Les solutions pour lutter contre le chômage, selon Zied Ladhari

Le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Zied Ladhari, a imputé le nombre très élevé des diplômés chômeurs, à savoir 240 000 soit 32% des chômeurs, à l’inadéquation de la formation proposée dans les universités tunisiennes vis-à-vis des attentes et des besoins des entreprises.

En marge d’une journée d’étude vendredi 10 avril 2015, organisée à l’institut des hautes études Commerciales IHEC, sous le thème « Surmonter les obstacles à l’emploi des jeunes », Zied Laadhari a expliqué que cette inadéquation entre l’offre et la demande est due essentiellement au manque de moyens financiers: « Les universités souffrent d’un manque énorme de moyens et de matériels. Aussi, ne sont-elles pas en mesure d’assurer aux étudiants une formation opérationnelle et efficace, adaptée au niveau de formation recherché par les recruteurs ».

Dans ce contexte, Belgacem Khorchani, président directeur général de Habra Holding, a affirmé que les profils des jeunes diplômés candidats au marché de l’emploi ne correspondent plus aux profils souhaités par les sociétés à la recherche de vrais compétences.

« A titre d’exemple, durant les trois derniers mois, nous avons effectué, dans ma société Habra Holding, plus de 13 000 entretiens d’embauche. Malheureusement, seuls 250 candidats ont réussi à nous convaincre bien que leurs profils n’étaient pas ceux attendus. Ils ont été recrutés car nous n’avions pas vraiment le choix. Ils étaient relativement les meilleurs… » a-t-il précisé.

Quant à Naoufel Ben Aissa, président directeur général de Vivo-Energy et président du centre des jeunes entrepreneurs de l’IACE, il a affirmé que le manque d’engagement des jeunes diplômés dans le processus de la formation professionnelle a creusé encore plus le fossé entre les besoins de l’offre et la demande.

« Les jeunes diplômés croient énormément à la «culture du diplôme ». Pour eux, le diplôme est une finalité, alors que ce n’est que le début. Ce n’est qu’une porte qui vient de s’ouvrir. C’est là que ça commence…Dans les universités on nous apprend le savoir. La formation professionnelle nous apprend le savoir faire »

Les solutions selon les experts

Quant aux solutions pour surmonter les difficultés d’accès des jeunes diplômés au marché de l’emploi, Zied Ladhari a affirmé qu’on est loin de parler des solutions à court terme.

« Le chômage en Tunisie, comme dans la plupart des pays voisins, est un problème structurel qu’on ne peut pas résoudre en quelques mois… le marché du travail est saturé depuis quelques années.

En outre, le nombre de chômeurs ne cesse d’augmenter, avec environ 79 mille diplômés chaque année » a-t-il précisé.

Le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle a affirmé que son ministère va mettre en œuvre toute une nouvelle stratégie en vue de surmonter ce fléau social.

« Cette stratégie consiste tout d’abord à assurer la participation des grandes entreprises tunisiennes dans le processus de recrutement massif, afin d’absorber le maximum de chômeurs, et ce en mettant en place quelques les incitations nécessaires, à l’instar du versement d’un montant estimé à 700 dinars pour les entreprises pour chaque emploi créé »a-t-il affirmé.

Zied Ladhari a affirmé que cette stratégie consiste également à inciter les entreprises à investir et à s’engager dans le processus de la formation professionnelle et ce afin de réduire l’écart de l’inadéquation entre l’offre et la demande.

« Une somme d’argent qui s’élève à 5000 dinars sera versée au profit de chaque entreprise pour chaque formation professionnelle assurée à ses employés ».

Zied Ladhari a par ailleurs appelé les jeunes chômeurs à créer leurs propres entreprises au lieu d’attendre leur affectation au sein de la fonction publique ou bien dans le secteur privé précisant que l’Etat est prêt à offrir des aides financières au profit des jeunes pour qu’ils lancent leurs propres projets.

De leur coté, Naoufel Ben Aissa et Belgacem Khorchani ont appelé les jeunes diplômés à s’investir davantage dans le processus de la formation professionnelle afin d’apprendre le savoir faire nécessaire en vue de satisfaire les besoins du marché de l’emploi.

« J’encourage les jeunes diplômés et les demandeurs d’emploie à s’inscrire dans le processus d’apprentissage continu, en Tunisie et surtout à l’étranger, afin d’acquérir les compétences et l’expérience souhaitées actuellement par les entreprise.» a indiqué le président directeur général de Habra Holding.

Naoufel Ben Aissa a, par ailleurs, appelé les jeunes diplômés à faire preuve d’un esprit de travail flexible qui leur permet de travailler dans les différents domaines et dans d’autres disciplines.

« De nos jours, il y a certains secteurs saturés, qui ne peuvent absorber davantage de salariés. Pour ce, il faut avoir une certaine capacité d’adaptation, accepter de travailler dans d’autres domaines… Ce qui permet d’avoir une expérience professionnelle diversifiée ». a-t-il recommandé.

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