Les TRE, quelles contributions au développement du pays ?

Les Tunisiens qui vivent et travaillent à l’étranger sont au nombre de 1,3 million, soit environ 10% de la population totale du pays.
Ils assument un rôle sensible vis-à-vis de la richesse nationale par leur propre contribution, mais cette participation pourrait être beaucoup plus efficiente et diversifiée si les pouvoirs publics et la société civile mettaient en place les instruments et les mécanismes susceptibles d’organiser la mobilisation de leurs ressources matérielles et humaines.
D’autant plus que les TRE restent très attachés à la mère patrie, à leurs familles, à leur ville ou village d’origine : un lien fort et un sentiment incitatif à court et long termes.
Il convient de remarquer que la colonie tunisienne installée en Europe constitue la majorité des émigrés et que l’âge, le degré de culture et de qualification professionnelle des émigrés ont beaucoup évolué avec les années.
Il y a 30 ou 40 années, il y avait une majorité d’adultes, hommes et peu qualifiés, dorénavant ce sont des jeunes, des couples, des femmes et des profils « surdiplômés », qui vont s’installer en Europe occidentale pour diverses raisons.
Il y a un tort commun qui consiste à résumer l’apport exclusif des TRE à leurs transferts financiers, même si ce flux de devises est vital pour notre balance des paiements extérieurs.
Parlons-en : les transferts financiers se sont élevés en 2017 à 4499 millions de dinars pour ce qui a transité par les virements bancaires, postaux et les agences internationales de transfert d’argent, alors qu’il y a beaucoup de non-déclarations et de circuits parallèles.
Ces transferts représentent 5% du PIB en 2017. Il s’agit de 20% de l’épargne nationale et c’est la quatrième source d’apport en devises qui contribue pour 37% à combler le déficit commercial extérieur, soit 32% des ressources en devises du pays.
Les TRE ramènent avec eux un nombre incalculable de biens matériels de valeur : voitures, camionnettes, électroménager, équipements à caractère industriel… destinés à leur usage personnel mais aussi pour créer de petits projets économiques et des micro-entreprises.
Il y a aussi le financement d’investissements plus conséquents en Tunisie et la création d’entreprises économiques plus importantes, créatrices d’emplois et de richesses.
Il y a également un savoir-faire acquis à l’étranger qui mérite d’être mis à profit dans la mère patrie : entreprises de bâtiment et de travaux publics, sociétés de transport, expériences industrielles et dans la maintenance, sociétés de services informatiques, savoir-faire acquis dans l’agriculture ou l’élevage…
Les hommes d’affaires et les chefs d’entreprises tunisiens installés à l’étranger peuvent être très utiles à leur mère patrie dans la mesure où ils activent leurs relations au profit de l’économie tunisienne et font du lobbying pour leur propre pays, outre le fait de faire bénéficier le pays de leur expérience professionnelle.
Enseignants du supérieur, chercheurs, médecins, ingénieurs et techniciens tunisiens à l’étranger peuvent et doivent transférer leurs technologies au profit des institutions tunisiennes, tout en restant à leurs postes de travail en Europe.
Il faudrait saluer l’initiative prise par la BFPME qui organise cet été un road-show dans quatre villes tunisiennes, destiné à informer et à former les TRE à la création d’entreprises et à la mise en relation avec les institutions de crédit.
Il s’agit de faire connaître aux TRE les possibilités de financement bancaires disponibles pour la promotion de leurs projets.
Il existe plusieurs associations de chefs d’entreprises tunisiens installés en Europe qui devraient être réactivées pour être efficaces et encouragées à développer des actions communes favorables au développement du pays et à l’investissement dans des projets.
Il est évident que les banques tunisiennes manquent d’initiatives et de saisie d’opportunités qui se présentent pour attirer l’épargne des TRE et veiller au financement de leurs projets. Notamment l’épargne en dinars convertibles.
Nous devons et pouvons développer nos exportations agroalimentaires également à travers les réseaux des commerçants tunisiens implantés en France et les centrales d’achat européennes (les Djerbiens et les Ghomrasnis) restés très attachés à leurs traditions : ils constituent un tissu économique et entrepreneurial dense et solide.
Il y a lieu de remarquer que le conseil supérieur de l’émigration qui a été institué de façon laborieuse il y a quelques années, ne semble pas servir la bonne cause ni être activé de temps à autre, pour concrétiser la concertation entre les pouvoirs publics et les différentes composantes de la société civile des TRE à propos des principaux thèmes mobilisateurs pour cette communauté vitale pour l’avenir du pays.

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