Les tunisiens et le sexe : Ce que se disent les hommes entre eux

C'est dans un coin tranquille d’un café de la banlieue nord de Tunis que nous avons réuni un groupe de personnes qui sont amis depuis de longues années pour écouter leurs doléances (les mauvaises langues diront leurs condoléances) à propos de leurs fiancées et de leurs épouses… Édifiant !

Sabri, cadre de banque de 35 ans, marié depuis peu, est le premier à se jeter dans la mêlée : « de par mon métier, j’ai constaté que la règle de base chez les filles d’aujourd’hui qui recherchent un mari, c’est l’argent. Elles sont prêtes à tout si la personne qu’elles viennent de rencontrer est riche et elles ne s’intéressent ni à sa droiture morale, ni au milieu dont il est issu… Parfois on a droit, tout de suite, à une petite « p… » dans la voiture, histoire de bien montrer leurs capacités sexuelles et leur savoir faire,  assez vaste, dans ce domaine ! »

Une opinion que va tenter de tempérer  Mohsen, 37 ans, marié depuis cinq ans, et papa d’un petit garçon : « c’est vrai mais il ne faut pas généraliser. Moi j’ai connu ma femme lors d’un mariage et j’ai constaté qu’elle était très sérieuse, qu’elle voulait fonder un foyer sans passer par des moyens répréhensibles ou condamnables par la morale. Et elle m’a accepté comme je suis, sans exiger ni grande villa, ni voiture de luxe et encore moins des bijoux. Actuellement, nous sommes en train d’améliorer notre situation progressivement… »

Vierges et pures

Mejdi, 33 ans, vaguement fiancé, est beaucoup plus tranchant : « moi j’ai rencontré des dizaines de filles et je suis convaincu que toutes les Tunisiennes sont des garces, qui font les quatre cent coups jusqu’à l’âge de trente ans et qui vont chercher à se caser en jouant les vierges pures, les saintes nitouches… Elles se la jouent Chérifa Bent El Fadhel, comme on dit chez nous ! Mais en faisant cela, elles trompent leurs futurs maris sur le plan physique et moral avant même de se marier ! »

Il faut dire que suite à une petite enquête dans le milieu des gynécologues, nous avons constaté qu’un grand nombre de jeunes filles pratiquent ce que les médecins appellent l’hyménoplastie et que les Tunisiens désignent par le terme de «Khiata » (couture). Il s’agit d’une réfection de la membrane de l’hymen qui donne l’impression que la jeune fille est vierge. Le prix de l’intervention varie entre 800 et 1400 dinars, suivant qu’on veut rétablir l’état virginal pour quelques jours, c’est l’hyménorraphie ou de manière durable, c’est l’hyménoplastie. Ces opérations sont assez brèves, pratiquées sous anesthésie générale et ne nécessitent qu’une demi journée de séjour en clinique.

Silencieux jusque-là, Ahmed, quarante ans et « mal marié » depuis dix ans, comme il se définit,  soupire longuement et déclare : «je pourrais vous raconter des dizaines d’histoires sur les filles d’aujourd’hui, mais celle qu’a vécue un jeune marié à Tabarka est unique. Il venait de se marier et sa jeune épouse, henné et harkous aux mains, l’a accompagné pour une courte lune de miel dans cette belle station balnéaire. Jusque-là, rien d’anormal… »

Après un profond soupir, il ajoute : « voulant faire plaisir à sa dulcinée, il lui offre une ballade en mer sur l’un de ces bateaux pirates qui amusent les touristes. Mais la jeune dame lui annonce qu’elle souffre du mal de mer et lui demande d’y aller tout seul, ce qu’il fait à contre cœur. Entre-temps, la belle, qui était restée en contact avec son amour de jeunesse habitant dans le coin, va l’inviter à venir profiter de l’absence de son légitime époux. Sauf que ce dernier avait décidé de renoncer à son périple maritime et il est revenu dans l’appartement de la résidence. Et là, une grosse surprise l’attendait puisqu’en rentrant, il a découvert sa femme dans les bras de son amant. Cris et hurlements ! Fou de rage, il a failli les tuer sans l’intervention des voisins… »    

Les Tunisiennes ont d’ailleurs une mauvaise réputation dans le monde arabe à cause de faits divers semblables à celui-ci. On raconte l’histoire d’un homme d’affaires originaire du Moyen-Orient qui devait séjourner quelques jours en Tunisie et qui entend sa femme lui demander de l’accompagner. Lui jetant un regard noir, il lui lance : «tu es folle ? Tu veux apprendre la perversité et la traitrise, devenir une dévergondée ? »

Mais parfois les relations au sein du couple sont d’une autre nature, causant d’autres types de conflits. Le problème avec la femme tunisienne n’est parfois pas d’ordre sexuel, mais plutôt relationnel : elle est possessive et trop jalouse, un défaut que l’on retrouve souvent, selon nos interlocuteurs, et cela contribue à créer des problèmes au sein du couple. L’un d’eux affirme même : « Quand une jolie fille passe à la télé pendant que je regarde, elle me dit : elle est plus belle que moi ? » Un autre renchérit : « La mienne n’a pas confiance en elle. Quand je lui dis j’adore aller au restaurant, elle me répond : je cuisine si mal ? Et quand je lui dis tu es très belle aujourd’hui, elle me lance : merci pour les autres jours ! »

Samir, trente cinq ans, et qui n’avait fait que peu de remarques jusque-là, va prendre la parole et oublier de la rendre… « Moi  j’ai une maîtrise en gestion, j’ai un bon travail et un bon salaire… J’étais plutôt à l’aise avant de me marier. J’avais de quoi me payer des costards chics, des restaurants assez souvent, des produits de luxe… Maintenant que je suis marié et père d’une fillette de deux mois, je n’arrive plus à joindre les deux bouts… »

Il continue sur un ton triste : « le pire c’est que ma femme m’en veut. Chaque fois qu’elle va chez ses sœurs ou ses cousines, elle revient en me faisant la gueule et elle me dit : pourquoi tu ne me fais pas de beaux cadeaux comme elles ? Si tu voyais leurs bijoux, leurs parfums ou leurs lunettes signées… Et si l’une d’elles change de salon, je dois moi aussi acheter un salon neuf. Quand je lui dis que je ne peux pas suivre ce rythme de dépenses, elle me dit, leurs maris sont plus virils que toi, comme si la virilité dépendait de la richesse ! Je vis un enfer insupportable. »

Et il conclut : « les femmes tunisiennes changent beaucoup après le mariage. Je ne reconnais plus ma femme. Est-ce la même que j’ai connue à la fac ? Rendez-moi ma douce fiancée ! » Tous ses amis rient en chœur, ou plutôt à contre cœur. Ils semblent tous avoir des problèmes avec leurs douces moitiés, mais ils ont rarement l’occasion d’en parler à cœur ouvert.

Au bout de cette rencontre et après toutes ces confidences, nous avons constaté que de nombreux clichés et autres idées toutes faites persistent encore dans l’esprit de bon nombre de Tunisiens. Mais aussi que les relations au sein du couple sont de plus en plus complexes, avec énormément de non-dits.  

Ce que se disent les hommes entre eux, à propos des femmes, varie en fonction du niveau social, matériel et culturel. Il frise l’indécence dans les couches populaires et il est imprégné d’un vernis fragile fait de considération et de respect chez l’élite…

Et c’est sur une note drôle que s’achève l’après midi quand notre premier intervenant, le banquier, lance : « Moi je propose qu’on ajoute une clause au contrat de mariage qui dirait : Satisfait ou remboursé » !

Yasser Maârouf

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