Le secteur de la location de voitures sans chauffeur a connu un essor considérable dans les années 2000, et ce, en rapport étroit avec l’activité touristique.
Il faut dire que deux autres facteurs ont favorisé la prospérité de ce secteur : d’une part la libéralisation des agréments avec la soumission des sociétés au respect d’un cahier des charges et d’autre part, l’adhésion des sociétés de leasing au financement du parc de voitures des agences de location.
Rappelons que le cahier des charges impose aux loueurs de voitures un parc de 25 véhicules au minimum, un âge inférieur à trois ans, ainsi qu’un atelier d’entretien et de maintenance en bon état de ces voitures. Tant et si bien que le nombre de sociétés de location a atteint le chiffre de 600 agences légales avec un total de 15.000 véhicules. La Chambre syndicale des agences de location affirme que le secteur souffre depuis 2011 d’une crise aiguë avec faillite et fermeture de 320 agences à cause de plusieurs maux. Il y a d’abord la crise du tourisme qui a fait que les clients étrangers sont devenus rares, alors qu’il y a peu de clients nationaux.
Les coûts de revient ont flambé, notamment le prix des assurances qui est, semble-t-il, le triple du tarif consenti pour les particuliers ou les autres entreprises.
Les assurances refusent en outre l’assurance tous risques pour les voitures de location, ce qui serait illégal en raison du motif « refus de vente ».
Les loueurs reprochent la « pollution du secteur par les loueurs clandestins » dont le nombre serait de 60.000 voitures appartenant à des particuliers et louées de façon maquillée avec des prix “cassés”.
Les loueurs reprochent aux tutelles du secteur, Transport, Intérieur, Commerce et Tourisme, un oubli total vis-à-vis du secteur.
Les responsables de la Chambre syndicale UTICA du secteur déplorent également le paiement de fortes amendes par les propriétaires des agences, alors que les infractions ont été commises par les loueurs “personnes physiques” avec paiement des pénalités sur les lieux de l’infraction pour s’en acquitter.
Ce qui contraint les agents à se déplacer sur les lieux de l’infraction pour permettre aux policiers d’encaisser légalement 30% de la pénalité.
La Chambre syndicale propose la révision du cahier des charges, avec révision des normes devenues très sévères : 25 voitures par agence est excessif et trop coûteux, un parc de 10 ou 12 voitures étant quand même fiable.
L’âge de trois ans maximum est trop rigoureux : une voiture bien entretenue avec un âge de cinq ans serait en bon état de marche, surtout que le prix moyen des voitures a atteint 40.000 D, vu l’effondrement du taux de change du dinar.
L’ensemble du secteur doit être remis à niveau avec redimensionnement du parc auto, assainissement financier, rééchelonnement des dettes et recapitalisation des sociétés de location.
Il faut absolument que les pouvoirs publics fassent la chasse aux clandestins qui font courir à leurs clients des risques graves en cas d’accident, outre l’évasion fiscale.
De leur côté, les agences doivent revoir leurs tarifs à la baisse, car il s’agit de prix prohibitifs qui découragent les candidats à la location.
Le secteur du leasing étant fortement impliqué dans le sens positif du terme dans le financement du secteur Rent a car, il y a beaucoup à craindre sur les retombées négatives en matière de créances douteuses des sociétés de leasing lorsqu’il s’agit de faillites ou de cessation d’activité pour un grand nombre d’agences de location.
Il y a lieu de remarquer que selon le porte-parole officiel de la Direction générale de la Douane tunisienne, le colonel Haïtham Ezzaned, il a été procédé à l’arrestation en 2018 de 87 voitures de location appartenant aux agences agréées et transportant des marchandises en contrebande, telles que cigarettes contrefaites, vêtements, produits électro-ménagers et boissons alcoolisées.