Une récente enquête d’Emrhod Consulting met en lumière le profond déséquilibre entre les pratiques numériques et culturelles des Tunisiens. Réalisée du 29 avril au 6 mai 2025 auprès de 950 personnes âgées de 18 ans et plus, cette étude révèle une nette domination des réseaux sociaux dans le quotidien des citoyens, au détriment de la lecture.
Selon les résultats présentés par Fathi Ben Abdallah, représentant d’Emrhod Consulting, lors de son passage sur les ondes de Mosaïque FM, les Tunisiens passent en moyenne 61 heures par mois sur Facebook, soit environ deux heures par jour. TikTok suit de près avec 54 heures mensuelles, devant Instagram (47 heures), YouTube (39 heures) et X, anciennement Twitter (27 heures). En comparaison, le temps consacré à la lecture d’un livre n’atteint que 5 heures et 16 minutes par mois.
Les chiffres sur l’achat et la lecture de livres traduisent une pratique marginale. Seuls 11 % des sondés déclarent avoir acheté un livre au cours de l’année écoulée, et 22 % en ont lu un seul. La lecture numérique reste également limitée : 17 % des répondants affirment avoir lu un livre en ligne et 16 % en avoir écouté un en format audio.
Fathi Ben Abdallah attribue cette faible appétence pour la lecture à plusieurs facteurs : le rythme de vie stressant, la montée en puissance des contenus numériques, le coût élevé des ouvrages, mais aussi la priorité accordée à d’autres postes de dépense.
Ces résultats s’inscrivent dans le cadre du baromètre « Promoter du livre et du lecteur tunisien », lancé en 2015. Pour les auteurs de l’enquête, les indicateurs actuels restent préoccupants et appellent à une réflexion nationale sur la place de la lecture dans la société tunisienne. Alors que les écrans captent l’essentiel du temps libre, la question se pose désormais : comment rééquilibrer les pratiques culturelles à l’ère du numérique ?