombreuses révélations fracassantes sur la corruption, mais également sur ce qui s’était passé le soir du 13 janvier 2011, lorsqu’il avait bénéficié d’une aide inattendue dans l’espoir de pouvoir fuir une Tunisie en pleine ébullition.

Une corruption toujours présente, une contrebande à laquelle on fermait les yeux 
Imed Trabelsi affirme haut et fort que rien n’a changé en matière de corruption en Tunisie. Selon lui, le même système est en marche aujourd’hui. « Des hommes d’affaires connus sont impliqués dans ce système. On les voit sur la télévision et ils sont actifs dans le football« , déclare-t-il lors de son audition.
En ce qui concerne les affaires de douane, les révélations du neveu de Leila Trabelsi laissent sans voix. Il affirme avoir œuvré dans la contrebande, notamment de bananes, de climatiseurs et de fruits secs. « On déclarait à la douane de faux produits pour faire passer d’autres, notamment en ce qui concerne les marchandises importées de Libye« , avoue-t-il devant l’assistance.
Il poursuit en affirmant que la douane a fait en sorte que de grandes entreprises puissent ouvrir des entrepôts, sous les identités de personnes décédées, ce qui, selon Imed Trabelsi, permettait aux propriétaires de ne pas payer de taxes.
« En 2004, j’ai fait la connaissance d’un hommes d’affaires qui avait des soucis avec la douane, notamment pour payer la somme de 20 millions de dinars afin de faire passer ses marchandises. Il m’a alors sollicité et j’ai accepté de l’aider, à condition de me laisser entrer dans son affaire. Il a accepté à son tour. J’ai alors appelé ma tante pour lui demander de l’aide. Par un simple coup de fil, l’homme d’affaires n’avait plus à se soucier de ses problèmes avec la douane. Le directeur de la douane de l’époque a été limogé et remplacé sur le champ », raconte encore Imed Trabelsi.
Il avoue, par ailleurs, qu’il avait la main mise sur le marché des bananes et qu’il le dominait pleinement, tout en continuant à payer ses taxes.  « La douane s’activait en notre faveur lorsqu’il s’agissait de faire passer nos marchandises, même au détriment des citoyens à plusieurs reprises. En contre-partie, j’ai fait preuve de générosité à l’égard des agents avec des récompenses matérielles. Quatre d’entre-eux, à titre d’exemple, ont bénéficié d’une récompense de 30 000 TND », affirme le neveu de Leila Trabelsi.

Prison et compagnie
D’autre part, Imed Trabelsi est revenu sur ce qui s’était passé la nuit du 13 janvier 2011, lorsque l’ancien président de la République, Zine Abidine Ben Ali, avait quitté la Tunisie. « J’ai choisi de me rendre à l’aéroport de Tunis Carthage, sachant pertinemment que j’allais m’y faire arrêter avec ma famille« , déclare-t-il, précisant que son frère a été violemment agressé par les sécuritaires. Il racontera qu’il aurait pu subir le même sort mais qu’il avait eu de la chance.
C’est avec un mea culpa qu’il a préféré finir ce qu’il avait à dire. « Je présente mes excuses au peuple tunisien. Je suis prêt à indemniser quiconque ayant subi des préjudices à cause de moi. Je veux tourner la page. Plusieurs dépassements on été commis par ignorance, d’autres par arrogance. Nous sommes tous susceptibles de commettre des erreurs, mais les meilleurs d’entre-nous sont ceux qui se repentissent. Je veux être considéré comme un citoyen tunisien, comme tous les autres« , déclare Imed Trabelsi.
« J’ai enfreint la Loi et j’ai commis des erreurs, je présente mes excuses au peuple tunisien et j’appelle à tourner la page » a répété le neveu de Leila Ben Ali,  et d’affirmer qu’il dévoilera toutes les vérités, acceptant les conditions requises par la réconciliation.
« Après 7 ans passé en prison, je pense qu’il est temps d’avoir ma liberté » a-t-il dit.

 

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